Pour la fête de la Première Vague, ma famille et moi nous vîmes offrir des déguisements par l'équipage. Ainsi chaque passager de la Sirène se retrouva habillé pour l'occasion. Maquillage océan, paillettes et jolies robes couvertes de perles et de coquillage, rien ne semblait trop beau pour les marins qui transformèrent bientôt le pont du navire en véritable bal costumé.
Également habillé pour l'occasion, l'équipage de la Sirène se mêla si bien aux passagers qu'il devenait impossible de savoir qui était qui derrières les masques, les casques et autres accessoires abracadabrants.
Une heure à peine après notre installation dans nos cabines, un premier feu d'artifice illumina le ciel, annonçant le début des festivités. Et aussitôt, les rues se gorgèrent de monde.
Tous les habitants d'Ysméria émergèrent de leur maison, leur bateau ou leur boutique, tous déguisés en êtres des eaux. Les fausses sirènes côtoyaient des dames aux chapeau de méduse, des hommes couverts de fausses écailles ou des enfants au manteau d'algue. Certain aristocrate les plus sourcilleux allèrent même jusqu'à se coiffer de maquette de bateau, leurs cheveux colorés de bleu et de blanc, comme des vagues couvertes d'écume.
Le tout était si beau que j'avais l'impression que la suite de Typhon était remontée à la surface pour fêter le premier jour de son règne avec les habitants.
Emerveillés, impatients aussi mais surtout extatiques, les passagers comme les matelots de la Sirène se bousculèrent pour s'enfoncer dans les rues à leur tour dans une joyeuse cohue de froufrou et de dentelle.
Mes sœurs furent parmi les premières à s'élancer dans cette mer de monde. Je les suivis bien malgré moi, essayant de ne pas les perdre de vue, nos parents progressant à leur rythme quelques mètres derrière. Et, alors que nous atteignons le cœur d'Ysméria, alors même que le soleil commençait à décliner à l'horizon, le son de la fanfare retentit dans toute la ville.
Je vis la foule s'ouvrir en deux, les gens se tassant sur les bords de route pour laisser passer le cortège dont la musique entrainante semblait nous emplir tous d'une fièvre dansante. Ils étaient magnifiques, leurs costumes tout de bleu et d'argent, leurs instruments décorés de nacre et de coquillage.
Après la fanfare, des chars de toutes beautés traversèrent la ville. Des bateaux de conte de fées semblant voguer sur des vagues imaginaires, immense poupée de sirène mécanique saluant la foule en chantant, quelques monstres marins agitant lentement leurs tentacules dans notre direction et toujours ces sourires et ces costumes colorés. Des dizaines de comédiens accompagnaient leurs automates, affublés de costumes assortis, dansant avec ivresse.
Assise sur les épaules de notre père, Acanthe tendait les bras pour attraper les bonbons que les comédiens lançaient par poignées depuis les chars.
C'était magnifique et enchanteur. Une fête à ne pas manquer, c'était certain !
Alors que le dernier char de parade traversait la foule, nous découvrîmes à sa suite une bande de danseurs tournoyant gaiement, invitant même les spectateurs à se joindre à eux. Les jumelles, enthousiastes alors qu'une grande partie de la foule se déversait à présent au milieu de la rue pour danser, se tournèrent vers nos parents pour les supplier du regard. Et après une seconde qui leur parue une éternité, maman leur donna son accord, me glissant à l'oreille d'y aller également.
Mon sourire n'en fut que plus grand et alors que je suivais les jumelles dans la foule, j'eus l'impression de flotter. La musique battait son plein et nous dansions tous avec un entrain et une joie de vivre qu'il me semblait avoir oublier. Depuis quand ne m'étais-je pas autant amusé ? Depuis quand n'avais-je pas danser aussi joyeusement ?
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De Vague et d'Ecume
FantasyAvec sa famille, Meredith embarque à bord de la Sirène, un ancien galion rénové en navire de croisière pour une traversée de l'océan de Typhon jusqu'aux Terres d'Amore. Mais ce qui devait être de simples vacances en famille vire bientôt au cauchemar...