Chapitre 1

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     Si la cité d'Ysméria était réputée pour être l'une des plus belle du pays, aujourd'hui elle me semblait plus splendide encore.

     Ma famille et moi venions tout juste d'arriver et déjà l'excitation nous faisait trembler d'impatience. Mes sœurs en particulier ne tenaient plus en place. Dès notre sortie du train, les jumelles, Esther et Rowan, n'avaient cessé de se chamailler. Rowan n'arrêtait pas de s'agiter, désireuse de ne rien rater de ce qui l'entourait alors qu'Esther admirait la ville avec plus de retenue, prenant note de tout ce qu'elle voyait dans ce petit carnet qui ne la quittait plus. Mais même la beauté des lieux n'aurait pu apaiser son agacement grandissant face au comportement de sa sœur.

     Mais calme-toi bon sang ! s'exaspérait-elle alors que notre père hélait un taxi.

    – Je ne peux pas, rétorqua Rowan, son enthousiasme prenant le pas sur les railleries qui lui brûlaient la langue.

     Accrochée aux jupons de notre mère, Acanthe demeurait la plus calme de notre fratrie, observant ce qui l'entourait avec attention. Dans ses yeux gris, il me semblait lire une certaine appréhension. Je passai instinctivement une main dans ses boucles blondes. Elle se tourna vers moi, les lèvres serrées.

     – Tout va bien, lui assurai-je.

     Et la fillette me rendit un sourire timide.

     – Je n'arrive pas à croire qu'on est à Ysméria ! s'extasia encore Rowan en tournoyant sur elle-même. Et pour la Première Vague en plus ! Dis maman, on pourra assister à la fête, pas vrai ? demanda-t-elle en se tournant vivement vers notre mère.

     – La Sirène ne partira que demain, répondit notre mère en examinant le dépliant qu'on nous avait distribué à notre arrivée. Nous aurons donc le temps d'y assister.

     Rowan exulta. À côté d'elle, Esther grimaça un peu plus et détourna les yeux. J'eus un sourire en les regardant. Aussi différentes que semblables.

     Quelques minutes plus tard, alors que les jumelles étaient sur le point de s'écharper – une sombre histoire de carnet dérobé – un taxi s'arrêta enfin devant nous. Le chauffeur, un petit homme aussi haut que large en sorti pour nous saluer, un sourire jovial aux lèvres.

     – Bien le bonjour ! s'exclama-t-il en se dandinant vers nous. Vous êtes là pour la Première Vague ?

     – Presque, sourit ma mère en s'approchant. Nous embarquons ce soir à bord de la Sirène.

     Le bonhomme siffla et son abracadabrante moustache frémit

     – Bien, bien, alors vous faites partis de ces chanceux ! Vous allez voir, notre Sirène est un véritable petit bijou ! Le premier de sa génération ; plus de trois ans de travail de rénovation et deux ans de préparation, vous n'allez pas être déçu !

     Et à voir la passion faire briller ses prunelles, je n'en doutais pas.

     Alors que le chauffeur et notre père tentaient de faire rentrer toutes nos bagages dans le coffre, je ne pus m'empêcher d'admirer le véhicule. Après le train, c'était le deuxième engin mécanique dans lequel je montais. Avec toutes ces innovations importées des Terres d'Éther, je me demandais ce qui nous attendait au port, si la Sirène, ce splendide navire dont on ne cessait de vanter les mérites avait fini barder de cette mécanique complexe. Avait-il seulement encore des voiles ou avaient-elles été remplacées par ces mêmes moteurs qui ronronnaient sous le capot du taxi ?

     Une fois les bagages rangés dans le coffre, le chauffeur nous invita à entrer. Un peu à l'étroit à l'arrière du véhicule, nous demeurions aussi souriants et enthousiastes que si de rien n'était. Nous avions tous hâte de découvrir la Sirène et de monter à bord.

De Vague et d'EcumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant