Chapitre 5

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     Il faisait sombre. Je ne voyais rien. Il faisait froid.

     Des murmures me parvenaient. Des dizaines, des centaines. Ils venaient de partout et nulle part à la fois. Ça m'entourait. Leurs voix comme une seule venue des profondeurs mais dont l'écho ne cessait de me parvenir.

     Les mots s'entremêlaient. Je n'en comprenais pas le sens. Mais un nom revenait. Clair, fort. Comme emplit de rage et d'une haine féroce. La voix l'exécrait, le crachait, le vomissait.

     – Cassius... Cassius...

     Je me sentais étrange, légère comme une plume. Et je pivotais, virevoltais. Il n'y avait ni haut ni bas. Et tout était si sombre... Et ces murmures qui persistaient à mon oreille...

     Quelque chose attira mon regard. Une lueur. Je la voyais. Je la sentais. Et quand je me retournai enfin, je me figeai. Des frissons me parcoururent tout entière. Deux yeux, immenses iris pourpre brillant d'une folie meurtrière. Un sourire qui s'étirait, large, trop large et plein de dents acérées. Et les murmures se changèrent en rire, faisant monter des sueurs froides tout le long de ma colonne.

     Je battis des bras et des jambes, muette, essayant de fuir ce rire qui semblait me poursuivre et ces yeux qui ne me quittaient pas. Je me sentis tiré en arrière, brusquement, presque douloureusement, comme si on m'arrachait à cet endroit.

     Le rire se transforma en menace puis en cris. Mais je n'entendais plus que des borborygmes indistincts.

     Et quand j'ouvris les yeux à nouveau, je me trouvais de retour dans la chambre de ma cabine, haletante. Acanthe dormait toujours paisiblement à mes côtés alors même que je m'étais tant retournée dans les draps que j'avais réussi à m'y entortiller. Et alors que je reprenais mon souffle, chassant ces horribles images, ces murmures qui me hantaient toujours au réveil, je vis l'aube se lever doucement. 

De Vague et d'EcumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant