🌹Chapitre 9🌹

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Ce qu'Arthur vient de me dire me trotte dans la tête. Si je veux mes réponses, je n'ai pas d'autres choix que de faire ce qu'il me demande. Mais qu'est-ce qu'il veut, en fait? Pour le savoir, je dois "y mettre du miens". Je ne sais pas ce qu'il veut que je fasse! Ça me retourne la tête, tout ça! Bon, rembobinage! Il a dit qu'il ne me dirait rien parce que je suis une mauvaise fille.

Pfff. Une mauvaise fille... Je suis la fille la plus sage qui soit. Tout parent aurait rêvé de m'avoir comme fille. Une seconde... Une mauvaise fille! Mais oui! C'est ça la solution! Je sais enfin ce que ce psychopathe veut de moi. Il veut que je reste tranquille. Et c'est ce que je vais faire.

Je vais être la plus sage possible, au point où ils auront tous confiance en moi. En même temps, je récolterait toutes les informations qu'il me faut. Et ils me laisseront me balader dans la propriété sans rien dire. Mais au moment où ils s'y attendront le moins, je vais m'enfuir. Et je vais me faire un plaisir d'aller tout raconter à la police. Oui, c'est ça. Et mon jeu commence, maintenant.

Je cherche quelque part un moyen d'appeler June. De préférence, un téléphone. Soudainement, je trouve un interphone sur la table de nuit. J'espère que ça marche. J'appuie dessus pour voir.

— Allo?

— Oui mademoiselle? Fait une voix de l'autre côté de l'appareil.

Ça marche!

— Je voudrais que June monte, s'il-vous-plaît.

Un silence s'en suit. Quoi, ça ne marche plus? Je sursaute quand cette même voix revient.

— Tout de suite, mademoiselle.

En un rien de temps, June ouvre la porte et entre dans ma chambre, toujours avec la tête baissée et les mains croisées devant.

— Me voilà, mademoiselle.

— Premièrement, lève la tête quand tu parles. Deuxièmement, ce n'est pas la peine de chuchoter quand tu me parles. Ce n'est pas comme si j'allais te manger. Troisièmement, appelle-moi Ruby.

— Mais je...

— J'insiste.

June me sourit et elle se décontracte un peu. Enfin! Cette fille commençait sérieusement à me faire peur avec ses airs de parfaite petite domestique.

— Où est Arthur?

— Il est en train de dîner, mad... Ruby.

— D'accord. Approches.

Elle s'approche et j'ouvre mon armoire. Il est temps de profiter de ce qu'on me donne.

— Que comptez-vous faire? Demande-t-elle.

— Je vais dîner avec lui.

— Vraiment? Mais... Je pensais que vous ne vouliez pas.

— Eh bien, j'ai changé d'avis. Aide-moi à me préparer. Il faut que je sois présentable pour le maître.

June sourit de toutes ses dents. Cette petite adore sûrement faire du relooking. Et pour son plus grand plaisir, je pars prendre une douche vite fait et pendant ce temps, elle me choisi ma tenue. Quand je sors de la douche, une belle robe courte de couleur rouge m'attend. C'est un peu court à mon goût, mais ce n'est pas ça le plus important. June m'aide à enfiler la robe et je me regarde dans le miroir. La robe ceintre parfaitement mon corps et le décolleté donne une vue assez coquine sur ma poitrine.

June fini de remonter ma fermeture avant de me tendre des escarpins noirs. Je dévisage les chaussures quand elle me les donne, un sourire large comme la salle collé au visage.

— Combien de centimètres font ces échasses? Je demande, voyant la hauteur des talons.

— Dix centimètres. Pourquoi?

Dix centimètres?! Mais elle veut me tuer?! Déjà que je ne tiens pas sur des cinq centimètres, elle m'en donne des dix?! Non, je ne porterai pas ça!

— Il n'y aurait pas autre chose?

— Mais ces talons sont super jolis!

— Je sais June, mais je vais me casser les chevilles avec!

— N'exagèrez pas! S'il-vous-plaît, mettez-les. Faites-moi plaisir, Ruby. Je n'ai pas souvent l'occasion de porter des chaussures comme ça. Alors que vous, vous pouvez le faire tous les jours. S'il-vous-plaît, faites-le pour moi. Supplie-t-elle.

Je me sens soudainement mal. Pauvre June. C'est vrai qu'être employée de maison n'est pas une profession où l'on peut se permettre de porter des chaussures pareilles. Ah et puis zut! Je tire les escarpins de ses mains pour les enfiler maladroitement. Le sourire de la jeune domestique réapparaît et elle m'aide pour que je ne tombe pas. Après avoir enfilé les échasses, je fais bien deux têtes de plus qu'elle.

— Maintenant, vos cheveux!

Je m'assois sur le tabouret de la coiffeuse avant que June ne prenne une brosse pour faire mieux ressortir mes boucles noires corbeau. Quand elle fini, elle s'empresse de me maquiller. Juste un peu de mascara et un rouge à lèvres bien rouge. Elle me demande de me relever et de tourner autour de moi-même pour voir. La jeune femme se met le mains sur la bouche.

— Vous êtes sublime. Couine-t-elle.

— Merci June. Maintenant, aide-moi à descendre.

Mes premiers pas dans ces chaussures sont un peu bancales,  mais j'arrive bientôt à trouver l'équilibre. En prenant la première vague d'escaliers, June m'aide. Et bientôt, je n'ai plus besoin de son aide. Arrivée tout en bas, je la remercie et elle s'en va. Prépare-toi bien Arthur.

Je fais claquer mes talons contre le plancher en approchant de la salle à manger. Quand j'arrive dans la grande salle, une table gigantesque prend place au milieu. Elle pourrait contenir dix personnes maximum. Mais une seule personne est assise au bout: ce psychopathe d'Arthur. Quand il entend mes pas, il relève la tête. Il reste parfaitement immobile quand il me voit avancer vers lui. Je prend place à son opposé et il lâche un rire.

— Tu as faim, finalement? Demande-t-il alors que sa voix laisse planer un écho dû au vide intersidéral de la salle.

-— J'ai pris conscience que tu ne me dirais rien si je continue à me débattre.

— Sage décision. Tu veux quelque chose?

— Non merci.

Il lâche un rire. Ce type est vraiment malade. Il tend sa main pour saisir une clochette et la faire sonner. Même l'écho de cette petite cloche me donne mal aux oreilles. Rapidement, une domestique arrive.

— Ramenez une autre assiette pour elle.

La domestique hoche la tête avant de s'en aller. Mais il est sourd ou il le fait exprès?

— J'ai dit que je ne voulais rien.

Mais il ne me répond pas, préférant siroter son verre de vin. Bientôt, une domestique arrive avec une assiette remplie. Une autre l'accompagne, portant un verre de vin. Une troisième arrive, portant un verre d'eau. Quand elles partent, je regarde Arthur qui n'a d'yeux que pour sa nourriture.

— C'était nécessaire que trois employées portent les couverts d'une seule personne? Je demande, m'habituant à l'écho de la salle.

— Le repas est bon?

Il m'énerve déjà. Pour ne pas me prendre à son petit jeu, je prend mon couteau et ma fourchette pour manger. Tans pis si c'est empoisonné, j'ai trop faim. Rapidement — mais avec grâce — je termine mon repas. Enfin! Je ne suis pas morte, donc il n'y a pas de poison. Maintenant que j'ai le ventre plein et l'esprit plus clair, je vais pouvoir commencer mon interrogatoire.

Pour la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant