🌹Chapitre 49🌹

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— Mademoiselle, réveillez-vous, s'il-vous-plaît.

Mais je suis réveillée. Je ne veux juste pas me lever de cette banquette. Un peu plus tôt, j'ai réussi à convaincre le chauffeur de ne pas me ramener chez moi. Ce serait beaucoup trop dur de faire semblant devant mes parents. Je ne peux pas prétendre que tout va bien parce que rien ne va.

— Vous êtes sûre de ne pas vouloir rentrer chez vous? Votre famille ne vous manque pas?

— Monsieur, s'il-vous-plaît, taisez-vous.

J'ai arrêté de pleurer. Mais ça ne signifie pas que mon cœur à arrêté de le faire. Lui hurle toujours dans ma poitrine. Il n'a pas cessé de crier le nom d'Arthur tout la journée. Maintenant que la nuit est tombée, je n'ai plus aucune force. Allongée sur la banquette arrière, j'attends. Je ne sais pas ce que j'attends, mais je reste là sans rien faire. Le chauffeur a été assez gentil avec moi, aujourd'hui.

— Mademoiselle, le maître vous fait une fleur, là. Ce n'est pas tous les jours qu'il est aussi gentil. Profitez-en et rentrez chez vous.

Je lui suis reconnaissante de m'encourager autant, mais je n'ai pas la motivation de rentrer. Je crois plutôt que je vais commettre les pires choses de toute vie. Si ça peut permettre à Arthur de me reprendre, je le ferais. Alors, résolue, je me redresse et ouvre mon poing. Quand je retrouve la feuille – désormais froissée – je n'ai plus qu'une chose en tête: sauver Arthur. Jamais je ne le laisserai. Ça, il peut en être sûr.

— Dites-moi, vous me rendrez un petit service?

— Tout ce que vous voudrez, mademoiselle.

— Tout, vraiment?

— Si ça peut vous permettre d'arrêter de pleurer, oui.

— Alors, emmenez-moi à ces adresses.

Je lui tend la feuille froissée et il me lance un regard rempli d'incompréhension.

— Mais pourquoi?

— Ne posez pas de questions et allons-y. Nous avons du pain sur la planche.

C'est après avoir dégluti et hoché la tête qu'il démarre la voiture. Nous sommes restés garés sur cette place de parking assez longtemps. Dehors, le soleil ne montre plus que ses derniers rayons. Ce soir, je vais sauver Arthur, quitte à mettre ma vie en péril.

Quand les étoiles se font un peu plus nombreuses, on arrive devant une jolie maison. Celle des Morgan. Madame Carolina Morgan et son époux n'ont pas eu la chance d'avoir des enfants. Parfait. Le travail sera encore plus facile pour moi. Je laisse alors mon manteau dans la voiture avant d'enjamber la clôture. Il n'y a personne dans les environs, ce qui m'arrange bien. Je ne tiens pas à être vue par les voisins. Le tour de la maison fait, je remarque qu'il y a une fenêtre qui n'est pas fermée. Et comme par hasard, c'est celle de la salle de bain.

Vous me facilitez la tâche, madame Morgan. Quand j'arrive à entrer dans sa salle de bain, je vois son peignoir de soie accroché près de sa serviette. Quand à elle, elle est face au miroir, habillée d'une robe de chambre. Elle ne se doute même pas que je suis là. Je prend alors son habit et l'enroule pour qu'elle finisse en torsade. Assez pour l'étrangler. Et c'est ainsi que je procède. Je la prend par surprise et elle n'a même pas le temps de refermer sa boîte de crème de nuit qu'elle se retrouve avec son propre peignoir autour du cou.

Un son guttural sort de sa bouche et elle se débat alors que je raffermi ma prise. Pardon madame, mais vous savez beaucoup trop de choses sur un sujet qui me concerne. Bientôt, la dame arrête de bouger, faisant tomber tout le poids de son corps sur moi. J'attache alors un bout du peignoir autour de sa gorge et puise dans toutes mes forces pour trainer son corps. Ça me prend une bonne quinzaine de minutes avant qu'elle ne finisse accrochée au plafond. Comme ça, ça passera pour un suicide.

Une de moins.

***

Une ou deux heures plus tard, je me retrouve à prendre une voiture de police en filature. L'agent James Alister n'était pas au poste de police quand mon chauffeur avait demandé. Son collègue avait répondu que c'était son tour de patrouille. Encore plus simple. Je n'aurais pas à entrer dans un endroit rempli de policiers pour le tuer. Ça fait déjà quelques minutes que nous sommes à bonne distance de ma cible et cette dernière ne s'arrête que devant une supérette. Celui n'étant pas au volant sort du véhicule pour entrer dans le magasin. C'est mon tour.

Je sors de ma voiture et entre dans celle du policier. Je ne suis pas sûre que ce soit lui. Si ce n'est pas celui sue je cherche, je m'en irai, prétextant m'être trompée de voiture. Mais si c'est lui...

— Excusez-moi, ce n'est pas un taxi, vous vous êtes trompé.

— James Alister? Je demande.

— Oui, c'est bien moi. Qui le demande?

C'est sans hésitation que je me penche pour lui trancher la gorge avec un couteau volé chez madame Morgan. J'ai aussi pris le soin de lui piquer ses gants de toilette. Je ne veux pas qu'on retrouve mes empreintes dans la voiture. Une vague de sang gicle sur son volant avant qu'il ne se penche à son tour pour ne plus se redresser. Aussi vite que je suis entrée, je sort de la voiture avant que son collègue ne revienne. Quand je remonte dans mon propre véhicule, mon chauffeur démarre immédiatement.

Je l'aime bien, lui. Il ne dit rien et se contente d'obéir. Bon, ça fait deux de moins.

***

C'est avec la même ruse qu'avec le docteur Morgan que j'arrive à entrer dans l'hôpital. Je prend le même chemin et me retrouve à la morgue. Presque rien m'a changé ici. Il y a toujours des corps, mais plus les mêmes. Et ils ne sont plus dans la même disposition. Certains sont recouverts d'une sorte de bâche bleue. Je sors de ma contemplation quand j'entends les portes de la morgue s'ouvrir. Un autre médecin entre, les yeux collés sur un carnet. Quand il me voit, il ne m'accorde même pas une once d'attention.

— Karen, vous avez apporté le dossier de 1032? Sa famille vient le chercher demain.

Je pense qu'il parle d'un de ces cadavres attendant sur des tables. Bientôt, vous n'aurez plus à vous soucier de vos cadavres bien aimés, mon cher. Vous serez même l'un d'entre eux. Je m'approche de lui alors qu'il n'a toujours pas relevé sa tête de son fichu carnet. Très bien, au moins, je n'aurais pas à m'occuper de lui comme je me suis occupée de son collègue. Le couteau avec lequel j'ai tué le policier est aussi celui avec lequel je transperce la gorge d'Alister.

Voilà. C'est fini. Il n'y a plus rien qui puisse atteindre Arthur. Si ça fait de moi une psychopathe, ce n'est pas grave. Je le fais par amour. C'est ma signature de tueuse en série. Tuer par amour. Je ne regrette rien de ce que je viens de faire. Ne feriez-vous pas la même chose si vous aviez un amour aussi incendiaire que celui qui brûle en moi? Moi, je n'hésiterai pas à recommencer encore et encore jusqu'à ce que j'en meurs. Si ça peut aider l'amour de ma vie. Je suis prête à tout pour lui. Même du pire.

Parce que je l'aime.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant