Chapitre 40 : Morsure

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Went avait inventé une excuse toute faite à Balir pour justifier le fait que je restais. Je n'avais plus l'intention de chasser, mais ça, je l'avais avoué à personne.

J'ignorai si je pouvais vraiment faire confiance à Amy et Mick. 

Je n'avais plus revu mon père, et Went ne me disait rien concernant les réunions hebdomadaires. Quant à Garrick, je ne le croisais plus. J'ignorai même s'il était toujours là.

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis, et je me contentais de courir dans la forêt. Ma jambe me faisait de moins en moins mal.

Je tentai de reproduire cette sensation que j'avais senti quand j'avais couru pour rejoindre la meute et tenter de sauver Sam. Quand j'étais plus rapide qu'avant, mais rien ne s'était passé. Impossible de recommencer. 

Les jours se succédaient, ils se ressemblaient tous. La seule chose qui changeait, c'était ma haine qui augmentait envers le Gouvernement.

Et j'ignorai toujours où était Sam. Il devait se cacher, mais où ? Pourvu qu'il soit en sécurité...

Parfois, quand je m'y attendais le moins, il m'arrivait de ravoir des souvenirs de nous étant enfants.

Quand on fêtait halloween, et qu'il me faisait croire qu'il était l'Homme Invisible, alors qu'il était resté tranquillement chez lui. Quand on faisait des concours de dessins pendant les cours les plus ennuyeux. Quand on regardait des films pendant presque toute la nuit. Quand il me racontait des histoires d'horreur. Une fois, j'avais eu tellement peur que j'étais partie m'enfermer dans les toilettes jusqu'au lendemain.

On était si insouciant à l'époque. On ne pensait pas à tout ça. Comment ça avait pu changer autant ?

Comment on avait pu être aussi naïf ?

Tout était trop silencieux. Je ne m'en rendis compte que maintenant. Les oiseaux s'étaient tus, il n'y avait plus le moindre souffle d'air. Tous mes sens à l'affut, je me mis en position de défense et sentis l'air autour de moi. Aucune odeur. Pas le moindre animal. Rien.

Je vis soudain un mouvement sur mon côté. Je bondis aussitôt. Je reconnus l'odeur. Sam.

Il filait le plus vite possible, mais quelque chose clochait. Il était... Lent. Et j'avais l'impression qu'il boitait. Il n'y avait personne d'autre autour, mais je ne me détendais pas pour autant. Qu'est-ce qu'il fichait ici, bon sang ? En plein jour ?

Soudain, il disparut. Je savais qu'il avait grimpé à un arbre.

Je le voyais à présent. Les yeux exorbités, le teint affreusement pâle, les cheveux gras, il semblait sortir de la tombe. Il se tenait le bras, où une morsure semblait presque l'avoir arraché. Mais elle ne se refermait pas.

- Dégage de là ! hurla t-il. 

Il ne m'avait pas reconnu. Alors je me rechangeai en humaine. Ses yeux s'écarquillèrent. Il semblait sur le point de s'évanouir.

- Qu... Aileen ?

- Tais-toi et descends. Viens sur mon dos.

- Quoi ?

Il semblait complètement perdu.

- Obéis, bon sang !

Il hésita, puis redescendit de l'arbre. Je me retransformai en loup. Il prit tout son temps pour s'asseoir sur mon dos, je le sentais encore hésitant, mais je n'attendis pas qu'il se rassure et fonçai. Il s'accrocha maladroitement à mon pelage. 

Je ne savais pas où j'allais jusqu'à que la cabane apparut. Je sentis une pointe de culpabilité à l'idée de demander une chose à mon père, mais c'était pour la vie de Sam. J'attendis qu'il descendit et me changeai en humaine. Je partis sur la droite et comptai quatre arbres avant de me retrouver devant le bon. Je grimpai sur deux mètres avant de repérer la branche où étaient suspendues les clés de la cabane. Je les attrapai et courus jusqu'à la cabane.

J'ouvris la porte et vis Sam. Il était livide et j'eus tout juste le temps de le rattraper qu'il tombait.

- Aileen... Va t'en... Manger...

La situation me frappa de plein fouet. Il avait faim. Il était affamé.

- Rentre d'abord.

Je l'aidai à rentrer, il essayait de se dégager mais était trop faible pour résister.

Je refermai la porte à clé derrière nous et baissai tous les rideaux. 

Sam s'affala sur une chaise. Il semblait résister. 

- Aileen... Va t'en... J'ai faim... Je pourrai te faire du mal...

- Je vais chercher à manger, d'accord ? Dis-moi juste ce qu'il te...

Il m'interrompit en ricanant.

- Toi, chasser ? Tu détestes "faire du mal aux animaux"...

- Les temps ont changé, répliquai-je, les dents serrés pour contenir mes larmes. J'en suis capable.

- Il te faudra tuer au moins une cinquantaine de bêtes... 

- Alors, qu'est-ce que je peux faire ?

Le désespoir transparaissait dans ma voix. Il ne tiendra pas le soir si je ne fais rien.

Il ne me restait qu'une solution. J'étais prête à la prendre. 

Dans les films, rien n'était plus efficace que le sang humain pour les vampires. 

Je jetai un coup d'oeil à ses blessures. Il fallait d'abord s'occuper de ça et profiter du fait que Sam soit faible pour le soigner. 

- Comment tu t'es fais ça ?

- Tes copains les loups-garous, il y a une semaine. Heureusement, ils ont senti que tu arrivais et j'ai réussi à m'enfuir. Les morsures de loups-garous ne peuvent guérir que par leur sang...

Il se tut, vidé de toute énergie. Il ne sembla pas s'apercevoir que je m'étais approchée et sursauta quand il me vit m'agenouiller à quelques centimètres de lui.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Il essayait de résister, mais avait de plus en plus de mal.

- Va s'y, chuchotai-je. Je sais que tu as faim. Je suis mi-humaine, mi-loup, tu te rappelles ? Tu en as besoin.

Il secoua la tête, les yeux écarquillés, fixés sur ma jugulaire.

D'un coup, ses défenses s'effondrèrent et m'attrapa avec une force stupéfiante pour le peu d'énergie qu'il avait et planta ses crocs dans mon cou.

La douleur était moins intense que je l'aurai cru. C'était comme une piqûre. 

Je savais que j'allais mourir, parce qu'il ne savait se contrôler, mais je l'avais accepté. J'avais promis à Lyn de veiller sur son fils, et je l'avais fait. Jusqu'au bout. 

Je fermai les yeux et des souvenirs m'envahirent.

Sam en train de m'offrir un vélo pour mon anniversaire. Sam en train de gagner à la course contre moi. Sam et moi dans sa chambre, en train de parler chansons.

Tous ces souvenirs que nous avions. Tout ce que nous avions vécu. J'aurai été incapable de lui faire du mal.

La douleur devenait de plus en plus aigu et je commençais à me sentir fatiguée. Elle commença même à devenir insupportable. Je commençai à voir flou.

Soudain, Sam recula. Je ne compris qu'à l'instant d'après qu'il était assommé.

Mon père, une pelle à la main, me dévisageait.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?





Half werewolf (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant