Un visage. Je ne sais pas à qui il appartenait, mais il m'a sauvé. Il m'a sorti de l'eau et m'a emmené chez lui, sûrement. Je ne ressens plus la froideur meurtrière de l'eau. À la place, j'ai un plaid bien chaud qui me recouvre. Cette sensation est tellement agréable. Mais qui est mon sauveur?
J'ouvre difficilement les yeux et découvre un plafond blanc. Tout est plongé dans une atmosphère sombre mais chaleureuse. Je suis allongée sur le canapé et j'entends le feu qui crépite. C'est chaud ici. Ça me donne envie de rester allongée encore un peu. Mais ce ne serait pas convenable. Il faut que je remercie celui qui m'a sauvé.
Je tente de me redresser et je me ramasse une migraine. Purée, c'est douloureux. J'en ai plus qu'assez de devoir dégringoler sur toutes les surfaces! Quand je pose ma main sur ma tête, je sens un pansement sur ma tempe. En plus de m'avoir sauvé, il m'a soigné. Mon regard se tourne et je découvre...
... Arthur.
Non, ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être lui qui m'a sauvé. Je ne peux pas être de retour dans cette maison! Il doit y avoir une erreur. Je suis sûrement en train rêver. Pitié, réveillez moi! Qu'on me dise que ce n'est qu'un cauchemar!
Mais apparemment, tout ça est bien réel. Je suis bien dans le canapé de cette prison. Le psychopathe est bien devant moi, tranquillement assis sur un fauteuil, le regard perdu dans les flammes. J'espère vraiment qu'il se brûlera avec un de ces jours. Et même si il m'a sauvé, ça reste un monstre. Je ne vois pas pourquoi il a eut besoin de me sortir de ce lac.
— Pourquoi tu m'a sauvé? Je demande, déjà irritée.
Mais il m'ignore. Cool. Ce n'est pas parce qu'il m'a sauvé qu'il peut se permettre de me donner des vents comme ça! Cet homme est détestable. Je me lève du canapé pour aller dans ce qui est sensé être ma chambre. Je ne peux pas supporter d'être dans la même salle que lui une minute de plus.
En chemin vers les escaliers, Viviane m'attrape par le bras et me retiens. Pitié, pas elle. Je dois déjà me taper le fou! Ne me forcez pas à supporter sa nounou!
— Vous n'êtes vraiment qu'une ingrate.
— Je n'ai jamais demandé à ce qu'il me sauve.
— Parce que vous ne savez rien de lui. À cause de vous, Arthur a dû ressasser des souvenirs douloureux. Tout ça ne serait pas arrivé si vous étiez restée à votre place.
À ma place? Mais elle se fout de moi? Comment peut-elle me dire de rester à ma place? Je n'ai pas ma place ici! Tout ce qu'il y a dans cette maison appartient à Arthur. Et je veux m'en éloigner. Je retire violemment ma main des griffes de cette sorcière et la foudroie du regard. Toi, tu vas m'entendre.
— Sachez, ma très chère Viviane, que votre Arthur chéri me retient ici contre mon gré. C'est tout à fait normal que je veuille partir!
— Et à cause de ça, il n'est plus lui-même.
— Bon sang, est-ce que vous me comprenez quand je parle? Ce qu'il m'a fait, c'est du kidnapping! C'est lui le fautif!
— Oui, je sais qu'il prend parfois de mauvaises décisions...
Parfois? Quelle a été la seule bonne décision qu'il a pris dans sa vie? Même le choix de la gouvernante est foireux.
— ... Mais il a ses raisons.
Encore des mystères! On pourrait en faire un livre en entier!
— Quelles raisons? Je demande, curieuse.
— Ce n'est pas à moi de vous le dire.
Tiens tiens. Viviane regarde tristement Arthur. Ce dernier a l'air de n'en avoir rien à faire de tout ce qui se passe autour de lui. Il garde ses yeux fixés sur le feu. Je vais jouer une carte que j'aime particulièrement.
— Viviane? Je demande en croisant les bras et en prenant un air sérieux.
Elle plante son regard chocolat dans le mien. Et contrairement à celui d'Arthur, — dans lequel je peux retrouver le vide intersidéral — le sien brille d'inquiétude. Comme une mère s'inquièterait pour son enfant.
— Est-ce qu'il aurait des problèmes? Ça a un rapport avec ses souvenirs?
Elle fronce les sourcils.
— Écoutez, là, ce n'est pas la fille agaçante qui vous parle. C'est le psy. Vous saviez que je suis diplômée en psychologie?
Ça semble l'intéresser. Et je jubile de l'intérieur.
— Viviane, je vois très bien comment vous vous faites du souci pour lui. Si ses problèmes sont liés à ses souvenirs, je pourrais peut-être aider.
— Et pourquoi diable feriez-vous cela?
En moins de deux secondes, la vipère est revenue. J'ai envie de lui arracher les yeux, mais je me retiens.
— Je suis psychologue. C'est mon boulot d'aider les autres avec leurs problèmes. En plus, vous-même vous avez dit que j'étais une ingrate. Ce serait l'occasion pour moi de le remercier.
Viviane reste perplexe. Mais je sens qu'elle a envie que je mette mon grain de sel dans la vie d'Arthur. Un psy gratuit ça ne se refuse pas.
— Vous ne voudriez pas le voir heureux à nouveau?
J'ai touché un point sensible. Le visage de la vieille dame s'adoucit en regardant Arthur. Elle ferme les yeux et soupire. Je crois que j'ai gagné le gros lot.
— Arthur est très perturbé.
Ça, ce n'est pas nouveau. Mais je me retiens de dire ça pour ne pas la couper dans ses aveux.
— Il... Il a perdu sa mère à un très jeune âge.
Je le sais. Elle s'est suicidée devant lui.
— Depuis ce jour, il s'est renfermé sur lui-même. Il pense qu'il a été un mauvais fils — ce qui n'est pas le cas.
— Et puis-je savoir comment sa mère est morte?
Viviane garde le silence pendant quelques secondes. Un voil de tristesse recouvre ses yeux, et je ne dis rien pour respecter sa douleur. Elle a sûrement connu la mère d'Arthur avant qu'elle ne se donne la mort. Ça a dû être dur pour elle aussi.
— Elle s'est suicidée. Et depuis, Arthur s'isole. Il ne dit rien à personne et il souffre en silence. Comme maintenant.
Maintenant? Qu'est-ce que mon sauvetage a à voir avec la mort de sa mère?
— Je ne comprends pas.
— La mort de sa mère l'a beaucoup traumatisé. Elle a sauté dans le lac où vous êtes tombée. Arthur déteste la natation.
Ah, je vois. Un traumatisme. Ça explique certaines choses. En tout cas, ça n'explique pas pourquoi je suis ici. Mais bon, c'est déjà mieux que rien!
— Chaque jour de sa vie, il se demande ce qui se serait passé si il avait tenté de la sauver. Ça hante son esprit et je sais que ce n'est pas bon pour sa santé.
— Oui, effectivement. Les traumatismes peuvent changer radicalement une personne.
— Puisque vous êtes psychologue, vous pourriez faire quelque chose pour remédier à cela?
— C'est justement mon métier. Et comme ça, j'aurais une raison de rester.
Oui, je reste. J'ai dû travail à faire ici. Bizarrement, son histoire me rend triste. Arthur se sent comme un fils inutile. Il pense peut-être que sa mère n'a pas été satisfaite de ce qu'il était. Il aurait aimé la sauver. C'est... Presque attendrissant.
— Et donc, là maintenant, il fait quoi? Je demande.
— En arrivant après vous avoir sauver, il tremblait comme une feuille. Il était tout pâle et il ne tenait plus sur ses deux pieds. Même après s'être séché et changer, il n'a pas arrêté de trembler. Il ne veut parler à personne.
Les conséquences des traumatismes d'enfance. Même si ces séquelles se sont passés il y a bien longtemps, elles peuvent revenir à l'âge adulte et tout détruire. J'avance bien.
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Pour la Bête
RomantizmVous aimez les histoires d'amour impossible? Je suppose que c'est un oui à l'unanimité. Alors, me voilà. Voici mon histoire. J'ai eu la malchance de tomber amoureuse d'un homme qui n'a d'yeux que pour ma sœur. Il pense à elle jours et nuits. À aucu...