Les jours se succédèrent ainsi, entre discussions passionnantes avec Marie-Morgane, les jeux proposés par les matelots et finalement ces réunions au coin du feu que j'affectionnais tant.
J'y appris nombre d'histoires et de fables toutes plus fabuleuses les unes que les autres que Murphy se plaisait à nous raconter. Il se régalait à nous parler de légendes et de contes qu'il avait entendu et faisait toujours son possible pour l'illustrer au mieux, changeant le timbre de sa voix, jouant la comédie pour nous immerger un peu plus dans l'univers.
J'adorais le voir jouer. Et, avec Marie-Morgane, nous nous étions même mis à penser que s'il n'avait pas été marin, il serait certainement devenu un acteur ou un chanteur célèbre tant il avait du talent.
Ces spectacles nocturnes avaient d'ailleurs fini par attirer l'attention. Et, finalement, notre groupe s'agrandit à mesure que les passagers se mêlaient à nous. Violons, violoncelles, accordéons, luth et mêmes quelques flutes et vielle à roue se joignirent à l'orchestre des matelots pour le plus grand plaisir de tout le monde. Même certains aristocrates finirent par nous rejoindre.
Parmi eux, je reconnus tout de suite Hadrian dans son élégant costume blanc et or. Il nous étonna par sa maîtrise du violon, nous offrant un concert fabuleux qui fit fondre les cœurs de nombreuses jeunes femmes. Puis, quand Murphy reprit la main sur la musique, nous offrant quelque chose de plus entrainant, l'aristocrate éthérien m'invita à danser. Ses joues étaient au moins aussi rouges que les miennes alors que j'acceptai. Et nous virevoltâmes des heures durant, entre chants joyeux et éclats de rire.
Ces soirées étaient sans nul doute mes moments préférés. Je m'y sentais à l'aise, épanouie. Et je remerciais chaque soir Marie-Morgane de m'y avoir conduit la première fois.
Ce matin-là, alors que les passagers émergeaient doucement de leur nuit, le capitaine nous rassembla sur le pont pour nous annoncer l'imminence de notre première escale : les Îles Salines.
Marie-Morgane m'en avait déjà un peu parlé un soir. Ces îles étaient un petit archipel perdu à des kilomètres de la côte ysmérienne. Son île principale, Pélage, était la plus grande et regroupait la majeure partie de la population. Ses habitants étaient d'ailleurs majoritairement composés de familles de pêcheurs. On la disait paradisiaque, un véritable havre de paix, bien loin de l'agitation constante d'Ysméria. Un endroit idéal où prendre sa retraite, avait dit un soir Rufus. Et je n'en doutais pas.
Une grande partie des passagers de la Sirène avait investi le pont de cette dernière, impatients de voir apparaître les îles à l'horizon. Ma famille et moi ne faisions pas exception. Accoudés au garde-corps du gaillard d'avant, nous guettions avec impatience le moindre signe annonçant notre arrivée prochaine.
– Meredith, regarde ! s'exclama Rowan à mon côté.
Penchée sur la balustrade, ma sœur pointait une tâche minuscule perçant l'horizon. En plissant les yeux, il me sembla reconnaître les contours d'une île. Nous nous regardâmes, un sourire immense se dessinant sur nos lèvres.
– C'est Pélage, nous apprit Marie-Morgane en s'approchant, l'île-capitale.
– D'après le guide, nous renseigna Esther le nez plongé dans ce dernier, Pélage serait parfaitement autonome et n'a pas beaucoup de lien avec les Terres de Typhon alors même que l'archipel en fait partie.
– C'est exact, confirma Marie-Morgane avec un sourire. Les habitants se considèrent comme un peuple à part entière. D'ailleurs, leurs coutumes sont différentes de celles que vous pouvez retrouver dans les Terres de Typhon. Là-bas, on fête la Première Vague en offrant des offrandes aux divinitésde l'océan lors d'un pèlerinage jusqu'à leur Temple des Eaux à quelqueskilomètres de Pélage. On peut même dire qu'ils sont bien plus liés à ces dernières que nous.
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De Vague et d'Ecume
FantasiaAvec sa famille, Meredith embarque à bord de la Sirène, un ancien galion rénové en navire de croisière pour une traversée de l'océan de Typhon jusqu'aux Terres d'Amore. Mais ce qui devait être de simples vacances en famille vire bientôt au cauchemar...