Quand j'ouvre mes yeux, je découvre que je suis dans ma chambre. Puis, les évènements de la veille me reviennent en tête et je me redresse rapidement. Qu'est-ce qui s'est passé après que j'ai... ? J'ai du mal à m'en rappeler. L'adrénaline était montée en flèche hier soir. Je suppose que je me suis endormie dans la voiture après ça. Et c'est Arthur qui m'a porté jusqu'ici? Je me frotte les yeux et m'étire avant de sortir du lit. Il faut que j'ai une discussion avec Arthur. Et je suppose que lui aussi doit penser la même chose. Après tout, je suis partie sans rien lui dire pour aller mettre fin aux jours d'une personne.
Je sors dans les couloirs et découvre qu'il est encore tôt. Les rideaux des fenêtres du couloir sont tirés, laissant passer les faibles rayons du soleil qui commence à peine à se lever. Tiens, j'aurais parié qu'avec ce qui s'est passé hier soir, je serais fatiguée comme jamais. Mais j'ai quand même gardé cette habitude de me lever tôt. Et si il est encore tôt, ça veut qu'Arthur n'est pas encore parti travailler. C'est ma chance de pouvoir lui parler.
Pieds nus, je longe les couloirs pour aller dans son bureau. Mais en ouvrant la porte, je ne le retrouve pas. Évidemment. Que pourrait-il bien faire dans son bureau à une heure pareille? Sauf bien sûr s'il a dormi dedans, ce qui serait un peu ridicule. Il a une chambre avec un lit très confortable. Il ne va tout de même pas se déranger à rester dans son bureau. Je me dirige alors vers sa chambre. Et à ma plus grande joie, je l'y retrouve, déjà prêt à quitter la maison.
— Bonjour. Dis-je en refermant la porte derrière moi.
Arthur se retourne et fini de nouer sa cravate. Quand il me voit, j'ai l'impression qu'il se fige. Ses yeux restent fixés sur moi, pour je ne sais quelle raison. Je n'ai pas la capacité d'entrer dans sa tête pour savoir ce qu'il pense, alors j'aimerais qu'il me dise quelque chose. Je voudrais m'assurer qu'il n'est pas en colère contre moi.
Mais qu'est-ce que tu racontes, pauvre folle?
Bien sûr qu'il va être furieux! Il avait sûrement déjà un plan en tête concernant le docteur. Et un plan qui était sûrement moins radical et extrême que le mien. J'ai tout gâché, c'est ça? Est-ce que c'est ce qu'il veut me faire comprendre en me lorgnant de cette façon? Soudain, je me sens bizarre. Comme une enfant qui vient de faire une bêtise et qui a honte quand elle se fait prendre. J'ai fait une belle boulette.
Penaude, je baisse les yeux vers ses draps et croise les bras. Ça, ça ne joue vraiment pas en ma faveur. En attendant qu'il me crie dessus, je me mord la lèvre inférieure. Je sens que ça va faire mal. Et je ne parle pas de douleur physique. Non, Arthur n'est pas un homme aussi violent. Je parle d'une douleur pire qu'un coup de poignard. Celle qui est si difficile à guérir et qui vous creuse de l'intérieur jusqu'à ce qu'il ne reste plus de vous qu'une épave. Une douleur au cœur. Et je suis prête à l'encaisser.
J'entends ses pas se rapprocher et il s'arrête pile devant moi. Puis, contre toutes mes attentes, il pose un doigt sous mon menton pour redresser ma tête. Je me brise en plongeant dans ses yeux. Il me fait le même effet à chaque fois. Je ne suis plus rien quand il est là. Rien qu'une poupée de chiffon prête à se soumettre à ses moindres désirs. L'intensité avec laquelle il me regarde me déstabilise. Je pensais qu'il allait être en colère, ou qu'il allait m'ignorer. Mais ce n'est pas ce sentiment que je retrouve dans ses prunelles marrons, ce qui devrait me rassurer.
— Tu devrais te reposer, la nuit a été éprouvante. Dit-il.
Mon cœur ne cesse de battre plus vite. Il s'inquiète pour moi. Est-ce que c'est vrai? Est-ce réel, ou bien je dors encore? Sait-il ce que ses mots représentent pour moi? Il est tout mon univers. N'importe laquelle de ses paroles a une importance capitale pour moi. J'espère que ce n'est pas pour me faire la morale plus tard qu'il dit ça. Pour éviter cela, je cherche les mots adéquates pour lui répondre.
— J'ai fait ça pour toi.
— Pour moi? Demande-t-il avec un sourire que je ne lui connaissait pas.
Mon cœur fond dans ma poitrine. C'est le genre de sourire adorable qu'on attend d'un petit-ami à qui on a donné un cadeau de Saint Valentin. Je souris aussi.
— Oui.
— Pourquoi? Je n'ai jamais été gentil envers toi. Je t'ai enlevé et séquestré. De plus, je profite de ta gentillesse pour effacer mes problèmes le temps d'une nuit.
Je secoue légèrement la tête. Il n'a pas à se blâmer.
— Je crois que c'est ce qu'on appelle l'amour inconditionnel.
— Ruby... Souffle-t-il en fermant les yeux. On en a déjà parlé.
— Je sais. Mais tu sais, je ne cherche pas à te détourner de ton objectif. Je ne fais que te dire que je t'aime. Tu n'as pas besoin de m'aimer en retour.
Même si c'est ce que je veux.
Il me sourit encore et caresse ma joue. Au moins, il ne m'a pas rejeté. Je lui rend son sourire et me met sur la pointe des pieds pour lui coller un chaste baiser sur les lèvres. Ça n'a pas l'air de le déranger. Il s'écarte ensuite et prend une grande inspiration.
— La prochaine fois que tu comptes tuer mes ennemis, préviens-moi.
— C'est d'accord.
Je sais qu'il ne dit pas ça sur le ton de la plaisanterie. Parce que oui, il a beaucoup d'ennemis. À savoir, ceux à qui le docteur Morgan a fait part de ses soupçons. Je ne sais pas encore qui sont ces gens, mais je ne vais pas tarder à le découvrir. Et je doute qu'Arthur émette une objection à ce que je balaie un peu sa route. Mais ce sera difficile de les trouver, étant donné que je ne sais quasiment rien de ce médecin.
Quoi qu'il en soit, tout se passe finalement bien pour moi. Arthur n'est pas en colère, il a même l'air satisfait de ce que j'ai fait. Le connaissant, il va user de ses contacts pour faire disparaitre les preuves de notre passage à l'hôpital. On forme une bonne équipe, tous les deux. Mais il s'entête à ne pas le voir. Ce n'est pas grave. Un jour, il comprendra. Je suis sûre qu'un jour, on sera heureux. Arthur quitte alors sa chambre, me laissant à l'intérieur, souriant comme une idiote.
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Pour la Bête
Roman d'amourVous aimez les histoires d'amour impossible? Je suppose que c'est un oui à l'unanimité. Alors, me voilà. Voici mon histoire. J'ai eu la malchance de tomber amoureuse d'un homme qui n'a d'yeux que pour ma sœur. Il pense à elle jours et nuits. À aucu...