Épilogue

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     Le bord de mer était splendide. J'adorais m'y balader, observer l'horizon. Une brise souffla, je m'arrêtai un instant, admirant le soleil se refléter sur l'océan. Tout était si calme... Je n'entendais que le murmure des vagues sur le sable, son ressac régulier, son écume pétillante.

     J'y plongeai les pieds, savourai la fraîcheur de l'eau.

     – Huit mois... murmurai-je au vent. Comme le temps me semble long...

     Je me détournai et poursuivis mon chemin, savourant la sensation du sable humide sous mes pieds.

     Cela faisait huit mois que Cassius avait disparu et son souvenir ne me quittait pas, me hantant du matin au soir. Il me manquait tellement...

     Après avoir regagné les terres de Ventis, je n'avais cessé de penser à lui. Mon humeur n'avait fait que s'assombrir jour après jour à tel point que mes parents et mêmes nos voisins finirent par s'inquiéter. Je n'étais définitivement plus la même et mon pays m'ennuyait encore plus qu'avant. Je ne trouvais plus d'intérêt à rien. Mes anciennes passions ne m'égaillaient plus, travailler avec papa à la boutique non plus. Tout me déprimait, plus rien ne m'enchantait, même mes anciennes passions, travailler avec papa à la boutique. Plus rien ne me semblait avoir la moindre saveur. Sans lui, ma vie n'avait plus d'attrait, sans lui je me sentais vide à l'intérieur.

     Alors, quand au matin du dixième jour après notre retour, j'avais fini par demander à rejoindre les Terres de Typhon, mes parents ne s'y opposèrent pas. Ils voyaient bien que Ventis ne me convenait plus et me proposèrent même de m'accompagner à Ysméria pour m'aider à m'y installer. En cela je leur en étais on ne peut plus reconnaissante. Leur bienveillance me touchait et les quitter m'attristait énormément, mais je ne pouvais plus vivre là-bas, c'était impossible. Tout y était bien trop silencieux. Le bruit des vagues me manquait, son ressac régulier, le vent qui soufflait la pluie. Tout ce qui pouvait me rappeler Cassius, tout cela me manquait.

     Au début, je ne me sentais pas vraiment à mon aise. Ysméria bourdonnait tellement de vie que je me sentais mal rien qu'en traversant la rue pour aller au marcher. Mais, avec le temps, j'avais fini par me faire à l'activité incessante de la ville. J'y avais même pris goût, plus ou moins. Son agitation constante me rassurait, m'apaisait.

     Le fait de retrouver Marie-Morgane et l'équipage de la Sirène m'avait beaucoup aidé à surmonter mes angoisses. Le bateau avait été complètement retapé et, comme je l'avais supposé, les croisières ne furent plus aussi longues que la nôtre.

     Mon amie avait semblé la plus heureuse du monde de me revoir. Avec les autres membres d'équipage, elle m'avait même organisé une fête de bienvenue pour célébrer mon emménagement à Ysméria. Les jumeaux s'y étaient donné à cœur joie. Et pendant tout le long de la fête, l'absence de Murphy me pesa plus que tout autre. Comme il aurait été ravi de participer... Je l'imaginais danser et chanter, faisant tournoyer Marie-Morgane jusqu'au bout de la nuit. Au plus haut des réjouissances, il m'avait semblé voir son regard s'assombrir. Elle aussi pensait à Murphy, son souvenir ne la quittait pas et j'ignorais où elle pouvait bien trouver la force de continuer à avancer. Pour ma part, j'avais l'impression de bouger au ralenti.

    Peu de chose avaient changé après mon départ de Belhart. Marie-Morgane se plaisait toujours autant à voguer avec sa troupe de joyeux lurons et son père. Je les accompagnais souvent jusqu'au port et les regardai s'en aller pour de beaux voyages. Ils ne croisèrent plus d'avarie d'aucune sorte, ni de monstre marin. La Sirène voguait enfin au calme, pour le plus grand bonheur de l'équipage, des passagers, mais surtout de la compagnie qui devint rapidement la première grande compagnie de croisière de tout le continent. Il m'avait même semblé entendre le capitaine Thaumas affirmer qu'ils allaient bientôt s'étendre aux autres Régions.

De Vague et d'EcumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant