— Où est-ce que vous avez appris à cuisiner comme ça? C'est vraiment excellent!
— Je tiens ça de ma mère. C'est un vrai cordon bleu.
June me sourit en remuant sa louche dans une marmite bouillante. J'ai passé ma matinée à cuisiner avec elle. Et c'était plutôt agréable. Mais les regards et les murmures n'ont pas disparu. Et ça, c'est très désagréable.
— Dis-moi pourquoi j'ai l'impression d'être une bête de foire. Je murmure à June.
Ma domestique jette un regard par dessus son épaule pour voir deux autres cuisinières chuchoter. Quand leurs yeux croisent ceux de June, elles s'arrêtèrent immédiatement de parler. June revient à notre discussion après un soupir.
— C'est un peu à cause vous.
— De moi? Qu'est-ce que j'ai fait?
— La chambre démolie, ça ne vous rappelle rien? Sinon, le petit saut dans les roses vous rappelle sûrement quelque chose.
Elle a raison. Si on m'avait filmé, j'aurai fait le buzz sur Internet. Elles sont sûrement en train de me traiter de tous les noms. Ça ne faisait pas partie du plan. Je vais avoir plus de mal à les apprivoiser que prévu.
— June, dis-moi ce que je peux faire pour que tout ça s'arrête. C'est très perturbant.
— Je ne sais pas.
C'est vraiment pas gagné d'avance. Il faut que je trouve un moyen de m'intégrer rapidement sans éveiller les soupçons. Ça va être comme une rentrée de classe dans une nouvelle école. Et comme dans une nouvelle école, la première impression est toujours celle qui décide de ce qu'on est. Je vais leur montrer la meilleure impression de la terre. Et pour ça, j'aurai besoin d'une table.
J'arrête avec mes légumes et me met devant la table au centre de cette énorme cuisine. Tout le monde a l'air de se demander ce que je mijote. Vous allez voir.
— Qu'est-ce qu'on a pour le dessert?
Silence total. La participation n'est pas leur fort, à ce que je vois. Je pose un regard insistant sur une petite blonde qui semble paniquer. Mais je ne compte pas la lâcher. Elle va me répondre qu'elle le veuille ou non.
— Comment tu t'appelles?
— Euh... S-Stéphanie.
— Alors, Stéphanie, qu'est-ce qu'on a pour le dessert?
— Des fruits. Comme d'habitude.
Tiens. Monsieur Je-kidnappe-la-sœur-de-l'amour-de-ma-vie aime manger sainement. Intéressant. Je pourrais peut-être concocter un poison et l'injecter dans les fruits. Je note cette idée dans un coin de ma tête. Ça pourrait servir, qui sait.
— Vous avez de la farine?
— Oui, mademoiselle.
— Et des œufs?
— Oui, mademoiselle.
— Parfait! Allons-y!
Il est temps que je mette en pratique ce que ma mère m'a appris. Je prends les fruits et les pose sur la table. June s'approche et commence à m'aider.
— Qu'est-ce que vous faites?
— On va faire un gâteau. Ça va changer un peu de l'habitude.
Je donne les directives et toutes cuisinières s'activent. Ça commence bien. Bientôt, je me mets à discuter avec certaines d'entre elles. On s'est même mise à rire ensemble. Ça m'avait manqué de parler à des personnes. Mes discussions sulfureuses avec Arthur ne comptent pas. Lui, ce n'est pas une personne. C'est une bête monstrueuse. On se demande même si il ne viendrait pas de l'enfer.
— Votre patron est un vrai tortionnaire, vous savez? Dis-je en mettant la pâte dans le four.
— Je ne dirais pas ça comme ça. Oui, c'est un vrai iceberg ambulant, mais pas un tortionnaire tout de même. Répond Stéphanie, qui a moins peur de moi qu'il y a quelques heures.
— Ah oui? Est-ce que tu as déjà eu l'occasion de tenir un discussion avec lui pour dire ça? Demande un autre.
— Non. Mais il ne m'a jamais rien fait de mal en tout cas.
— Puisqu'on aborde le sujet, pourquoi vous êtes ici? Me demande une autre.
Pourquoi je suis ici? Même moi aussi je me le demande. Arthur n'a rien voulu me dire. Tout ce que je sais, c'est que Sasha est dans le coup aussi. Il veut quelque chose d'elle. C'est très frustrant de ne rien savoir. Je m'assois à table en soupirant.
— Je ne sais pas. J'ai juste été enlevée et séquestrée. Et apparemment, votre maître semble vouloir me garder ici.
— Ce n'est pas si mal après tout. Commenta June.
Toute l'assemblée la regarde avec les yeux ronds, même moi. Ella n'a donc rien écouté de ce que je viens de dire? Je me suis faite enlevée et retenue ici de force, et elle dit que ce n'est pas si mal? Il faudrait qu'elle s'explique, ce qu'elle fait sans attendre.
— Grâce à vous, on aura du gâteau au fruits au dessert. Et il y en a assez pour tout un régiment.
— Sérieux, June?
Elle hausse les épaules.
— Il est arrivé.
Nous tournons toutes nos têtes vers celle qui vient d'arriver. C'est une vieille dame. La même que j'ai assommé avec un vase. Toutes les employées se mettent droites comme des piquets et croisent leurs mains. C'est le règne de la tyrannie ici! En regardant attentivement cette femme, je devine que c'est la gouvernante. Elle ne porte pas d'uniforme comme les autres. Et ce n'est clairement pas une mamie-gâteau.
Ses yeux s'arrêtent sur moi et elle me toise, le menton relevé. Son regard est sévère. Très sévère. Je la regarde avec désinvolture et colère. Je ne me suis jamais entendue avec les personnes âgées. Trop compliquées pour moi.
— Qu'est-ce que vous faites ici? Qui vous a laissé sortir?
La pauvre June baisse légèrement la tête et se dénonce.
— C'est moi, madame.
— N'avais-tu pas reçue des ordres clairs? L'invitée ne devait sortir sous aucun prétexte.
— Mais c'est...
Il est hors de question qu'elle se fasse réprimander par cette vieille peau. Je me lève pour la défendre, comme promis.
— C'est moi qui l'ai obligé à me laisser sortir.
— De quel droit vous...
— Du droit que je suis votre invitée. On est sensé bien traiter les invités, n'est-ce pas?
La gouvernante fronce les sourcils devant tant d'audace. Ça fait sûrement longtemps qu'elle n'a pas converser avec quelqu'un comme moi. Eh bien, si son patron ne veut pas me laisser m'en aller, elle va devoir me supporter pendant un moment.
— Arthur ne va pas être content.
Qu'il vienne et on verra.
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Pour la Bête
RomantikVous aimez les histoires d'amour impossible? Je suppose que c'est un oui à l'unanimité. Alors, me voilà. Voici mon histoire. J'ai eu la malchance de tomber amoureuse d'un homme qui n'a d'yeux que pour ma sœur. Il pense à elle jours et nuits. À aucu...