🌹Chapitre 38🌹

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Je suis maintenant convaincue. Je sais ce que je dois faire pour faire d'une pierre deux coups. La nuit dernière, ça a été spectaculaire comme d'habitude. Je n'ai pas retenu un seul gémissement. Après avoir reçu toute la pression du travail, Arthur avait besoin de se sentir supérieur à quelqu'un. J'ai libéré toutes les sensations qu'il provoquait en moi pour lui faire comprendre que je suis là, prête à tout pour lui. La prochaine fois, je lui proposerait de jouer à dominant-dominé.

J'ai enfin trouvé comment gagner encore plus l'affection de l'amour de ma vie et fermer son clapet à ce médecin. Ce sera aussi simple que bonjour. Enfin, simple si il fonctionne. Après avoir réfléchi toute la nuit, j'ai finalement décidé de mettre fin aux jours du docteur Henri Morgan moi-même. Si Arthur pense que c'est un obstacle, moi, je le vois comme une belle opportunité. Quoi de mieux pour gagner la confiance de quelqu'un qu'un serment de sang? Mais cette fois, ce ne sera pas mon sang qui sera versé.

J'ai attendu qu'il parte pour me mettre au travail. Après le petit déjeuner, je suis allée dans la cuisine pour chercher un couteau. Mais avec les dizaines d'employés dans la maison, c'était un peu difficile. Et puis, ce n'était pas bien grave. Les gens alerteraient sûrement la police si ils voyaient une fille armée d'un couteau se promenant dans les rues. Donc, j'ai décidé que je prendrai ce qu'il me fallait à l'hôpital. Bon, là-bas, il faudra improviser, mais j'ai confiance en mes capacités. Il ne me reste plus qu'à convaincre un chauffeur de bien vouloir m'emmener sortir. Mais comment? Il doit bien y avoir un qui aurait un cœur doux. Je pourrais facilement le convaincre.

Alors, quand le soleil commence à décliner, je m'excuse auprès de June, prétextant vouloir aller marcher. Quand j'arrive dehors, je regarde les gardiens. Ils ont tous l'air d'être très sérieux. J'ai l'impression qu'aucun d'eux ne voudra m'aider. Mieux vaut que je ne dévoile pas toutes mes cartes. Alors, je me rapproche de celui qui est le plus éloigné du groupe et dégaine son arme à feu. Avant même qu'il ne puisse réagir, je pointe l'arme dans son dos et il se fige.

— Mademoiselle, veuillez baisser cette arme, c'est dangereux.

— Je ne risque pas de me blesser. Par contre, vous...

J'ai beau avoir étudié la psychologie, ça ne signifie pas que je ne sais pas me servir d'une arme. Il faut juste faire comme dans les films. J'appuie sur le cran d'arrêt pour lui montrer que je ne compte pas rigoler avec lui. Je le sens de tendre sous son smoking. C'est bien.

— Soyez obéissant et vous n'aurez rien.

Il hoche une fois la tête. Bien. C'est l'heure de passer aux choses sérieuses. Comme Arthur n'était pas là, je me suis permise d'utiliser son ordinateur pour faire des recherches sur le docteur, en veillant bien à supprimer l'historique. J'ai découvert qu'il travaillait dans un hôpital public, au département de la morgue. J'ordonne alors à ce gardien de m'y emmener sans éveiller les soupçons des autres. Et avec les vitres teintées de la voiture, je n'ai pas besoin de me cacher dans le coffre.

Je sors alors pour la première fois depuis des semaines. L'arme est toujours braquée sur le chauffeur, au cas où il tenterait de dévier le chemin. Je n'hésiterai pas à tirer, il peut en être sûr.

Bientôt, nous arrivons à cet hôpital. Je lui dit de rentrer et il ne dit pas un mot. Quand je regarde la façade du bâtiment, je prend une grande inspiration. C'est parti. Pour ne pas attirer l'attention, j'ai mis un sweat à capuche pour me couvrir la tête, accompagné d'un masque. J'ai eu beaucoup de chance d'en avoir trouvé dans les affaires des employés. J'entre alors dans l'établissement et me dirige vers l'accueil. En essayant de modifier ma voix, je demande à la jeune femme à l'accueil le bureau du docteur Morgan. Quand elle me demande qui je suis, je réponds que je suis de la famille et que c'est une surprise. Attendrie, la pauvre sotte me laisse passer.

Par chance, je trouve les vestiaires et vole une tenue d'infirmière — qui me va à merveille en passant — et me dirige vers la morgue. Ce n'est pas bien difficile de le trouver parce que c'est le seul service où il y a très peu de gens. Ce docteur me facilite la tâche. Il va mourir dans un endroit désert. Quand j'arrive à la morgue, je vois certains corps, prêts à se faire enfermer dans les frigos. Quelle horreur. Je n'ose même pas imaginer les jours de travail de ce médecin. Palper des cadavres à longueur de journée n'est-il pas un peu dégoûtant?

Bref, je suis arrivée. C'est complètement fou ce que je m'apprête à faire. Est-ce que j'en serai capable? Je n'ai jamais tué personne auparavant. Ni même essayé. Ce sera mon premier crime. Mais ce sera pour une bonne cause. La mort de ce médecin sera mon tiquet pour accéder au cœur d'Arthur. Selon les horaires que j'ai pu voir sur internet, il sort toujours très tard. Il semblerait que tout va dans mon sens. Et je suis encore plus heureuse quand je vois un scalpel sur une table, près du corps d'un homme. Armée de gants en latex, je saisi le scalpel et attend.

J'entends bientôt des pas et me mets près de la porte. Quand elle s'ouvre, je suis cachée. Un homme entre dans la salle avec un calepin qu'il ne lâche pas des yeux. Je lance un coup d'œil à cette personne et découvre qu'il s'agit bel et bien de ma victime.

Enfin. J'ai attendu ce moment pendant de longues heures. Vous êtes tous heureux dans vos petites vies. Vous êtes satisfait de votre travail. Vous avez une famille qui vous aime. Moi aussi, je mérite d'être heureuse. J'ai autant droit au bonheur que vous. Et mon bonheur porte un nom: Arthur Shepherd. C'est pour lui que je fais ça. C'est pour qu'il ouvre les yeux. Et aussi parce que je le veux pour moi. Pour moi et personne d'autre. Arthur est à moi.

Je brandit mon arme et m'approche doucement du médecin. Ça va être rapide. Un scalpel est bien plus performant qu'un couteau. Il va mourir d'une mort lente et douleureuse. Je lui plante alors le couteau dans la nuque et il lâche un grognement guttural. Sans que je ne m'y attende, il se retourne et me trousse violemment. C'est dans un couinement de douleur que je rencontre le sol. Mais il en faudra bien plus pour m'arrêter. Beaucoup plus. Devant moi, le docteur me regarde avec effroi et essaie de stopper son hémorragie. Mais en vain. Le sang coule à flot et teinte rapidement sa blouse blanche.

Oui. Oui. Allez, meurs. Vous devez disparaître pour que je puisse vivre mon histoire d'amour. Et enfin, je pourrais guérir Arthur. Nous serons heureux et personne ne nous empêchera de l'être. Mais le médecin ne semble pas vouloir mourir. Il arrive à faire sortir le scalpel de sa nuque et jette par terre. Non, ça ne va pas se passer comme ça. Je me relève vite et saute sur lui. Si je dois le tuer de mes mains pour être enfin heureuse avec l'homme de ma vie, je le ferai. Comme il commence à perdre ses forces, il tombe à la renverse, mes mains autour du cou. Il se débat et je resserre ma prise.

Il arrive tout de même à inverser les rôles, malgré sa blessure. Henri Morgan me pousse pour que je rencontre le mur. Et ça fait un mal de chien! Mais je ne peux pas abandonner. Je n'ai pas fait tout ça pour ne rien gagner à la fin. Alors qu'il essaie de se relever, je rampe vite vers mon scalpel et lui grimpe dessus. Aussitôt, je brandit mon arme et la fait filer vers sa gorge mais le médecin fait barrage de ses bras. Je n'ai pas l'intention de laisser tomber. Il doit mourir. Il faut qu'il meurt! Je met un peu plus de pression sur ses bras et ma lame se rapproche de sa pomme d'Adam.

Encore un peu. Encore un tout petit peu.

Mes muscles menacent de lâcher, mais je tiens bon. Finalement, le docteur cède, laissant mon arme s'enfoncer dans sa gorge dans un bruit de chair. Oui! Enfin! Je souris et pas qu'un peu. Je retire le scalpel pour le replanter une deuxième fois.

Ça, c'est pour avoir fouiné dans les affaires d'Arthur.

Je le replante encore une fois et le même bruit de métal rencontrant la chair de fait entendre. Pour je ne sais quelle raison, j'aime ce bruit. Il me procure un sentiment de puissance. De domination.

Et ça, c'est pour avoir résisté.

Je le plante encore une fois, profitant du doux bruit. Le médecin aussi produit de drôles de sons. Il s'étouffe avec son propre sang, ce qui est bien mérité. Pour finir, je lui tranche la gorge et une vague de sang je jette sur moi. Ma blouse d'infirmière est maculée de sang, ainsi que mon visage et mes gants.

Ça, c'est parce que j'en ai envie.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant