Akmar, Ramzi, Emir et Shams sont liés par une amitié aussi profonde qu'indestructible, forgée dans les épreuves de l'enfance. Chaque moment qu'ils ont partagé a tissé entre eux un lien invisible, mais puissant. Pourtant, derrière cette complicité se...
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la manière dont j'ai toujours imaginer Akmar sur la photo au dessus.
AKMAR
Dans quelques heures, j'aurai 18 ans et je n'arrive pas à m'en réjouir. Qu'ai-je de plus qu'une année de survie en plus ? Quand j'étais plus jeune, je comptais déjà les années qu'il me restait avant d'atteindre la majorité et de m'enfuir de chez moi. Aujourd'hui, je sais bien qu'avoir 18 ans ne suffit pas pour partir. Et surtout, je ne serai jamais assez égoïste pour changer de vie et être heureux pendant que ma famille continue de survivre.
Assis sur le rebord de mon lit, je fixe le vide. Mon frère et ma sœur ne sont pas là, ma mère non plus, ce qui est rare. J'entends la porte d'entrée se déverrouiller, suivie d'injures crachées depuis le rez-de-chaussée. Je me raidis aussitôt. Cette voix... Je la reconnais. Nous ne sommes que tous les deux. Cela signifie que mes chances de survie sont encore plus faibles que d'habitude.
Ses pas résonnent dans l'escalier, rapides et lourds. Mon corps refuse de bouger, pétrifié par la peur. J'aurais dû courir, me cacher, mais je suis resté là, figé sur mon lit, attendant qu'il me remarque. La porte s'ouvre violemment et son regard me transperce.
— T'es là, sale bon à rien, crache-t-il avec haine.
Je ne réponds pas. Je dois me faire tout petit.
Il s'approche et me soulève par le col. Son visage est si proche du mien que l'odeur d'alcool me retourne l'estomac.
— Dix-huit ans que tu me pourris la vie, que tu bouffes mon pain et que tu dors sous mon toit... J'aurais préféré te tuer de mes propres mains.
À cet instant, on ne s'attend pas vraiment à tenir le coup, mais on fait tout pour survivre. On essaie d'ignorer la douleur qui devient rapidement insupportable. Mais comment lutter quand on vous étrangle, quand l'air manque et que la couleur de votre visage change ?
Pour la première fois, j'ai souhaité qu'il me tue. Que mon cœur s'arrête, enfin libéré de cette souffrance. L'odeur de l'alcool empeste son souffle. Plus aucune limite. Plus aucune humanité. Seulement un homme qui voudrait me voir brûler.
Il finit par retirer sa ceinture et la lanière s'abat sur mon corps sans retenue. Un quotidien qui ne cesse jamais de me briser un peu plus.
— S'il te plaît... j'ai compris la leçon... je recommencerai plus... je suis désolé, murmuré-je, recroquevillé sur le sol.
Je ne sais même pas pourquoi je m'excuse ni quelle leçon j'aurais dû apprendre. Tout ce que je veux, c'est qu'il arrête.
Mais aujourd'hui, il va encore plus loin. Il sort un couteau de poche de sa veste en cuir, s'accroupit à ma hauteur et me le plaque sur la gorge.
— Je rêverais de te trancher maintenant. Que tu disparaisses une bonne fois pour toutes.
Je ferme les yeux. Une partie de moi souhaite qu'il le fasse. Mais la douleur me frappe soudainement à l'avant-bras. Une brûlure vive. Un cri m'échappe.