Chapitre 32

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     Je dormais.

     Du moins, c'était l'impression que j'avais d'abord eu en m'écroulant sur mon lit. Mais, à sentir cette odeur de vieux parchemins, je dû me rendre à l'évidence que j'avais encore voyagé dans mon sommeil. Et, en regardant autour de moi, je découvris la salle des cartes que Marie-Morgane m'avait présenté.

     Un joyeux bazar y régnait toujours. Mais ce qui capta mon regard furent les deux silhouettes qui s'agitaient au fond de la pièce.

     En m'approchant, je découvris Marie-Morgane en train de poursuivre Cassius alors qu'il passait d'étagère en étagère à ranger et trier cartes et journaux de navigation. Il semblait nerveux, plus sombre et agité que jamais.

     – Mais explique-moi bon sang ! s'agaçait Marie-Morgane derrière le demi-dieu. C'était quoi cette réaction ? Tu semblais au comble du bonheur hier soir, tu la dévorais des yeux et maintenant que vous avez passé la nuit ensemble tu la snobes ? Qu'est-ce qui t'arrives ?

     – Ça ne te regarde pas, éluda-t-il en jetant presque un lot de parchemins dans leur casier.

     – Oh que si ça me regarde ! Meredith est mon amie et elle est anéantie. Tu ne l'as pas vu ! s'énervait-elle les larmes aux yeux. Elle est complètement perdue et moi aussi. Pourquoi tu lui fais ça ?

     – Tu ne devrais pas roucouler avec Murphy ? riposta-t-il amer. Va donc retrouver ton marin chéri et arrête de traîner dans mes pattes.

     Marie-Morgane serra les poings de frustration. Dans son regard embué je lisais la colère qui l'habitait. Une bouffée de chaleur me submergea. J'étais si reconnaissante de l'avoir pour amie. Si j'avais pu pleurer, je l'aurais fait à nouveau.

     – Arrête de te défiler et répond-moi ! cria-t-elle en plaquant la main sur la table.

     Il y eut un silence durant lequel Cassius resta immobile. Dos à nous, il semblait incapable de faire face à la jeune fille. Plus loin dans la pièce, je retenais mon souffle.

     – Meredith ne mérite certainement pas d'être traitée comme tu l'a fait alors crache-le morceau.

     Cassius laissa le silence s'étendre, faisant bouillir de rage Marie-Morgane dans son dos. Pourtant il me semblait voir ses muscles se contracter. Lui aussi couvait un orage intérieur. Mais celui de mon amie éclata bien avant.

     – Mais merde Cassius ! explosa Marie-Morgane en larmes. Pourquoi avoir cédé à ses avances si c'était pour la rejeter ensuite ? As-tu si peu d'estime pour elle ?

     Cassius eut un sursaut, comme piqué par une aiguille. De mon côté, mon cœur semblait sur le point d'exploser. Et alors qu'il s'apprêtait à répondre, alors qu'il se retournait pour lui faire face, je me retrouvai incapable d'en écouter plus. Alors je m'en allai, je pris la fuite, simplement. Et quand j'ouvris les yeux à nouveau dans ma cabine, ce fut pour pleurer de plus belle.

De Vague et d'EcumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant