🌹Chapitre 31🌹

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Encore une journée à lire et lire sans arrêt. Il faut dire que c'est la seule chose que je puisse faire dans cette maison, à part cuisiner. Le jogging, c'est fini. Tout ce que je peux faire — qui soit assez proche du jogging — c'est marcher dans le jardin. À chaque promenade, je me sens comme une de ses femmes anglaises dans l'ancien temps qui aimaient flâner dans les parcs. Et je n'aime pas ça. Et j'aime encore moins le livre que je suis en train de lire: La Princesse De Clèves de Madame de la Fayette.

C'est vraiment le truc le plus ennuyeux qui soit. Et dire que je vais vivre ça pendant longtemps encore. Enfin, jusqu'à ce qu'Arthur se décide à me dire pourquoi je sert de décoration dans sa maison. J'en ai assez. Je soupire et me lève du fauteuil pour remettre le livre là où je l'ai trouvé. C'est-à-dire, à de certaines de kilomètres de moi. Le râle devant la distance que je devrais parcourir, mais j'y vais quand même. Ça me fera de l'exercice.

En parlant d'exercice, je parie que j'ai pris du poids. Et pas qu'un peu. Et question poids, je jalouse toujours Sasha. En fait, je jalouse ma grande sœur en tout. Elle a toujours été la plus parfaite entre nous. C'était la plus jolie, la plus mince, la plus grande, la plus intelligente et bien plus. Elle a tout d'une fille parfaite. Et puis, à côté, il y a moi. Je ne suis pas très jolie, pas aussi mince qu'elle, pas très grande, pas très intelligente. J'avais quelques problèmes de mémoire à l'école. Mais tout ça ne nous a jamais empêché de nous aimer. Après tout, on est sœurs.

Le fil de mes souvenirs se coupa quand je vis Arthur sur une échelle, des tas de bouquins éparpillés sur le sol. Les événements de la veille n'ont pas encore quitté mon esprit. La vision d'Arthur tuant cette pauvre femme me hante encore. Cet homme est trop complexe. Il faut que j'arrête de me poser des questions sur lui. J'ai bien compris qu'il fera tout pour que personne ne découvre que je suis ici. Et comme par hasard, l'étagère où j'ai pris ce livre est juste en-dessous de lui. C'est merveilleux. Notez l'ironie.

À contre-cœur, je m'approche de lui, le livre en main, prête à le ranger et à m'en aller d'ici. Je ne sais plus ce que je fois penser de lui. Et je ne sais plus rien ces derniers temps. Je ne suis au courant de rien. J'arrive à son niveau et je ne le salue même pas. il l'a bien mérité. L'étagère de mon livre se trouve derrière son échelle. Sans lui demander de s'écarter, je pousse légèrement l'échelle pour ranger le livre. Mais contre toute attente, l'échelle recule et fait tomber Arthur sur son tas de livres. Un bruit assourdissant s'en suit.

Oups. Je pose une main sur mon cœur, surprise par sa chute.

— Désolé. Je dit en me précipitant vers lui pour l'aider, ce qu'il ne refuse pas.

Arthur grogne en prenant la main que je lui propose. quand il se remet sur pieds, il se frotte le dos, une grimace sur le visage.

— Ça va? Tu as mal quelque part?

— Non, tout va bien.

— Tu en es sûr?

— Je vais bien. Ta tentative de meurtre a échouée.

Je suis un boulet, vraiment! Je suis en colère contre lui, oui. Mais pas au point de vouloir sa mort! Comment peut-il penser une chose pareille? Je suis le genre de personne qui fait un malaise rien qu'en voyant du sang! Je serai incapable de tuer!

— Je n'ai pas essayé de te tuer.

— En tout cas, ça m'avait tout l'air d'une tentative de meurtre.

— Puisque je te dis que je n'ai pas essayé de te tuer! Je ne l'ai pas fait exprès! L'échelle a penché et c'est tout!

— Si tu le dis.

Il expire et relâche ma main, à mon plus grand regret. C'était agréable de sentir sa peau contre la mienne. Et je divague encore. Ça devient un problème urgent. Arthur replace correctement l'échelle et je me confond en excuse. Je ne l'ai pas fait exprès! Jamais je ne voudrais la mort de quelqu'un! Même pas celle de mon pire ennemi. Je n'aime pas du tout cette sensation d'avoir quelqu'un qui a une dent contre moi.

— Est-ce que je peux faire quelque chose pour me faire pardonner? Je demande.

— Rien.

— Allez, je suis sûr que tu peux trouver quelque chose.

— Pourquoi tiens-tu tellement à te faire pardonner?

— Parce que je n'aime pas que quelqu'un m'en veuille.

— Et qu'est-ce qui te dis que je t'en veux?

— Je ne sais pas.

Arthur soupire. Je suis sûrement très agaçante pour qu'il soupire de cette façon. Sans m'adresser un regard, il me tend le livre qu'il a dans les mains. Sans comprendre, je le prend.

— J'ai pris du temps pour trier ces livres dans l'ordre alphabétique. Prends ça et trie tout dans le même ordre.

Je m'exécute rapidement et m'accroupit près des piles de livres pour un tri. Quand à lui, il met de l'ordre sur l'étagère. Mes yeux dérivent sans le faire exprès vers son dos. Il porte une chemise blanche au-dessus d'un pantalon noir. Ses épaules sont larges et ses manches sont retroussées. En regardant attentivement sur sa nuque, je peux voir une petite partie de sa cravate. Elle est sûrement parfaitement nouée autour de son cou.

À en juger par son code vestimentaire impeccable, c'est un homme organisé. Il aime mettre de l'ordre dans tout ce qu'il fait. La moindre bavure le rendrait fou. C'est le genre d'homme qui est sexy sans le savoir et sans le vouloir. Et il me rend dingue sans en être conscient.

La terre appelle Ruby! Je répète, la terre appelle Ruby!

Je me retourne sur ma besogne tout en tentant de ne pas me remémorer notre nuit ensemble. Même si elle a été — je me maudis de dire une chose pareille — la meilleure de ma vie. Jamais aucun de mes anciens partenaires ne m'a fait sentir quelque chose d'aussi intense. C'était magique. J'ai très chaud, tout à coup. Pour éviter un malaise au cas où, je lance la discussion.

— Pourquoi tu ranges ces étagères? Il n'y a pas un seul employé pour le faire?

— J'aime le faire moi-même.

— Entreprenant, à ce que je vois.

Ensuite, je lui tend les livres un par un pour qu'il puisse les ranger. Et alors que je lui tend un dictionnaire sûrement centenaire, il la prend et pose son regard sur moi. C'est déstabilisant. J'ai soudainement très chaud dans ma petite robe. Ses sourcils se fronçent et je joue avec l'un des livres dans mes mains. Ça n'a pas l'air de le déranger que je le fixe dans les yeux.

— Tu aimes la musique? Il demande.

Complètement désarçonnée par sa question, je fait tomber mes livres. Je me précipite pour les ramasser et répondre à sa question, espérant quelque chose. Je ne suis qu'une idiote.

— Euh... Oui.

S'en suit des centaines de questions sur mes goûts musicaux, ma couleur préférée, ma saison préférée et plus. J'ai retrouvé celui que je j'apprécie. Et j'espère qu'il ne partira plus. Parce que je le préfère largement au psychopathe.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant