Chapitre 120: Dura lex, sed lex

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J'étais assise sur la table de ma cuisine, avec ma mère, mon père, Marc et Luc  qui avaient forcément racontés tout ce qui c'était passé.  De plus, le policier qui m'a soulé avec ses questions ce midi, me reposait des questions auxquels je ne répondais pas.
On attendait tous l'arrivée de Baptiste et ses parents, j'ai peur, je n'arrête pas d'agiter mon pieds, mais je suis aussi pressée de le revoir.

- Bon écoute Alice si tu me mens on ne s'en sortira pas ! Depuis quand entretiens-tu une relation avec ton ancien professeur ?

C'est fou la facilité qu'il a eu pour passer du vouvoiement de ce matin au tutoiement de maintenant ! Je ne lui répondais rien car Baptiste aurait des problèmes si je disais la vérité et si je mentais, la vérité se saurait tôt ou tard. Malgré ça, j'avais une forte envie de faire comme dans les films.

- Je ne répondrai qu'en présence de mon avocat. Lui répondis-je en soupirant

Mes parents sourirent alors que le policier riait en me répondant :

- Mais en fait tu as juste besoin de la présence de tes parents, après si tu tiens vraiment à avoir une avocate il y a ta mère

- Ha oui

- Allez, répond à mes questions s'il te plait

- Je peux pas l'attendre ?

Il soupira et regarda mes parents qui hochèrent les épaules, au même moment, on sonna à la porte, je me dépêchais de partir ouvrir, ma joie disparue bien rapidement quand je vis Baptiste, Matthieu, Mathilde, l'oncle, le père, la mère...Je vais devoir m'exprimer devant tout ce monde ?
Son père me regarda de haut en bas d'un air hautain, je les laissais entrer, son père et son oncle furent les seuls à ne pas me saluer.
Pfff vous entrez dans ma propriété sans me dire « bonjour », si j'avais du cran je les aurais déjà viré de chez moi, c'est une question de politesse.

Après avoir fermé la porte je les rejoignis dans la cuisine.
Pendant qu'ils saluaient mes parents je partis m'asseoir, Baptiste eu le malheur de se placer à côté de moi, son père lui lança un regard des plus meurtriers  et c'est finalement Mathilde qui prit sa place.

Baptiste et moi nous lâchions pas du regard, je voyais la tristesse et la souffrance dans ses yeux, il ne m'a donc pas oublié, il m'aime encore, qui l'aurait cru ?
Le père de Baptiste, grand homme aux cheveux grisonnants, prit bien vite la parole :

- Écoutez moi, je n'ai pas du tout envie que cette histoire s'étale partout, je tiens à notre réputation et...

À ma grande surprise sa femme cria :

- NOTRE FILS A DES PROBLÈMES ET TOI TU NE PENSES QU'À NOTRE RÉPUTATION ?

-Calmez-vous s'il vous plait, ça ne sert à rien de s'enerver, Monsieur nous comprenons que vous ne voulez pas que l'histoire de votre fils s'étale, mais Dura lex, sed lex

- Il a raison...La loi est dure mais c'est la loi. Répondit l'oncle de Baptiste

-On ne peut pas trouver un arrangement ? Demanda le père de Baptiste

- Non !

- Nous par contre nous ne voulons pas porter plainte. Annonça mon père

- Pardon ?

- Attendez je reviens. Dit ma mère qui partit en courant.

- Nous ne voulons pas porter plainte...S'il avait fait du mal à ma fille d'accord mais...

Ma mère revient avec son code pénal et marmonna « Article 227-7, article 227-7...Article 227-7 »

- Que dit cet article ? Demanda Matthieu intrigué.

Après avoir rapidement parcouru les lignes, ma mère répondit en fermant son bouquin :

- Qu'il n'y a pas de détournement de mineur, le détournement de mineur c'est quand une personne majeur soustrait une personne mineur de l'autorité de ses parents

Le policier nous regarda perplexe puis demanda :

- Vous avez commencé votre relation alors que vous étiez toujours dans le même établissement non ?

- Bah non j'ai attendu qu'elle quitte le collège avant de lui faire part de mes sentiments. Répondit Baptiste

- Si ma fille avait fugué et qu'il l'avait accueilli chez lui sans nous prévenir là ça serait un exemple de détournement de mineur

-Bon merci je sais ce qu'est un détournement de mineur quand même ! Mais lorsque vous étiez son enseignant elle s'est déjà rendu chez vous sans que ses parents ne le sachent ?

Baptiste allait répondre et au vue de sa tête, j'étais persuadée qu'il aurait dit la vérité cet imbécile, je répondis donc à sa place :

- Non mais faut pas abuser ! Lui par contre il se rendait ici pour parler avec ma mère comme je vous l'ai dit ce matin et des fois m'aider en Math mais c'est tout

- Je vais tout de même poser quelques questions à Baptiste en privée

Baptiste se leva et se rendit au salon avec le policier avant de fermer la porte. Le père de Baptiste était vachement énervé, Mathilde me fit un sourire rassurant.

- Votre fille ne doit plus s'approcher de mon fils, si c'est pour le faire passer pour un pédophile non merci ! Ce n'est que de l'attirance pas de l'amour ! On ne mange pas de ce pain chez nous. Commença son père.

- Il est évident que nous n'allons pas laisser Baptiste et Alice rester ensemble même si l'affaire se règle, tout ça ne doit pas se reproduire, par contre, à vous de faire votre part de boulot. Dit ma mère

- Euh mais...Hein ? Demandai-je quelque peu boulversé.

Ma mère me regarda et me dit avec froideur :

- Tu crois vraiment que je vais te laisser poursuivre ta relation avec ton ancien enseignant ? Tu as suffisamment rêvé Alice, je t'ai défendu pour te protéger, j'aime bien Baptiste, il fait partit de la famille mais pas autant

Je me levai et montais dans ma chambre en pleurs.
On sera de nouveau séparé, comment j'ai pu me permettre de croire un seul instant que mes parents ne s'opposeraient pas à notre relation, je suis vraiment stupide.
Parmi tous les garçons d'à peu près mon âge pourquoi a-t-il fallut que je tombe amoureuse de mon prof de Math ? Des fois, je me dis tout de même que tout est écrit, si les choses devaient se passer ainsi alors elles se passent ainsi. Un jour peut-être que je serai de nouveau heureuse avec quelqu'un d'autre.
Ma porte s'ouvrit, plusieurs pas se firent entendre. Je relevais ma tête et Matthieu, Mathilde et Baptiste s'assirent à côté de moi.

- Non mais pleure pas Alice, dis toi que nous on ne s'opposera jamais à votre relation

- Oui même moi, malgré ce que j'ai pu dire et faire, dis toi que je ne m'opposerais jamais à votre relation.

Ils continuèrent donc à me rassurer, à me remonter le moral. J'étais tellement heureuse

MonsieurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant