De Vague et d'Ecume

Chapitre 18

     Je flottais. Ou plutôt, je nageais. L'eau était froide autour de moi. Profonde aussi. Je n'y voyais rien. Où étais-je ? Mes mains n'étaient pas les miennes. À qui appartenaient-elles ?

     Une voix m'appela. Je m'arrêtai, observai alentour. Elle me semblait familière, son ton étrangement mélodieux à l'oreille. En relevant la tête, je vis des silhouettes approcher. Je n'avais pas peur. Je ressentais surtout de l'abattement, un profond mécontentement. Je n'avais pas envie de me trouver là. Alors pourquoi y étais-je ? Qui avais-je suivi cette nuit ?

     Les silhouettes se précisèrent. Et, en les découvrant enfin, je crus rêver.

     Les Typhéides, pensais-je éblouie, les premières filles de Typhon.

     Elles étaient magnifiques, plus belles encore que sur les fresques de Pélage, mais étonnements bien représentés aussi. En tête, je reconnus sans mal Nérissa, la première fille de Typhon. Elle avait le regard dur. Pourtant il me semblait lire l'inquiétude troubler ses beaux yeux  outremer. Elle avait peur. Mais de quoi ?

     Je mis un moment à comprendre qu'elle apportait de terribles nouvelles.

     Mais à qui ? Je ne comprenais pas.

     – Morbius s'est réveillé, annonça sombrement Nérissa.

     Colère, angoisse, fatigue, tant d'émotions aussi diverses que variées qui s'abattirent sur moi, me donnant le tournis. Morbius... Morbius... Pourquoi ce nom m'inquiétait-il à ce point ? Je ne comprenais pas.

     – Tu dois le faire, poursuivit la Typhéide.

     – Je sais, répondis-je froidement.

     Mais ça n'était pas ma voix. Et ce n'était pas de l'air que je respirais mais de l'eau. Comment ? Pourquoi ?

     – Cassius...

     Et tout devint noir.

     Je n'entendis pas la suite de sa phrase, juste ce nom qui se répétait dans mon esprit, encore en encore. Et quand je m'éloignai enfin, à deux doigts de retrouver mon corps, je vis le visage sévère de Cassius.

     Et les ouïes qui paraient son cou.