🌹Chapitre 60🌹

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Arthur.

C'est avec cette pensée que j'émerge de mon sommeil. Mes paupières sont lourdes, ainsi que tout mon corps. La fatigue a engourdi tous mes muscles et je n'ai pas la force de me lever du lit. Et pourtant, je ne devrais pas me reposer alors que...

Toute trace de fatigue disparaît quand je repense aux événements qui viennent de se passer. Et en parlant de ça, combien de temps ai-je dormi? Quel jour sommes-nous? Et puis, où est-ce que je suis? Ce n'est clairement pas ma chambre, que ce soit celle que j'occupais chez Arthur ou bien celle chez mes parents. Les bips qui se font entendre me donnent un indice sur l'endroit où je me trouve.

— Ça y est, elle est réveillée.

Quand je tourne la tête, Sasha est déjà à mes côtés, l'air inquiète. Près d'elle, il y a Conor. Je suis si heureuse de les revoir après des semaines de séparation. En fait, je ne peux pas déterminer si j'ai été captive chez Arthur pendant des semaines ou des mois. J'ai perdu la notion du temps dès que j'ai commencé à comprendre que je l'aimais. Le couple m'offre un sourire se voulant réconfortant, malgré les horreurs que nous avons vécu. J'essaie de leur rendre la pareille, mais tout ce que j'arrive à faire, c'est une grimace.

— Ruby, je suis tellement contente que tu sois en vie et que tu ailles bien.

— Moi aussi, je suis contente de te revoir, Sasha.

Mais juste après, elle perd son sourire. Je sais pourquoi. Et je sens qu'elle ne va pas tarder à me poser la question.

— Dis-moi, tout ce que tu as dit à Nicolas,... c'était vrai?

Oui, tout était vrai. Je n'ai rien édulcoré. C'est la vérité pure et crue, que ma sœur ne veut pas croire. Je la comprends. Si elle avait fait la même chose, je ne lui aurait accordé aucune crédibilité. Sasha est beaucoup trop gentille. Elle est la grande sœur parfaite. Et nous nous connaissons comme personne. Nous avons toujours eu une relation très fusionnelle. Rares sont les fois où nous nous sommes disputés. Alors, apprendre aussi brusquement que je suis une meurtrière et que je suis tombée amoureuse de mon kidnappeur, ça doit faire un sacré choc.

Mais je ne nierai rien. Je n'irai pas à l'encontre de ce que je ressens pour lui afin de sauver ma peau. Parce que c'est ce qu'il attend et c'est ce dont il a besoin. Il a besoin d'une épaule pour pleurer quand il est triste, d'une compagnie agréable pour partager sa joie, de quelqu'un qui l'aime pour ce qu'il est, inconditionnellement. Et maintenant qu'il a compris que cette personne, c'est moi, il est hors de question que je me défile. J'ai trop travaillé pour en arriver là. Les fruits de mon dur labeur sont enfin à portée de mes mains. Je ne vais pas tout nier rien que pour rassurer ma sœur.

— Tout est vrai. Confirmais-je.

Sasha est sur le point de faire une attaque. Ce serait étonnant à son âge. Elle est encore si jeune. Mais qui ne ferait pas une crise en apprenant une telle chose? Ma sœur me prend la main et plonge son regard dans le mien. Peut-être espère-t-elle que je craque et que je finisse par dire que tout ça n'était qu'une machination d'Arthur. Elle espère tellement, ça se voit dans son regard. Mais, très chère grande sœur, je ne suis plus la gentille petite Ruby qui ne fait de mal à personne.

— Non, ça ne peut pas être vrai. Arthur t'a sûrement forcé à dire tout ça. Il t'a sûrement fait quelque chose. Ce n'est pas toi qui a tué tous ces gens. Toi, tu n'es pas comme ça.

Oh, Sasha... Tu crois encore en mon innocence malgré le fait que je sois coupable. Je t'aime tellement, grande sœur. Toi, tu ne m'as jamais blâmé. Tu cherches toujours le bon en moi, même si je suis la fautive. Je sais que tu ne mérite pas que nous te fassions vivre un tel enfer. Mais que veux-tu? C'est un mal pour un bien. Un mal pour le bien de tous. Devant ses grands yeux larmoyants, j'arrive à lui faire un sourire.

— Parfois, on fait des choses stupides, par amour. Dis-je.

— Oui, mais pas ce genre de chose.

— Chaque amour est différent. Chacun a sa façon d'exprimer l'amour. La mienne, c'est celle-là.

— Mais ça, ce n'est pas toi.

— C'est toujours moi, Sasha. C'est juste... une partie de moi qui n'attendait qu'à se réveiller.

Elle capitule en baissant la tête et en laissant une larme couler.

— Hey, ne pleure pas. Je pense que c'est de famille, la folie.

— Comment ça? Demande-t-elle, la voix tremblante.

— Toute personne saine d'esprit aurait été déçu que sa sœur ait pu commettre un acte aussi inhumain. Mais toi, tu ne vois que le bien en moi. Ce n'est pas normal.

Je lui arrache un rire et elle efface ses joues rougies. Conor prend ensuite part à notre conversation en parlant d'Arthur. Et en pensant à lui, je me rappelle de la dernière chose qu'il m'avait dit avant de fermer les yeux.

Je t'aime...

Une phrase qui a sûrement dû se battre pour sortir de sa gorge. Il était blessé. Il saignait beaucoup. Le verdict du médecin n'était pas très encourageant non plus. J'espère qu'il s'en est sorti.

— Et donc, pour Arthur? Demande mon beau-frère.

— Où est-il, justement? Qu'est-ce qui s'est passé après que je me sois évanouie?

— Les secours ont réussi à vous évacuer. Ils ont immédiatement emmener Arthur au bloc opératoire et il est sorti il y a à peine quelques heures.

— Comment il va?

— Les médecins ont dit que sa vie n'était pas en danger.

Quel soulagement. Je suis enfin tranquille.

— Est-ce qu'on peut aller le voir?

— Je pense que oui.

Et après avoir demandé à une infirmière, nous entrons dans la chambre d'Arthur. Quand les yeux se posent sur lui, je ne peux m'empêcher de sourire. Ça y est, j'ai ma fin de conte de fées. J'ai atteint mon objectif. Assis sur le lit, mes yeux s'accrochent à son regard effrayé. On dirait un chaton. Alors, je me précipite pour aller le serrer dans mes bras et il me rend mon étreinte. Cette fois-ci, il me serre comme je l'ai rêvé. Il me tient dans ses bras comme je le voulais. Il caresse mes cheveux comme il le faut.

— Tu vas bien... Souffle-t-il.

— Oui, je vais bien.

— J'ai cru que j'allais te perdre.

— C'est plutôt moi qui devrait dire ça.

Nous nous écartons l'un de l'autre pour qu'il puisse attirer mon visage vers le sien et m'embrasser. C'est tout ce dont j'ai rêvé depuis un certain temps. Qu'il m'aime enfin. Derrière nous, Conor et Sasha n'osent pas nous interrompre, probablement gênés par la situation. Quand nous mettons fin à notre baiser, le coupe s'approche et Arthur tient ma main. Il n'a plus à s'inquiéter parce que plus jamais je ne partirai loin de lui. Je serai toujours là pour le soutenir.

— Conor, Sasha... Commence-t-il. Je suis sincèrement désolé pour tout ce que je vous ai fait subir.

— Ça ne change pas le fait que tu nous a menti. Répliqua amèrement Sasha.

— Je sais. Mes excuses n'effaceront pas mes torts et tout le mal que je vous ai fait. Mais c'est tout ce que je peux faire.

— Comment te croire après tout ça?

— Tu as le droit de m'en vouloir. Mais s'il y a bien une chose de vraie dans tout ce que j'ai dit, c'est que j'aime Ruby. Je l'aime de tout mon être. J'ai mis du temps à le comprendre, mais quand j'ai réalisé qu'elle était la personne capable de faire le pire pour moi, j'ai cessé de me voiler la face.

Je l'aime. Moi aussi, je l'aime de toutes mes forces. Conor se racle la gorge, légèrement mal à l'aise.

— C'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce qu'on fait par rapport à l'enquête?

— Laisse-moi faire. Réplique Arthur.

Il se retourne vers moi et me sourit. Ce sourire, c'est la promesse d'un jour nouveau. Le soleil se lève enfin, après une éternité à tâtonner dans les ténèbres. Je s'en qu'une chaleur agréable va nous envelopper tous les deux et chasser le froid qu'il y avait.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant