- Tu aurais dû fuir...
Les mots de Sam étaient saccadés. Il respirait lentement mais sûrement. Dans la pénombre, je distinguai sa jambe allongée.
- Je ne pouvais pas te laisser... Je l'ai fait une fois, et je l'ai regretté. Et j'ai fait une promesse à ta mère.
Je me souvins alors des paroles de celle-ci.
- Et puis... Sam, je viens de revoir ta mère. Elle m'a dit... Que notre heure est proche, et qu'on la reverra bientôt.
- Alors... Tout ce qu'on a fait... Ces derniers mois, j'aurais pu être libre et profiter...
- Ils t'auraient retrouvé plus vite.
Nous nous tûmes, et je savourai ce silence. Tous ces mois, tout ça... Il s'était passé des choses. On aurait pu croire que je regrettais, mais ce n'était pas le cas. Après les mots de Mme Towell, je me sentais bien, en paix. Et je voulais que Sam le soit aussi.
- Nous avons fait ce que nous avons pu, repris-je. Même si ça se termine mal pour nous, je sais que mon père réussira. C'est le Fondateur, après tout.
- Pourquoi tu n'es pas inquiète ?
- Je sais que personne ne viendra nous sauver, et que j'ai fait mon maximum. Je suis passée de bibliothécaire anonyme à fille du Fondateur. J'ai rallié Went à la Résistance. Je t'ai protégé. Je n'ai pas à m'en vouloir pour quoi que ce soit. Et tu devrais ressentir la même chose.
Sam ne répondit pas. Je ne sus que dire pour le convaincre, alors je me tus. Le silence se prolongea, et j'appuyai ma tête contre les barreaux.
C'était à la fois une fin et un commencement. Je le sentais. Mon père arriverait à créer une Résistance, digne de ce nom. Comme s'il avait lu dans mes pensées, Sam me demanda :
- Tu penses que ton père nous sortira de là ?
- Non. Il en meurt d'envie, et il le regrettera peut-être, mais il ne le fera pas. Il ne mettra pas la R... Il ne la mettra pas en danger. Ils ne seront pas là pendant.
Je n'eus pas besoin de me tourner pour deviner qu'il hochait la tête.
- Sam... Je suis désolée. C'est de ma faute si tu es enfermé ici. De ma faute si tu ne sauras jamais qui t'as transformé.
- Tu as déjà beaucoup fait pour moi. C'est fini pour nous, mais peut-être pas pour les autres.
- Oui, je suis d'accord.
J'étais surprise qu'il l'accepte maintenant, alors que quelques secondes plus tôt il n'y parvenait pas.
- Tu crois qu'on reverra ma mère ?
- Probablement. Au moins, on ne sera pas seuls.
- Ouais.
Sam se rapprocha alors, et se colla aux barreaux de sa cage, soit juste derrière. Je sentis sa main se coller à la mienne, et nous nous la tînmes.
Ce fut ainsi qu'on vint nous chercher pour l'exécution.
- Ensemble, me chuchota Sam.
- Ensemble, répétai-je.
On rentra dans nos cages et on nous attacha les poignets avec des menottes. On nous poussa brutalement hors de la pièce, lui devant, moi derrière.
La lumière de dehors m'aveugla, et ne voyant plus rien, je trébuchai. J'entendis les cris furieux avant de enfin les voir. Les personnes qui s'étaient déplacés pour assister à notre mort hurlaient contre nous, et nous envoyèrent des fruits pourris. Je les regardai droit dans les yeux et avançai la tête haute. Certains eurent visiblement l'air surpris, mais d'autres continuaient plus forts encore.
Je tournai la tête et vis les poteaux qui allaient nous accueillir. On nous attacha à un poteau chacun et je fixai Sam durant tout ce temps là. Il faisait tout pour masquer sa peur, ses traits durs et sa mâchoire serrée.
- Ensemble, lui lançai-je.
J'ignorai s'il m'avait entendu avec les personnes, mais il me regarda. Je lui fis un signe de tête, auquel il répondit, puis il parcourut les gens du regard et inspira un coup.
Le silence se fit, et j'entendis Carolyn faire un discours pour annoncer notre exécution, mais je n'écoutai pas. Je continuai de me tourner vers Sam, et il fit de même.
- Avez-vous des dernières paroles ?
La phrase de Carolyn me fit tourner la tête vers les personnes, et je prononçai, avec l'assurance possible :
- Vous vous trompez. Vous vous trompez tous. Ce gouvernement vous manipule depuis le début. Il organise des missions destinés à tuer nos semblables. Mais je vous pardonne tous. Vous êtes juste ignorants. Je m'appelle Aileen Weller, je suis une descendante des Xerus et je suis fière d'être ce que je suis.
J'eus du mal à finir mon discours tant les cris avaient repris, mais je remarquai que tout le monde ne le faisait pas. Plusieurs m'écoutaient, même si du mépris se lisait sur leurs traits. Oui, ils ne comprenaient pas. Mais un jour, ils comprendront. Ils se soulèveront. J'espérais juste que ce ne sera pas trop tard.
Sam n'avait rien à dire. Je ne vis pas les gens s'avancer avec leurs fusils, mais je sentis la fébrilité dans la foule. Je refusais de leur donner satisfaction et de les regarder. Avec Sam, nous gardions nos yeux rivés les uns dans les autres.
- Ensemble.
Il hocha la tête.
- Ensemble.
J'entendis les hommes charger leurs fusils. Alors je me tournai vers eux, en même temps que Sam, et je leur souris. Un grand sourire joyeux, comme si j'étais heureuse de mourir.
Et les coups partirent.
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Half werewolf (terminé)
Lobisomem《 Vous êtes mi-humaine, mi-loup-garou. Ce qui vous rend plus sensible. Vous pouvez mourir comme une humaine, contrairement aux loups-garous qui sont presque indestructibles. De plus, comme tous les loups-garous, vous pouvez vous transformer quand vo...