Chapitre 15 (2/2)

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     Nous continuâmes de monter jusqu'à atteindre le sommet de Pélage où se dressait fièrement un grand phare au pied décoré de peintures de vagues.

     – Voici le phare de Pélage. Il est le plus puissant de sa génération, on peut même voir sa lumière depuis les côtes d'Ysméria.

     – Où se trouve le Temple des Eaux ? questionna Esther en regardant de tout côté.

     – Sur une petite île à quelques kilomètres, juste... là, répondit Marie-Morgane en pointant un minuscule bout de terre derrière l'île.

     On y voyait à peine la silhouette du bâtiment s'y dresser. Marie-Morgane nous indiqua alors les jumelles qui entouraient la place.

     – Vous le verrez sûrement mieux avec ça.

     Esther fut la première à sauter sur l'occasion et s'extasia de longues minutes devant la vue que lui offrait le temple. Rowan et elle ne mirent pas longtemps à se chamailler pour le regarder. De mon côté, je regardai avec émerveillement la vue qui s'offrait à nous depuis la place. Nous étions si haut au-dessus de la mer qu'il me semblait presque apercevoir la silhouette de la Tour d'Espérance percer l'horizon.

     Alors que mes parents tentaient de calmer les esprits de mes cadettes, Marie-Morgane se posta à mes côtés.

     – C'est beau n'est-ce pas ?

     – Non, c'est magnifique, répondis-je les larmes aux yeux.

     Il ne me semblait pas avoir vu quelque chose d'aussi beau de ma vie. J'en eus les larmes aux yeux. Rufus avait raison, Pélage était la ville idéale pour prendre sa retraite. Tout y était si calme et si beau... J'aurais presque voulu ne jamais repartir.

     Marie-Morgane sourit, tournant un regard rêveur sur l'horizon.

     – J'ai toujours aimé Pélage, confia-t-elle. Ici, j'ai l'impression d'être plus proche de ma mère.

     – Elle était native de l'île ? questionnai-je.

     Elle opina.

     – Mes parents se sont rencontrés sur le port. Mon père était encore simple marin quand il est tombé amoureux d'elle.

     Elle eut un sourire.

    – L'année qui a suivie, ils se sont mariés et sont partis s'installer à Ysméria.

     Je souris à mon tour.

     – C'est une belle histoire.

     Puis le silence retomba, nous enveloppant de sa douceur.

     Après des heures à contempler l'horizon, Marie-Morgane nous fit redescendre les rues et escaliers vertigineux de Pélage jusqu'au port où se dressait son marché. Ce dernier était immense, s'étendant sur plusieurs kilomètres de rues toutes plus colorées et animées les unes que les autres. Les vendeurs hélaient les passants avec entrain, proposant toutes sortes de marchandises allant de la nourriture typique des îles à l'artisanat de ses habitants. Nous y retrouvâmes également nombre de passagers de la Sirène qui s'y agglutinaient avec fascination.

     Et, rapidement, je me retrouvai seule avec Marie-Morgane, mes sœurs ayant disparus dans la foule en trainant nos parents derrière elles. À notre retour au bateau, j'étais quasi certaine de retrouver mon père chargé de toutes sorte de paquets. Je secouai la tête.

     – J'ai comme l'impression que le peu de vos économies va rapidement disparaître, me confia Marie-Morgane avec un sourire amusé.

     – Il n'y a plus qu'à espérer que mes parents ne se retrouvent pas séparés, pensais-je à voix haute. Si maman n'est pas là pour les tempérer, j'ai bien peur que tu n'aies raison.

De Vague et d'EcumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant