Nous quatre ou rien T1

Chapitre 52

52.

AKMAR

J'ai l'impression que tout est faux, que je suis juste dans un cauchemar et que je vais finir par me réveiller en le retrouvant face à moi avec un bouquin dans une main et un sandwich dans l'autre. J'ai un poids au cœur qui ne me quitte jamais et chaque matin, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est lui. Je me demande juste combien de temps je vais rester dans l'attente d'une bonne nouvelle. Je culpabilise tellement, si je ne m'étais pas retrouvé bourré au-dessus de ce toit, il n'aurait jamais eu besoin de prendre la voiture et tout ça ne serait jamais arrivé. Sa perte de connaissance se serait faite dans la cuisine ou dans sa chambre, mais au moins, il n'aurait pas été dans cet état-là, et on aurait pu le soigner rapidement. 

Je ne sors plus de chez Shams, pourtant je déteste être face à mes pensées, mais je me dis que je mérite cet enfer pour avoir mis la vie de mon meilleur ami en danger. Si jamais il ne se réveille pas, je ne le supporterai pas, je ne me le pardonnerai jamais.

Je me retrouve avec Emir, vêtu d'une chemise et d'un jean noir, nous venons de quitter les funérailles de Marvin, qui ont été très douloureuses, surtout face à sa mère et ses frères et sœurs, mais aussi à leur culpabilité d'avoir coupé les ponts avec lui. Je leur ai confié à quel point Marvin ne faisait que parler d'eux et de l'amour qu'il avait pour eux. Il était important qu'ils sachent que Marvin n'a jamais voulu cette vie, mais qu'il ne voulait pas vivre dans la misère et voulait sauver sa famille de ça.

Assis sur un banc, nous retroussons les manches de nos chemises et déboutonnons quelques boutons, il fait si chaud, l'été est de retour.

-"Cette année a été compliquée..." commence-t-il.

-"Même un peu trop compliquée." ai-je ajouté.

-"Mais il y a un point positif."

-"Surprends-moi." ai-je demandé ironiquement.

-"C'est que peu importe ce qui pourrait se passer dans nos vies, on sera toujours liés, dans le bien comme dans le mauvais."

-"Tu penses que ça marchera pour toujours ?"

-"On ne sait pas vivre sans l'autre."

-"Tu te souviens quand tu avais retrouvé ta figurine Batman cassée dans ta chambre ?" ai-je dit.

-"Celle que Ramzi avait détruite ?"

-"Ce n'était pas lui, c'était moi."

-"J'aurais dû m'en douter, Ramzi est trop soigneux pour être maladroit comme ça, en revanche, c'est un comportement qui te ressemble bien." m'a-t-il dit en riant légèrement.

-"Il a vu la peur dans mes yeux quand je l'avais cassée, cette peur d'être blâmée, rejetée... détestée, il n'a pas hésité une seule seconde et s'est dénoncé à ma place. Ramzi a toujours peur de prendre des risques quand c'est pour lui, mais pour nous, il fonce tête baissée."

-"Il n'aurait jamais pris la voiture de ses parents sans leur autorisation dans aucun monde, il aurait pris le temps de réfléchir à toutes les solutions possibles et choisi celle qui était la plus sûre, mais comme il s'agissait de toi, il n'a pas eu besoin de réfléchir."

Je ne réponds pas, j'ai le cœur qui brûle.

-"Il me manque terriblement, Akmar."

-"À moi aussi, chaque jour, que Dieu en soit témoin."

-"Je suis désolé d'ailleurs, tu sais, pour la fois à la rivière où je t'avais noyé pour rigoler, si j'avais su...

-Tu ne pouvais pas le deviner Emir.