🌹Chapitre 36🌹

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— Je veux que vous me répondiez! Allez, parlez!

Tous les employés avaient la tête baissée devant la colère d'Arthur. Qu'est-ce qui lui prend? Ce matin à peine, il n'était pas comme ça. Est-ce qu'il se serait passé quelque chose au travail? Est-ce que ça a un rapport avec Sasha? Ma curiosité me ronge de l'intérieur. Je ne peux pas attendre plus. Pendant qu'il hurle sur ses domestiques, j'écoute. Il n'a pas l'air très content. Et ses interlocuteurs ont l'air d'être terrifiés. Après tout, qui ne le serait pas? Arthur est une vraie bête quand il s'y met.

— Si personne ne se met à parler, vous serez tous virés!

Virés? Même June? Bon sang, qu'est-ce qui lui prend? Je ne l'ai jamais vu aussi en colère que ce soir. Il s'était sûrement passé quelque chose de très grave au travail pour qu'il arrive jusqu'à crier sur ces pauvres gens. Je ne peux pas accepter ça. Il a beau être le patron ici, je ne le laisserai pas hurler sur ses employés comme si ils étaient des chiens. Révoltée, je sors de ma cachette et descend pour rejoindre la petite fête.

— Arrête de crier, ils n'ont rien fait.

Il se retourne vers moi et son regard brûle de colère. Je suis sûre qu'il serait capable de tuer si on ne lui donnait pas ce qu'il demandait. Je regarde les femmes de ménages, les gardiens et tous les autres employés de cette maison avant de me reconcentrer sur Arthur. J'ai beau l'aimer, je n'acceptetai pas qu'il traite ses domestiques comme ça. J'arrive devant lui et lève le menton pour lui tenir tête.

— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour mériter ça?

— Ce ne sont pas tes affaires, Ruby. Remonte.

— Non, je ne le ferai pas.

— Je t'ai dit de remonter. Dit-il, un peu plus en colère.

— Ou sinon quoi? Tu vas faire quoi si je refuse?

Arthur soupire. Je l'exaspère? Bah j'en ai rien à faire! Je suis une vraie tête de mule quand je m'y mets. Et il ne va pas se débarrasser de moi comme ça.

— Ruby, on parlera plus tard. Là, j'ai un problème à régler.

— Parfait, alors allons dans ton bureau pour en discuter.

— Je n'ai pas le temps de...

— Allons-y.

Et sans qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, je passe mon bras sous le sien pour le trainer jusque dans son bureau. Pour ce soir, on discutera. On réglera le problème. Arthur semble réticent face à ma détermination. Mais je ne vais pas le laisser blâmer des gens probablement innocents. Quand on arrive dans son bureau, je prend place sur un fauteuil et lui sur un autre. Nous sommes face à face et il pose ses coudes sur ses genoux avant de se frotter le visage.

— Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi tu hurles sur tes employés?

Mais il ne me répond pas. Il continue à se masser le front et lâche un soupire.

— J'espère que ce n'est pas pour une histoire de smoking mal repassé.

— Ça n'a rien à voir.

— Alors quoi?

— C'est très compliqué.

— Essai quand-même d'expliquer.

Il lâche un nouveau soupire et se redresse pour s'adosser. Son regard se plante dans le mien et j'en suis toute chamboulée. Quand il me regarde comme ça, je me sens étrange. Je sens que tout mes sens sont en alerte. Il est imprévisible et il se pourrait qu'il passe ses nerfs sur moi. Peut-être qu'il va réagir comme avant. Quand nous étions encore en très mauvais termes. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas me disputer avec lui. Tout ce que je veux, c'est le soigner et être là pour lui.

— Tout ça, c'est parce que je veux Sasha.

Encore. Encore ça. Encore elle. Mon poing se referme et je me retiens de pleurer. Tout ce qui se passe, c'est uniquement pour elle. Tout est toujours pour elle. Et moi dans tout ça? Est-ce qu'il le fait exprès? Son but est-il que je déteste ma sœur? J'en ai assez de passer après elle. Mais je ne dois pas montrer à Arthur que ça me dérange. Il faut que j'encaisse.

— Tu sais pourquoi je te garde ici? Demande-t-il.

— Non et j'attends ta réponse depuis longtemps.

— J'avais pour but de conquérir Sasha en t'utilisant.

— Comment? Tu comptais me menacer de mort si elle ne voulait pas t'épouser?

— Non. Elle m'épousera de son plein gré.

— Alors, qu'est-ce que je fais ici?

— J'avais prévu d'accuser Conor de ta disparition.

Quoi? Pourquoi Conor? Ça commence à me retourner la tête. Je savais qu'il avait prévu de se débarrasser de Conor, mais de là à l'accuser de m'avoir enlevé, c'est complètement fou. Conor est l'homme le plus gentil du monde. Il serait incapable de kidnapper quelqu'un. D'autant plus qu'il n'a aucune raison de vouloir m'enlever.

— J'ai déjà mis en place tout un plan pour le faire couler. J'ai déjà les témoins, les preuves et beaucoup d'autres choses pour le faire accuser de kidnapping et de trafic d'organes. Il sera inculpé pour avoir tenté de vendre tes organes.

Non. Il n'a pas pu organisé une chose pareille. Ce n'est pas possible. Dites-moi que je rêve. C'est un cauchemar. Je vais me réveiller. Arthur ne peut pas être une si mauvaise personne. Pitié, dites-moi que ce n'est qu'un rêve. Par pitié.

— J'aiderai Sasha à découvrir la vérité sur lui. Et quand on aura tout découvert et qu'on t'aura sauvé, elle me sera éternellement reconnaissante. Conor ira en prison et j'aurais enfin ma fin heureuse. Mais il y a juste un petit problème.

Dis-moi que tu m'aimes. Dis moi que tout ça, c'était avant de me rencontrer. Dis-moi que tu t'es rendu compte que j'étais là, à tes côtés.

— Il y a quelqu'un qui commence à fouiner. Il sait que c'est moi qui t'ai enlevé.

— Qui c'est?

— Un certain docteur Henri Morgan. 

— Tu crois qu'il serait capable de te dénoncer?

— Quand il aura des preuves suffisantes, oui, il le fera. Et alors, j'irai en prison. Je ne sais pas comment il a su, mais je suis sûr que quelqu'un l'a averti.

Non. Je ne veux pas qu'il aille en prison. Je n'ai pas encore réussi à le guérir. Il ne peut pas. Il doit rester libre. Mais pour que cela se fasse, il faut que monsieur Henri Morgan tienne sa langue. Je n'ai pas fini mon travail ici. Il y a encore tant de chemin à parcourir.

— C'est pour ça que tu t'es mis à crier sur les employés?

— Oui. J'ai pensé qu'il avait communiqué avec eux.

Henri Morgan.

Henri Morgan.

Docteur Henri Morgan.

Tu arrives au bon moment, très cher. Grâce à toi, je vais pouvoir prouver à Arthur que je suis celle qu'il lui faut. Après avoir entendu sa confession, je suis encore plus déterminée à le guérir. Et quand ce sera le cas, tout se calmera. Personne n'ira en prison. Ni lui, ni Conor. Il faut que je pense à une stratégie.

Je fais tout ça pour toi, Arthur.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant