Mes yeux s'ouvrent lentement et je peux voir la silhouette de quelqu'un d'autre près de moi. Et en le reconnaissant, je me remémore de la soirée de la veille. Pendant toute la journée, j'ai tourné en rond dans la maison sans savoir quoi faire. La lecture — qui était mon actuelle passion depuis mon enlèvement — était devenue fade. Je n'ai plus vraiment prêté attention aux livres. J'ai fait une longue promenade sans le jardin sous les yeux des agents de sécurité. Rien de bien spécial.
Mais quand la soirée arriva et qu'Arthur rentra enfin, tout l'ennui que j'ai ressenti de dissipa. Nous avons dîné ensemble dans le plus grand des calmes. Il n'a pas abordé le sujet de la danse ni du baiser. Est-ce qu'il se sentait coupable de m'avoir envoyé balader aussi violemment? Peut-être que oui. Il a passé la soirée à éviter mon regard. Ce dîner avait été le plus silencieux que j'ai eut dans toute ma vie.
Quand nous avons fini, nous sommes montés à l'étage. Il n'a toujours rien dit. Il s'est directement réfugié dans sa chambre et avant que la porte ne se referme, je suis entrée avec lui. Je me suis assise sur le lit et le suis mise à discuter avec lui. Apparemment, sa journée avait été chargée et difficile. Il avait l'air fatigué. Puis, j'ai joué mon rôle d'antidépresseur.
C'est la deuxième fois que nos corps se rencontrent. Et comme la dernière fois, il a fait preuve de patience, mais avec un peu plus d'insistance. J'ai eu l'impression qu'il voulait me posséder. Il voulait que je lui appartienne entièrement. Et je lui ai donné ce qu'il voulait. Je n'ai pas protesté quand il voulait me faire quelque chose. Puisque c'est ce que je voulais, moi aussi. Je me suis pliée à ses moindres ordres, mon corps réclamant plus. Toujours plus. Plus de lui.
Et ce matin, je me réveille dans son lit, lui à mes côtés. Penser au fait que je lui ai fait oublié ses problèmes me fait sourire. Oui, je sais qu'il ne m'aime pas. Mais je sais aussi que cet amour qu'il a pour ma sœur n'est pas réel. Ce n'est que le fruit de son imagination. Et je suis prête à le ramener dans la réalité, où il réalisera que c'est de moi dont il a besoin. Moi et personne d'autre.
Arthur fronce les sourcils et inspire profondément avant de battre des paupières. Dès qu'il ouvre les yeux, je lui souris. Il soupire.
— Ruby... Murmura-t-il d'une voix rauque.
— J'aime quand tu prononces mon nom.
— Je t'ai déjà expliqué que...
— Oui, je sais. Et j'ai compris.
— Alors pourquoi tu fais ça?
— Ça ne t'a pas plu?
— Ce n'est pas le sujet.
Si, c'est le sujet. Et tu ne m'échapperas pas, Arthur. Il aura beau nier, il aime ce qu'on fait. Je me rapproche de lui et caresse sa joue d'un doigt.
— J'ai bien compris que c'est Sasha que tu aimes. Mais tous tes problèmes avec elle vont finir par te surmener.
— Ruby, je...
— Je ne te demanderai plus de laisser tomber puisque je sais que tu ne le feras pas. Je dis juste que tu devrais avoir un antidépresseur.
Il reste silencieux, semblant comprendre où je veux en venir. Si je ne peux pas attaquer de front, je vais faire un détour. Ce sera sûrement long et douloureux, mais ce sera pour une bonne cause. Je rapproche mon visage du sien et l'embrasse passionnément. Il ne me repousse pas. Bon, ce petit détour ne sera pas si désagréable finalement. Ça me permettra d'avoir ma dose d'Arthur.
L'objet de mes fantasmes rompt notre contact pour plonger son regard dans le mien. Ça m'envoie des frissons dan tous le corps. Je le veux, encore et encore. Je ne cesserai de le désirer que quand il sera à moi. Même après, je ne pense pas pouvoir m'arrêter de le vouloir.
— Si tu fais ça pour moi, qu'est-ce que tu y gagnes? Demande-t-il.
J'esquisse un sourire et me mord la lèvre inférieure.
— Ça fait longtemps que je n'ai eu personne avec qui passer du bon temps. Avant que tu ne m'enlève, j'avais deux à trois hommes par semaine. Mais depuis un moment, je n'en ai même pas un seul. Et le seul disponible pour assouvir mes désirs, c'est toi.
— Donc, tu fais ça uniquement pour le sexe?
— C'est gagnant gagnant, non?
Ses lèvres m'appellent. J'y replonge immédiatement avec plus de férocité. Arthur est à moi. Je repousse légèrement la couverture pour me mettre au dessus de lui. Il retire ses lèvres et tourne sa tête sur le côté. J'en profite pour m'attaquer à son cou.
— Ruby... Grogne-t-il.
— Quoi?
— Je dois aller travailler.
— Ah oui? Pourtant, ce n'est pas ce que ton soldat me dit. Là, il est au garde-à-vous.
— On remettra ça à plus tard.
Je couine contre son cou. Il tente de bouger, mais le moindre de ses mouvements rapproche encore plus son son intimité de la mienne. Non, je ne vais pas le laisser sortir de cette chambre avant de m'avoir donné ce que je veux.
— Rien que quelques minutes, s'il-te-plaît... Suppliais-je.
— Non, on va s'éterniser.
— Tes employés pourront bien attendre une heure ou deux, pas vrai?
Et sans qu'il ne puisse rien y faire, on passe la matinée à faire du sport d'intérieur. Aucun homme ne peut résister à ça. Et tant pis si les domestiques nous entendent. Et au final, il ne sort de sa chambre qu'après quatre heures à essayer toutes les positions possibles. À chaque coups, mes jambes ont menacé de lâcher. Je pense que je vais avoir des courbatures aujourd'hui.
Quand il part enfin, je suis satisfaite de ma matinée. À partir de maintenant, ce sera comme ça. J'ai lancé l'appât, il a mordu à l'hameçon. Impossible qu'il ne réponde pas à l'appel de l'animosité. Je suis sûre qu'il aura de nombreux moments difficiles où il sera au fond du gouffre. Et à chaque fois, la seule personne vers qui il pourra se tourner, ce sera moi. Moi et moi seule. Il se rendra bien compte un jour que je suis la seule qui puisse l'aimer comme il le mérite.
L'amour est compliqué. Il faut être vraiment très fort pour s'engager dans cette bataille. Si je baisse les bras, Arthur ne sera jamais heureux. Il faut que je réussisse à le guérir coûte que coûte.
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Pour la Bête
Roman d'amourVous aimez les histoires d'amour impossible? Je suppose que c'est un oui à l'unanimité. Alors, me voilà. Voici mon histoire. J'ai eu la malchance de tomber amoureuse d'un homme qui n'a d'yeux que pour ma sœur. Il pense à elle jours et nuits. À aucu...