🌹Chapitre 18🌹

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Je n'arrive plus à bouger. C'est trop pour moi. L'homme qui a accroché ces photos n'est pas humain. C'est un monstre. Une bête. Mes tremblements ne s'arrêtent plus quand je découvre à qui j'ai réellement affaires. Ce n'est pas humain tout ce qu'il fait. Ce n'est tout bonnement pas de l'amour. C'est une obsession très poussée.

— Ruby.

C'est lui.

Pétrifiée par le choc, il me faut un effort surhumain pour tourner la tête. Cet homme devant moi est un monstre. Je n'ai jamais vraiment eu peur de personne par le passé. Mais là, je ne suis plus capable de rien faire. J'ai peur de ce qu'il pourrait me faire. Si ces photos sont sordides, je n'imagine même pas la raison pour laquelle je suis ici.

Il faut que je m'en aille. Au diable le plan. Je dois à tout prix sortir de cette maison de fous. Le visage d'Arthur est encore plus effrayant après avoir découvert ce qu'il faisait. Et il n'a pas l'air content de me voir dans sa chambre.

— Sors d'ici.

Sa voix grave parvient à mes oreilles et me donne des sueurs froides. J'ai envie de sortir, mais je n'y arrive pas. De un, parce que je suis figée. De deux, parce qu'il bloque la porte. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il pourrait me faire si je me rapproche. Et puisque je ne l'approche pas, c'est lui vient à moi. D'un pas déterminé, il traverse la chambre.

Qu'il ne s'approche pas. Je recule de deux pas en le voyant arriver. Je regrette mon comportement de ces derniers jours. Si je savais que c'était un monstre, j'aurais pris mes distances. Maintenant, il est trop tard. Je recule de plus en plus en voyant qu'il ne compte pas s'arrêter. Finalement, mon dos rencontre une commode. Arthur se plante devant moi et me foudroie du regard.

Et ce n'est pas un des ces regards qui tuent. Non. C'est regard qui vous transperce jusque dans votre âme. Le genre de regard qui donne envie de se taper la tête contre une table jusqu'à en mourir, tellement on aimerait arrêter de vivre rien que pour ne plus voir ces yeux.

— Sors d'ici.

Toujours sous le choc, je ne bouge pas.

— Je t'ai dit de sortir!

Un écho épouvantable résonne dans la chambre, ce qui ne régularise pas mon rythme cardiaque. L'air a déserté. Même l'oxygène a peur de lui. Mes tremblements s'intensifient et je sens que mes jambes vont me lâcher. Mais je ne peux pas rester ici. Je ne veux pas voir une seule minute de plus cette salle.

Réunissant ce qui me reste du courage, je me décolle de la commode pour me diriger vers la porte. Arthur est derrière moi. Il m'observe, je le sens. Par miracle, je sors vivante de sa chambre. Mon cœur n'arrête pas de marteler ma poitrine. Le son de la porte qui claque violemment me fait sursauter.

Je veux partir. Je veux m'en aller. Tout de suite. Peu importe comment mais je veux quitter ce manoir. Sous le coup de l'adrénaline, j'arrive à trottiner dans les escaliers pour arriver au rez de chaussée. Ce n'est que quand je m'apprête à heurter June que je m'arrête.

— Ruby, le déjeuner est prêt.

Est-ce que June sait ce qu'il y a dans la chambre d'Arthur? Est-ce qu'elle est au courant des horreurs accrochées au mur de la chambre?

— Merci June, mais je n'ai pas faim.

— Eh bien, faim ou pas, le maître est rentré et il veut vous voir.

— C'est d'accord. Mais laisse-moi faire un tour dans le jardin avant de manger.

June hoche la tête. Elle quitte les lieux et me laisse seule, en proie à l'angoisse. Il faut que je trouve un moyen de partir. Préférablement, une voiture. Je tourne le regard et vois les clés d'une voiture. Sûrement celle de mon geôlier. Sans réfléchir, je saisi les clés et m'assure que personne ne m'a vue.

À grandes enjambées, j'atteins les grandes portes et sors. Dehors, une voiture attend patiemment qu'on la remette au garage. Je descends les marches de marbre et m'approche du véhicule. Il faut que je m'assure que c'est bien celle d'Arthur. J'appuie sur l'un des boutons de la petite télécommande dans les mains et la voiture émet des bips.

— Mademoiselle, vous ne pouvez pas utiliser cette voiture.

Le gardien vient dans ma direction. Sans attendre qu'il arrive, je rentre dans la voiture et la démarre. Ce gardien de portail ferait mieux de dégager si il ne veut pas finir en carpette. Il commence à courir vers moi. Soit. Si je dois tuer quelqu'un pour avoir ma liberté, je le ferai.

J'appuie sur l'accélérateur et le gardien fait un grand saut de côté pour ne pas se faire écraser. Ses collègues s'écartent aussi et je démoli le portail. Les barrières de fer tombent au sol dans un bruit assourdissant. J'arrive enfin en dehors de cette propriété de malheur et j'entends les membres du personnel paniquer. Quand je tourne la tête vers la porte, je vois Arthur. Il n'est pas content.

Va au diable, espèce de psychopathe.

Je redémarre la voiture et roule à toute vitesse. Je ne sais pas où je vais, mais ce qui compte, c'est que je sois loin de lui et de sa maison. Très loin. Je respire enfin. Hors de question de ralentir même si je suis déjà assez loin.

Quand je serai de nouveau en contact avec la civilisation, la première chose que je ferai sera d'aller à la police. Mais quelque chose me dérange. Je regarde dans le rétroviseur pour voir si il ne me suit pas. À mon plus grand malheur, une autre voiture me colle aux baskets.

Non non non!

La panique remonte et mes mains tremblent sur le volant. Il faut que je le sème. Peut-être que prendre le chemin de la forêt va m'aider. Je vire et m'enfonce dans cette vaste étendue d'arbres. La route n'est pas du tout comme tout à l'heure. Les cailloux et les brindilles rencontrent les pneus et je peux deviner — rien qu'en écoutant les bruits qu'ils font — que la terre est mouillée. C'est mauvais pour moi.

Malgré tout, il est toujours derrière, décidé à me ramener. Jamais il n'y arrivera. Jamais je n'accepterai de retourner là-bas. J'y ai rencontré des gens sympathiques, mais ce n'est pas suffisant pour me convaincre de rester. Ma liberté est bien trop importante.

Trop perdue dans mes pensées, je n'ai pas pu contrôler un dérapage et la voiture heurta violemment un arbre. Non, pas ça. Tout sauf ça. Heureusement que j'avais mis ma ceinture de sécurité. J'entends la voiture qui arrive. Si je ne peux plus rouler, je peux toujours courir.

J'abandonne la voiture et me met en marche. Je pique un sprint en entendant l'autre voiture se rapprocher de plus en plus. La terre mouillée me fait perdre l'équilibre à des moments, mais je ne lâche rien. Ce n'est pas aujourd'hui qu'Arthur Shepherd aura ma peau.

Je jette un regard en arrière,mais c'était une mauvaise idée. Mon pied glisse sur une pierre et ma cheville se tord, me faisant tomber et dégringoler sur une pente raide. On peut dire que tomber est ma spécialité depuis un certain temps! D'abord, je tombe des escaliers. Puis, du haut d'un balcon. Et maintenant, sur une pente raide. Il ne manquerait plus que je tombe dans un lac!

Ma tête cogne un rocher et le vent me frappe soudainement. Ce n'est que quelques secondes après que je découvre que je fait un plongeon dans un lac. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un tel sort?! Je tombe de la falaise où ma tête s'est cognée et je sens un liquide chaud couleur sur ma tempe. L'eau glacée vient bientôt m'enlacer.

C'est froid. Inconfortable. L'oxygène n'est plus. Plus rien n'entre dans mes poumons à part de l'eau glaciale. 

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant