Monsieur

Chapitre 18: Sauve moi

Ma journée venait tout juste de s'achever, et pour une fois elle s'est déroulée sans encombre. Je me sens beaucoup moins angoissée lorsque Jeanne et Paul ne sont pas aux alentours. Certains professeurs étaient surpris du fait que je participe en classe avec les bonnes réponses, du fait que je travaille et que je cherche à comprendre en posant des questions. J'avais simplement besoin d'être loin de ceux qui faisaient de mes journées de cours un enfer, j'espère qu'ils l'ont enfin compris maintenant.  Alors que j'attendais dans le hall de mon établissement l'arrivée de mon père, je croisais Jeanne et Paul qui venaient tout juste de sortir de la cantine. Ils semblaient dépités de leur premier jour de T.I.G.

-Franchement je pourrai pas bosser dans une cantine, elles sont toutes grosses et moches et en plus en fin de journée elles puent, c'est pas fait pour moi ! Dis Jeanne.

-Oh mais regarde qui est la ! C'est celle qui nous a mis dans la merde ! Bah alors Alice ! T'es toute seule ? Dit Paul en me remarquant.

Je ne répondis rien, je ne pris même pas la peine de relever ma tête, j'espérais juste qu'ils ne me fassent pas de mal.

-Ton tour va arriver Alice, n'oublies pas que nous nous trouvons dans la même classe et que dans une semaine nous serons de retour

-Pour te jouer de très mauvais tours ! Ajouta Jeanne

-Jeanne attends moi là faut que j'aille pisser 

-Ok vasy 

Paul s'en alla me laissant seule avec Jeanne, de quoi intensifier ma peur.

-Bah alors t'as perdu ta langue Alice?

Je ne répondis rien

-Tu sais ma belle, tout ce que tu fais ça ne sert à rien, tout le monde verra toujours ton mauvais fond parce qu'entre nous, c'est toi la pire personne, tu le sais très bien fais pas l'innocente. La seule différence est que toi tu kiffes qu'on ait pitié de toi, uniquement pour attirer l'attention, alors que moi ce n'est pas le cas. On a tous remarqué ce que tu essayes de faire avec Pred, crois moi t'es ridicule tu devrais arrêter, il n'est pas fait pour toi

-Il est surtout EN COUPLE Jeanne ! M'emportai-je, ne pouvant me retenir plus longtemps

-Mais qu'est ce que t'en sais?

-Je le sais c'est tout

-Je vois pas pourquoi je devrais croire une meuf comme toi

 Paul revint bien vite, et alors qu'il s'apprêtait à partir, ce dernier fit demi tour et me dit :

-Ah j'oubliais

Il me versa une partie de l'eau sale utilisée pour nettoyer le sol du couloir. Il en avait rempli sa  bouteille avant de renverser son contenu sur moi. Ils partirent ensuite en explosant de rire. Je tentais de me rassurer en me disant qu'au moins je n'ai pas subi de violence physique, je n'ai donc aucune raison de me plaindre. Toutefois les larmes me montèrent bien vite. Un début de crise d'angoisse me gagna mais je fermais les yeux en commençant à penser à Monsieur Pred. 

J'ai besoin de lui maintenant....

-Alice ?

J'ouvris les yeux pour faire face à mon professeur d'Histoire, Monsieur Monloso. Je me levais en m'excusant et quittais rapidement l'établissement.
Je me rendis dans un coin éloigné de tous et me mis à hurler, je criai jusqu'à m'en déchirer les poumons. J'arrachais les feuilles des arbres, me tirais les cheveux avant de prendre un grand bol d'air frais. Je me recroquevillais ensuite près d'un mur.

-J'ai juste besoin qu'on me sauve. Dis-je finalement à moi même

Après quoi, je m'endormis sans vraiment m'en rendre compte.