🌹Chapitre 10🌹

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Les rayons du soleil viennent me réveiller et j'ouvre lentement mes yeux. Je ne reconnais pas la chambre. Ah oui. J'avais presque oublié. Arthur. Ce sale rat d'égouts. Mais, attendez une minute? Le soleil? Purée, quelle heure est-il?!

Je me redresse vite et regarde l'heure sur la montre posée sur la table de chevet. Huit heures?! Mais comment j'ai pu dormir aussi longtemps?! Si je me rappelle bien, je ne suis pas restée à discuter longtemps avec lui. Qu'est-ce qui s'est passé pour que je me réveille aussi tard? Et d'abord, qu'est-ce qui s'est passé après le dîner?

Je me souviens d'avoir bombarder Arthur de questions sur Sasha. Cet imbécile n'a rien répondu. Puis, après un moment, il a simplement dit qu'il aimait Sasha plus que Conor ne l'aimait. Et qu'elle méritait mieux que lui. Après ça, plus rien. Je ne me souviens de rien.

Ça fait à peine trois jours que je suis ici et je perds déjà les pédales. Je balaie la chambre du regard et retrouve un plateau garni sur la commode. June a dû le ramener quand j'étais encore endormie. Le seul petit problème, c'est que je ne me lève jamais après six heures. Est-ce que ça voudrait dire que le dîner d'hier soir était empoisonné? Il y avait des somnifères dans le repas? Ça ne m'étonnerais même pas si c'était le cas.

J'en ai assez de rester cloîtrée ici. Il faut que je sorte. Je me lève de mon lit et me dirige vers la porte. Verrouillée. Il faudrait que j'arrête d'essayer de défoncer cette porte pour que mon plan fonctionne. Mon regard se perd ensuite sur le plateau. J'ai dit que j'allais rester tranquille, mais qui sait ce que ce psychopathe a mis dans mon assiette. Si il veut me garder en vie, ce n'est pas dans son intérêt de me tuer. Enfin, je crois.

Finalement, je termine mon petit-déjeuner et me met à fouiller dans l'armoire gigantesque. Tout ce qu'il y a là-dedans est vraiment très beau. Je ne sais même pas lequel choisir. Peut-être qu'Arthur croit que je vais accepter de faire partie de sa machination en échange de quelques vêtements de luxe. Eh bien, non. Je n'échangerai ma liberté contre rien au monde.

Finalement, je prends une robe d'été bleue avec de longues manches bouffantes. La jupe est courte et évasée. C'est plutôt joli. Je mets des sandales à lanières et me coiffe les cheveux. Et maintenant? Qu'est-ce que je fais? Je ne vais quand même pas attendre qu'Arthur veuille bien ouvrir cette foutue porte. Il faut que je trouve une solution.

J'appuie sur l'interphone pour appeler June. Pour convaincre Arthur, je dois convaincre tout le personnel. June y compris. C'est vraiment très méchant de ma part de les utiliser pour m'enfuir d'ici, mais c'est pour la bonne cause. Si ils ne voient pas que j'accepte de rester, je vais devoir supporter d'être enfermée entre ces quatre murs jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il veut de ma sœur.

— Oui, Ruby?

— June, tu peux monter s'il-te-plaît?

— Tout de suite.

Allez, c'est parti. Nous verrons si j'ai un talent d'actrice caché en moi. Tout ce que je peux faire en attendant June, c'est tourner en rond dans cette cage. Je sais que cette maison est immense, mais quand même pas au point de prendre cinq minutes — littéralement — pour venir!

Le cliquetis de la serrure se fait entendre et je m'arrête dans ma marche pour lisser ma robe. Les battements de mon cœur se font plus rapide et j'inspire profondément pour tenter de me calmer. June rentre enfin dans la chambre.

— Me voilà, Ruby. En quoi puis-je vous aider?

— Eh bien, je m'ennuie toute seule dans cette chambre. Est-ce que je pourrais sortir?

— Euh... Je suis désolée, mais le maître m'a formellement interdit de vous laisser sortir.

— Je t'en prie, laisse-moi sortir. Je te promets que je je n'essaierai pas de m'enfuir à nouveau. Je vais mourir d'ennui ici.

June semble vouloir ouvrir grand la porte et me laisser y aller. Mais elle a sûrement peur de se faire réprimander par son maître. Pourquoi est-ce si difficile de convaincre des gens?

— Tiens, je vais rester près de toi, comme ça, tu verras que je ne vais nulle part.

— Je ne sais pas...

— Et si Arthur essaie de te gronder, je te défendrai.

Elle reste silencieuse et semble réfléchir. Pitié June, accepte.

— C'est d'accord.

Est-il trop tôt pour une petite danse de la victoire?

— Mais vous restez à proximité! Si vous osez disparaître, vous aurez ma mort sur la conscience.

Je pose rapidement la main sur le cœur et lève l'autre. C'est trop beau pour être vrai!

— Je jure solennellement de ne pas disparaître.

— Ce n'était pas nécessaire de faire ça.

Ma domestique attitrée ouvre enfin cette porte. Mes pieds restent plantés au sol quand j'aperçois enfin le couloir. Prépare-toi, Arthur. Cette porte ouverte est un mauvais signe pour toi. Je sors de la chambre, June sur mes talons. Premier point à l'ordre du jour, amadouer les employés pour gagner leur confiance. Et les trahir après. Ça sonne vraiment mal dit comme ça.

—:Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? Je demande à June.

— Je dois m'occuper du repas de midi.

— Déjà? Mais Arthur habite seul si je ne me trompe pas.

— Oui. Mais je dois aussi m'occuper du repas de tous les domestiques. Et je dois vous dire qu'il n'y en a pas que deux.

— Combien il y en a?

— Eh bien... Il a les femmes de chambres, les cuisinières, le majordome, la gouvernante, les jardiniers, les agents de sécurité et...

— Attends, mais il dois y en avoir une quarantaine! Tu t'occupes de tous ces gens toute seule?

— Non. Il y a d'autres cuisinières.

Je suis sûre que même Louis XIV n'a pas eu autant de domestiques à son service. Arthur habite seul dans ce château de Dracula et il a beaucoup de personnel! Et maintenant que je prends le temps de regarder autour de moi, tout est propre. Pas le moindre grain de poussière. C'est comme si il attendait la venue de quelqu'un. Ou bien, c'est un maniaque de la propreté.

On arrive en cuisine et la totalité des employées me lance des regards surpris. Je n'ai jamais aimé avoir les yeux des gens braqués sur moi. Tout ce que je fais, c'est secouer doucement la main et les saluer. Bizarrement, aucune d'elles ne me répond. Elles se détournent et chuchotent entre elles.

— Je peux aider? Je demande, recevant encore une fois de mauvais regards.

— Non, ce n'est pas la peine.

— Mais si, j'insiste.

Et avant qu'elle ne puisse riposter encore une fois, je prends un couteau et commence à découper les tomates. Derrière moi, j'entends des murmures qui ne sont sûrement pas des commentaires sur le repas.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant