Chapitre 2 (2/2)

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     Nous suivîmes donc notre guide, juste derrière les premières classes. Quelques mètres plus loin sur notre droite, là où le pont s'arrêtait pour laisser place au gaillard d'arrière, se dressait une jolie porte en bois sculptée que nous traversâmes à la file indienne. De l'autre côté nous découvrîmes avec enchantement un long couloir richement décoré. Un tapis pourpre en recouvrait le sol alors que des portes décorées d'or se dressaient sur des murs ivoires.

     Mais au lieu de poursuivre notre chemin dans ce corridor comme les premières classes, notre guide nous conduisit jusqu'à un escalier un peu plus loin et nous fit descendre un niveau. Là, nous découvrîmes un couloir plus long encore que celui que nous venions de voir et qui semblait courir sous le pont supérieur. La décoration y était plus modeste et les couleurs moins chatoyantes mais tout de même de bon goût et chaleureuse. La seconde classe, comprîmes-nous.

    Notre guide nous arrêta dans le couloir et nous observâmes le groupe suivant, encore plus nombreux, s'enfoncer un peu plus loin dans les entrailles du navire, direction la troisième classe qui se trouvait un niveau plus bas encore. Et alors qu'ils disparaissaient dans un nouvel escalier, notre guide se planta devant nous au centre du couloir, un large sourire aux lèvres.

     À la lumière artificielle qui régnait dans le couloir, je pus mieux discerner les traits du jeune homme. Sa peau était halée, ses cheveux châtains en bataille et ses yeux verts rieurs. À travers l'étoffe blanche de son uniforme je devinais les ombres de tatouages de marins et je me dis alors que le capitaine avait eu raison de demander à cette jeune fille de conduire les premières classes. J'imaginais sans mal ces aristocrates guindés grimacer en remarquant ces dessins qu'arborait notre guide. Sans doute les qualifieraient-ils de mauvais goût et rechignerait à écouter un traitre mot de ce qu'il leur dirait, trop occuper à s'offusquer de ces tatouages qui le paraient.

     Pour ma part, j'étais surtout très curieuse de savoir quels dessins il pouvait bien cacher. Une ancre ? Un bateau ? La Sirène peut-être ? Ou quelques monstres marins ?

     – Je m'appelle Murphy, déclara-t-il avec entrain, me ramenant à la réalité. Et je serai à votre service pour le restant de la traversé. Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à venir me voir. Et si vous ne me trouvez pas, il vous suffit de vous servir de ces communicateurs de bord, indiqua-t-il en prenant un combiné de cuivre accroché au mur. Il vous mettra directement en relation avec l'opérateur radio et transmettra votre message au quartier des officiers. Il y en a des similaires dans chaque cabine. Si vous cherchez à communiquer avec une autre cabine, il vous suffira de taper son numéro sur le cadrant et l'appelle sera transférer. Regardez.

     Murphy tapa le numéro de la première cabine à sa droite, la B34, avant d'en ouvrir la porte. Une sonnerie retentit alors dans la pièce, stridulation étrange comme un gros criquet jouant un air populaire. Une bien étrange mécanique, sans doute une nouvelle innovation tout droit venue d'Héliopolis. L'ingéniosité de ses habitants me fascinaient.

     La sonnerie cessa au moment où Murphy reposa le combiné sur son support. Il sourit et referma la porte.

     Tous les passagers hochèrent alors de la tête, fascinés. Esther fixait avec une attention toute particulière le dispositif. Je l'imaginais déjà en faire les plans dans sa tête. Sans doute rêvait-elle de sortir son carnet pour en griffonner les croquis de l'appareil.

     – Vous le remarquerez sûrement assez vite, poursuivit Murphy, mais la Sirène est un véritable labyrinthe. Vous vous sentirez sûrement un peu déboussolé les premiers jours, d'où les nombreux combinés et plans que vous pourrez trouver à bord. Une visite du navire est également prévue demain, nous informa-t-il avec un sourire. Mais pour le moment, je vous invite à regarder sur votre billet le numéro de la cabine qui vous a été attribué et la découvrir. Vos bagages ne devraient plus tarder à arriver.

De Vague et d'EcumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant