🌹Chapitre 27🌹

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Bon sang, qui est cette fille?

Comme j'ai arrêté de compter les jours, je me suis aussi habituée à la solitude des lieux. Il n'y avait que les employés de maison avec qui je pouvais parler. Pas que c'était désagréable! Mais ma vie se changeait en routine. J'ai commencé à m'y habitué. June est très sympa avec moi, ainsi que toutes les autres employées. Même cette vieille teigne de Viviane a cessé de me lancer des regards noirs. Je crois qu'elle se sent redevable envers moi. Après tout, j'ai quand même contribué à chasser les mauvais souvenirs d'Arthur.

Et à la simple pensée de son maudit nom, je me met à sourire. Comme une imbécile. Mais qu'est-ce qui m'arrive, bon sang? Je n'ai jamais pensé à quelqu'un tout en souriant de la sorte! Sauf si cette personne m'a raconté une blague. Mais là, je ne comprends pas. Et j'ai décidé d'arrêter de chercher à comprendre ce qui se passe en moi. C'est mieux ainsi. Je vis avec mes questions non résolues depuis des semaines maintenant. J'ai pris l'habitude d'entendre ce psychopathe me saluer le matin. Je me suis habituée à ses sourires espiègles quand nous débations sur un livre.

Et là, il ramène une fille. Non mais, une fille! En sachant parfaitement que je suis dans sa maison! Si il pense qu'il peut ramener ses coups d'un soir ici et me faire un concert de leurs voix pendant qu'ils tentent de créer un enfant, il se met le doigt dans l'œil. Je ne tolérerais pas ce genre de comportement! Et si vous voyez cette blonde qu'il vient de ramener, vous seriez aussi dans le même état que moi! C'est le cliché parfait des prostituées sans éducations. Avec une voix aiguë si insupportable qu'elle vous donne l'envie de sauter à travers une fenêtre.

Pendant une semaine, je me tracasse à savoir comment elle s'appelle. Mais Arthur me convainc toujours de rester cloîtrée dans ma chambre, alors qu'il s'entretient avec elle. Bien sûr. Un simple entretien. Je n'en crois pas un mot. Quelques fois, pour m'assurer que je ne suis pas sous sa domination, je sors discrètement de ma chambre pour les espionner. En espérant voir Arthur la tripoter dans le salon, je retrouve Viviane. Cette dernière semble l'enseigner.

Il est donc passé de kidnappeur à bon samaritain? Quel avantage reçoit-il en instruisant cette fille. Et d'abord, qui est-elle? Que fait-elle ici? Pourquoi? Ça commence sérieusement à me taper sur le système! J'ai réussi à lui pardonner son attitude de la dernière fois parce que je sais qu'il est encore loin de la guérison. Mais là, je ne pense pas pouvoir en faire autant. Toujours cachée derrière la porte de la bibliothèque, j'entends Viviane lui parler d'élevage de vaches.

— Ce n'est pas bien d'espionner les gens.

Le souffle chaud qui s'écrase sur ma nuque me pétrifie. Habituellement, je me serais retournée pour lancer une réplique bien cinglante à mon interlocuteur, mais cette fois, je suis gelée sur place. Je sens la chaleur du corps d'Arthur derrière le mien. Et je devine très bien son petit sourire en coin derrière mes cheveux. Ça suffit pour faire contracter mon ventre. Pour tenter de sauver ma face, je décide de l'ignorer et de continuer ma contemplation.

— Vas-t-en et laisse-moi regarder. Je réplique.

— Qu'est-ce que tu trouves de si intéressant à épier les gens?

— Habituellement, je n'épie pas les gens. Mais cette blonde est tellement marrante que je me permet de le faire.

— Elle te fait rire?

— Si tu savais. C'était comme si elle avait un caillou à la place du cerveau. Elle ne capte pas très rapidement. Ça fait quatre fois que Viviane lui répète la même chose. 

— Elle, au moins, elle est obéissante. Contrairement à toi.

Ses doigts s'enroulent délicatement autour de mon bras et il me met face à lui. Je suis incapable de faire autrement, sentant l'électricité qui venait de faire un tour sur ma peau. Je me retrouve le dos contre la porte, Arthur à moins de quelques centimètres de moi. Ses doigts tenant mon bras touchèrent mes côtes, ce qui fit réagir ma peau encore une fois. Mon cerveau est complètement en mode off. C'est si étrange.

Quand il est dans les alentours, je laisse ma conscience parler dans le vide. Je laisse Arthur s'approcher de moi. Je ne fais rien pour l'empêcher de me toucher. Je suis complètement à sa merci. À chaque fois, je sens mon cœur qui tambourine dans ma poitrine. Stupide organe!

— Ne t'avais-je pas dit de rester dans ta chambre, le temps qu'elle soit là? Demanda-t-il de sa voix grave qui me fait un de ces effets.

— Et depuis quand je t'écoute?

Un sourire. Je ne sens plus mes genoux. Je tremble. Je fonds. Cet homme a un effet secondaire sur moi. Le côtoyer me met sens dessus dessous. Je ne sais pas ce qui se passe et j'ai arrêté de vouloir chercher. J'apprécie même cette tension légère entre nous. On joue à se tourner autour sans jamais pouvoir s'affronter. À quoi est-ce qu'on joue d'ailleurs? Peu importe comment se nomme ce jeu, il est dangereux. Mais en même temps, très tentant.

— Ruby, sois sage et retourne dans ta chambre.

— Et si je ne veux pas? Qu'est-ce que tu vas faire?

Je suis trop près du bord. Quelques pas de plus et je tombe. En attendant, c'est lui qui fait un pas vers moi et colle presque ses lèvres à mon oreille. Il est trop près. Je peux sentir son odeur. Il sent bon. Il sent... Qu'est-ce qu'il sent? Je ne sais pas, mais ça suffit pour me retourner la tête. Je deviens folle de cette senteur.

— Tu ne veux pas savoir ce que je veux te faire.

Pour moi, cette phrase ne sonne pas dans le sens qu'il voudrait. Elle sonne tout autrement. Je la perçoit comme une invitation. Invitation à faire quoi? C'est flou dans ma tête, mais j'ai hâte. Pendant l'espace de quelques secondes, je ferme les yeux et tente d'imaginer le sens de sa phrase, comme je l'ai comprise. Mon bas-ventre est le premier à réagir. Heureusement qu'Arthur s'éloigne et me laisse respirer. Mais je ne veux pas qu'il s'éloigne. Je veux qu'il reste encore un peu contre moi.

Quand je rouvre les yeux, mon cœur battant à la chamade, je peux voir quelque chose dans son regard. Quelque chose de différent. Pas comme la fois où il m'a remercié sincèrement. Non. C'était autre chose. J'ai l'impression que nous avons tous deux compris sa phrase de la même manière. J'en étais même sûre. Nous nous mettons d'accord sans même se dire un mot.

Et il s'en va. Je respire et reprend mes esprits. Bon sang, je n'ai quand même pas... Si? Pitié, dites-moi que c'est un rêve et que je ne viens pas de donner mon consentement à Arthur pour qu'on... Non. Impossible.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant