🌹Chapitre 6🌹

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Je ne sais pas quelle heure il est, mais le soleil a déjà déserté. Pendant ces dernières heures, j'ai saccagé la chambre, renversant tout ce qu'il y avait sur les tables et les commodes et arrachant les rideaux. Maintenant, je suis blottie contre moi-même, dans une salle sombre avec la porte-fenêtre brisée et les rideaux en lambeaux. Personne n'est venu. Puis, j'ai passé une heure entière à pleurer.

Mon corps me fait encore très mal. Je n'ai pas reçu de soin. Après tout, c'est assez normal. Si l'un de ces employés vient, il se ferait sûrement agressé par la folle hystérique que je suis. Même blessée, je suis dangereuse. Combien de temps vais-je rester ici? Quand est-ce que je vais revoir mes parents? Et Sasha? Et mon avenir? Je n'ai pas fait plusieurs années de psychologie pour finir comme ça!

En obtenant mon diplôme, je pensait que j'allais enfin pouvoir vivre ma vie. Pouvoir aider les autres. Rencontrer un homme et me marier. Faire des enfants et fonder la petite famille parfaite. Jamais je n'aurais pensé que je finirais séquestrée comme ça!  Les larmes me montent yeux et je cache mon visage entre mes genoux. Je déteste cet endroit! Je déteste ses employés! Je hais encore plus cet énergumène qui se fait appeler "le maître"!

Malgré mes pleurs, j'entends la porte se déverrouiller. Je lève le regard pour voir ma porte s'ouvrir et je me relève rapidement, effaçant mes larmes d'un revers de manche. La personne entre dans la chambre et je peine à le reconnaître dans la pénombre. Quand il appuie sur l'interrupteur sur le mur, la lumière m'aveugle et je me protège les yeux avec mon bras.

— Regarde-toi, Ruby.

Cette voix...

— Si tu étais restée dans ta chambre, tout cela ne serait pas arrivé.

Arthur? J'enlève mon bras qui m'a servi de visière et me retrouve face à face avec Arthur. Arthur Shepherd. Le patron de ma sœur est debout devant moi, portant un pantalon noir et une chemise blanche. Qu'est-ce qu'il fait ici, lui?

— Arthur? Je demande, ne croyant toujours pas qu'il soit là.

— Oui, c'est moi qui t'ai enlevé. Répond-il totalement décontracté.

— Tu... Tu m'as enlevé? Je demande, choquée. Mais pourquoi? Qu'est-ce que j'ai fait?

— Tu n'as rien fait. C'est à ta sœur que j'en veux.

Sasha? Il en veut à Sasha et c'est sur moi qu'il s'acharne?! Mais il ne va pas bien du tout! Prise de colère, j'hausse le ton.

— Ma sœur n'a rien fait de mal! Pourquoi tu lui en veux?! Et pourquoi tu m'as enlevé?!

— Je t'expliquerai ça un autre jour.

— Non, maintenant! Je veux savoir pourquoi tu fais tout ça, Arthur!

Mais ce malade ne fait que rire. Il rit?! J'ai une tête de clown par hasard?! Tout ce que j'ai envie de faire maintenant, c'est lui arracher les yeux! Il s'approche nonchalamment de moi avec un sourire sans émotions et il lève sa main. J'attends, fulminant de l'intérieur. Il passe son pouce sur le coin de ma lèvre et je frappe sa main. Il lâche un rire froid avant de se retourner.

— Tu as du sang sur la bouche. Je demanderai à une employée de te faire couler un bain et d'arranger ce bazar. Nous discuterons quand tu seras présentable. Et n'essaie pas de t'échapper. Si tu veux des réponses, tu dois être propre d'abord.

Je ferme mes poings, m'imaginant lui sauter dessus et l'étrangler jusqu'à ce que mes ongles s'enfoncent dans sa gorge et que son sang gicle sur ses satanés murs. Mais je me retiens de réaliser ce que je pense. J'ai besoin de réponses.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre encore. Cette fois, une employée entre timidement, tremblante. Elle se tient à plusieurs mètres de moi, droite comme un i, les mains jointes devant elle et la tête baissée. C'est d'une petite voix presque inaudible qu'elle me parle.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant