Monsieur

Chapitre 2 : Changement de place

BIP BIP BIP BIP....

J'arrêtais mon réveil et passais quelques minutes sur mon portable comme chaque matin. Ces minutes sont dangereuses, combien de fois ont-elles été la cause de mes retards en cours?
Après un certain temps je me levais difficilement de mon lit et me préparais. Je m'habillais d'un jean taille haute noire et d'un pull vert, je pris ensuite le nécessaire avant de partir en cours.

J'arrivais à mon collège avec quelques minutes de retard, malgré le fait que j'habite seulement à dix minutes à pied de cet établissement.

En montant les escaliers pour rejoindre le bureau de ma C.P.E, je pensais aux autres collégiens de l'autre côté de la terre, des collégiens se trouvant dans de magnifiques établissements avec de merveilleux amis, des parents toujours présents, de bons délires. J'avais envie d'être à leur place, je voulais être l'étudiante dans les films qui n'a jamais de problèmes et quand elle en a, tout fini par s'arranger.
Dans mon cas, rien ne s'arrangera, je suis sûre que Jeanne et Paul ne m'ont jamais vraiment appréciés, avec du recul je remarque que j'étais juste leur bouche-trou.

La C.P.E m'invita à m'asseoir une fois dans son bureau tandis qu'elle fermait la porte. Elle s'installa ensuite en face de moi et pianota je ne sais quoi sur son ordinateur.

- Tu ne m'as jamais vu ? Me demanda-t-elle en remarquant que je la fixais.

Après une dizaine de minutes, elle me donna mon emploi du temps, la liste de mes profs, mon carnet de liaison et elle termina en me disant :

- Voici ton excuse, là tu as Mathématique avec ton nouveau professeur principal en salle 413 !

Je regardais la liste de mes profs et vis que ce nouveau se nommait « Baptiste Pred ».
Pff quel nom pourri. Je pris le mot qu'elle me tendait, la remerciais et partis. Sur la feuille je lisais :

Bonjour, veuillez accepter cette élève nommée Alice Wayn, elle était avec moi, elle n'a pas pu faire sa rentrée hier et fait donc partit de la classe dont vous êtes professeur principal.

Bien cordialement, Amandine.

Suivi de sa signature et du tampon attestant la validité du mot.

Plus je m'approchais de la salle de ce M.Pred et plus j'avais envie de disparaître, sans trop savoir pourquoi un léger frisson parcouru mon être.

Une fois devant la salle 413, comme pour me donner du courage, je pris une grande inspiration et toquai. Un homme plus ou moins banal, ouvrit la porte.

- Oui bonjour ?

Je lui tendis la feuille, il la lut et me dit :

- D'accord, mais je n'ai pas cours avec vous maintenant, à cette heure-ci tu dois être en 316 avec ton professeur de français

J'entendis sa classe se foutre de moi, vraiment magnifique ma rentrée n'est-ce pas ? Sincèrement, elle ne pouvait pas ne pas se tromper cette conne de C.P.E ?

- Langage s'il te plait et toi tu ne pouvais pas mieux regarder ton emploi du temps ? Me demanda-t-il en fronçant légèrement ses sourcils.

Le temps que je réalise ce qu'il venait de me dire, il me claqua la porte au nez.

Ok, sympa ce nouveau prof...

En voulant me rendre en français, la sonnerie retentit annonçant la fin du cours. Je me rendis donc en salle de technologie. Le cours passa très lentement, j'avais raison, Jeanne et Paul étaient bien dans ma classe, ils rigolaient bien ensemble, ils se sont placés vraiment loin de moi, à croire que j'avais la peste. Ils ne cessaient de me narguer, du moins c'est l'impression qu'ils me donnaient.

J'étais avec un groupe de mec qui discutaient entre eux, ignorant totalement ma présence, une prof qui faisait son cours dans le vide , car ma classe s'était soudainement transformée en un pub irlandais avec tous ces bavardages.

Premier jour et c'est déjà le bordel, incroyable.

À la fin de l'heure, alors que je montais les escaliers pour rejoindre le CDI, j'entendis quelqu'un m'appeler, je me retournai mais il n'y avait personne, j'aperçus les silhouettes de Jeanne et Paul cachés derrière un mur, ils m'appelèrent de nouveau mais je ne m'occupais pas d'eux.

Et après c'est moi que l'on traite d'immature ?

J'ouvris rapidement la porte du C.D.I mais fis bien vite demi-tour lorsque je constatais la présence de tant d'élèves, rester ici parmi eux me donnerait l'impression d'être compressée.

La sonnerie retentit encore une fois : fin de la pause.

Je n'aime pas mon quotidien vous voyez cette routine si soporifique? Se lever tôt, venir au collège, pour ma part sans amis, rester assise sur une chaise à suivre un cours de 55 minutes, enchainer avec un autre cours, attendre que la pause se termine, se ranger, re-partir en cours...
Un surveillant cria d'aller se ranger, je soupirai et finalement rejoins le rang des 3e4.

Monsieur Je claque des portes aux nez de mes élèves  ne tarda pas à arriver. Je ne compris pas vraiment pourquoi les filles le regardaient en gloussant. Son seul charme ce sont ses yeux bleus ça s'arrête là. On partit donc pour deux heures de Mathématique, putain quel enfer.

Une fois dans sa salle, tout le monde se plaça à deux sauf moi bien évidemment qui m'installais toute seule au fond de la salle, côté fenêtre. Le fond c'est le meilleur endroit pour foirer son année.
Le prof regarda la classe bruyante et s'arrêta sur moi, il semblait pensif. Quand il  redescendit sur terre, il annonça d'un ton autoritaire :

- Paul tu viens devant et Alice à côté de Paul, j'veux que votre table soit en face de mon bureau !

Malgré ma forte envie de me plaindre, de contester sa décision, de lui demander quelles étaient les raisons qui l'ont poussées à effectuer un tel changement de place, je me retins et me plaçais devant avec Paul.  Il faut que je me fasse discrète en ce premier jour.

On sortit nos affaires silencieusement, cela me faisait tellement bizarre de me dire qu'autrefois nous étions amis, que nous partagions presque tout mais que maintenant, nous nous comportons comme deux étrangers.
Je n'existe plus pour lui et lui non plus pour moi. C'est peut être mieux ainsi finalement.

Mon professeur se présenta rapidement, il expliqua le programme de cette année puis on commença le cours.
Un silence total régnait sur la classe en dehors des quelques toux perturbateurs. Le prof se leva, mit ses mains dans ses poches et commença sa ronde dans la classe pendant que l'on faisait les exercices qu'il venait de nous donner. Au bout d'un moment, je sentis une présence derrière moi, en voulant me retourner il me dit à voix basse :

- Ne te retourne pas, continue à écrire...Si tu veux savoir pourquoi je t'ai placé ici c'est pour éviter que tu ais la tête dans les nuages et que tu sois plus attentive en cours

Ça discute beaucoup en salle des profs dis donc, je me demande bien quel professeur à pu lui donner une telle image de moi en ce premier jour officiel de cours ? Dans tous les cas ce n'est pas de cette manière qu'il m'empêchera de "rêver" comme il le dit.

(M.Pred en Média)