Nous quatre ou rien T1

Chapitre 17

Ramzi

-Mais non, Akmar, pas de la mozzarella râpée ! Je t'ai dit du gruyère râpé !

-C'est bon, j'avais oublié. Passe-moi ton téléphone que je regarde la liste des ingrédients qu'il t'a envoyée.

-Tu retiens jamais rien.

-Et toi, t'es toujours pressé.

-Il fait froid, il pleut, et j'ai faim. C'est normal que je sois pressé !

Il ne me laisse même pas finir ma phrase qu'il disparaît déjà dans un autre rayon. Je souffle, puis je me mets à le suivre.

Akmar est l'un des mecs les plus tête en l'air que je connaisse. Franchement, ne jamais le laisser seul en cuisine si vous ne voulez pas que la maison prenne feu.

Je me souviens qu'un jour, il est arrivé au lycée avec son bas de pyjama. On a jamais autant rigolé.

Une fois toutes les courses faites, on se dirige vers la caisse. Je sors ma carte pendant qu'Akmar range tout dans les sacs.

-On a rien oublié ?

-Non, tout est là.

-T'as pris du Fuz Tea ?

-Bien sûr.

Une fois payés, on quitte l'épicerie et file vers le bâtiment d'Emir.

Emir est dans la cuisine avec Shams. On les rejoint.

-Vous avez tout ?

-Tout ce que tu nous as demandé, oui.

-Que la préparation des incroyables lasagnes commence ! s'exclame Emir.

Emir a appris à cuisiner très tôt, car sa mère rentrait tard ou était trop fatiguée pour faire à manger. Franchement, il n'y a pas un plat qu'il ait fait qu'on n'ait pas adoré. Les lasagnes, c'est clairement dans le top 5 de ses meilleures recettes.

Akmar allume l'enceinte JBL de Shams. On est un peu éparpillés dans la petite cuisine, mais comme d'habitude, chacun trouve sa place. Emir s'active, et très vite, les odeurs alléchantes commencent à remplir la pièce, amplifiant encore notre faim.

Avant, c'était Tata Fatima qui nous régalait avec de bons plats. Les midis, après l'école, on venait souvent manger chez Emir. On n'aimait pas la cantine, et surtout, ça nous permettait de profiter pour jouer dehors, ou nous aventurer à l'entrée de la forêt. À l'époque, on avait peur de se perdre. Maintenant, on connaît la forêt comme notre poche, et on n'hésite pas à aller toujours plus loin, à se perdre, pour ensuite se retrouver et, en sortant, avoir l'impression de sortir d'une autre dimension, comme si la civilisation nous reprenait.

La porte s'ouvre alors et révèle Tata.

-La reine est là ! s'exclame Akmar. On se dépêche d'aller lui faire la bise.

-Mes enfants, comment vous allez ? On fait la conversation avec elle, mais on peut voir qu'elle est fatiguée. Elle travaille dur depuis que le père d'Emir est parti, mais elle ne laisse jamais transparaître sa tristesse. Toujours un joli sourire.

-Que ça sent bon ici, dit-elle.

-Emir fait des lasagnes, répond Léa en la prenant dans ses bras.

-Notre petit cuisto, dit-elle en riant.

Elle finit par se diriger vers le salon, disant qu'elle allait juste regarder la télé. Mais il n'a fallu que cinq minutes pour qu'elle s'endorme profondément. On a éteint la télé et la lumière, puis on a fermé la porte du salon.