Quatre : "Progression"

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Quatre mois et trois semaines plus tard :

PDV Enola :

Cela fait maintenant deux semaines que ma nouvelle torture quotidienne a commencé, il n'y a plus eu "d'incident", comme les infirmières aiment appeler le fait que j'en suis venue à vomir de terreur. D'après elle il y a même eu "une certaine progression dans [m]on cas pourtant voué à l'échec". Ce sont les mots exacts prononcés par l'infirmière en chef lorsque j'ai écouté par inadvertance une de ses nombreuses discussions, devant ma porte, loin d'être discrète. Peut-être l'ont-ils oublié mais ce n'est pas parce que je ne parle pas que je n'entend pas.

Ma soi-disante progression n'est d'ailleurs enfaite que ma lutte contre mon propre instinct de survie. Alors si progresser consiste à empêcher son corps de réagir malgré que son instinct et son inconscient lui dictent de fuir, alors oui on peut dire que j'ai un petit peu progressé. Et que je "supporte" maintenant qu'on s'approche de moi alors que je suis attachée sur un lit, dans l'incapacité de me défendre et de fuir. Peut-être même finirais-je, un jour, par "supporter" leurs mains qui se baladent sur moi alors que je suis toujours dans cette position d'infériorité forcée.

Soudain, l'ouverture de ma porte me sort de mes pensées. Les mêmes infirmières que d'habitude entrent. Il est maintenant l'heure de ma torture. Et elles ne prennent même plus la peine de demander à des infirmiers de les accompagner bien trop au courant que je n'émet plus aucune résistance lorsqu'il s'agit de me ligoter à mon lit. Elles n'ont donc aucun mal à m'approcher, m'attraper, m'allonger et m'attacher puisque je suis bien trop occupée à lutter contre moi-même pour émettre la moindre résistance.

Le seul élément qui laisse entendre que ce n'est pas du progrès mais de l'abandon et qui trahi ma terreur est la tension qui se saisi de plus en plus de l'entièreté des muscles de mon corps à chaque nouvelle étape de mon enfer. Seulement contrairement à d'habitude où elles n'attendent pas pour la suite, préférant s'en débarrasser au plus vite, aujourd'hui elles ne passent pas à l'action immédiatement. Elles semblent même se reculer et hésiter, avant de finir par carrément quitter la pièce.

Je n'ai pourtant pas le temps d'éprouver un quelconque soulagement que la porte s'ouvre une nouvelle fois. Pensant que ce n'est que le retour des infirmières et ne pouvant pas voir qui se tiens dans l'encadrement de la porte je ne panique pas plus que ça. C'est lorsqu'une voix d'homme, qui m'est encore inconnue, retentie que je commence à me débattre inutilement :

- Alors comme ça, c'est toi la petite patiente qui donne du fil à retordre ? J'entends d'abord le bruit du froissement de ses habits, qui me fait comprendre qu'il se déplace, avant qu'il n'apparaisse dans mon champs de vision. Enfin, devant moi et me surplombant de toute sa hauteur l'homme, manifestement un infirmier au vu de sa tenue, reprend plus fermement lorsqu'aucun son ne quitte ma bouche :

- Ne t'a-t-on jamais appris que la politesse exige une réponse lorsque quelqu'un s'adresse à toi ? Mais bref passons pour aujourd'hui. Laisse moi d'abord me présenter avant de passer au chose un peu plus sérieuse. Je suis Danil, infirmier en centre de réhabilitation depuis maintenant trois ans. Je viens tous juste d'avoir ma première mutation, comme tu l'auras surement compris dans cet établissement donc et l'on m'a chargé de prendre en charge ton cas. Absolument tout ce qui te concerne passera maintenant par moi, que ce soit l'apport de ta nourriture, tes différentes activités ou tes sorties.

Je fixe le jeune homme d'un œil plus que méfiant bien que pour l'instant il se contente de m'observer, peut-être s'attend-t-il à ce que je lui réponde. Si tel est le cas alors j'espère pour lui qu'il est doté de plus de patience qu'un vieux moine tibétain. Je ne sais pas si sa venue est une bonne nouvelle ou au contraire une manigance de plus pour repousser mes limites mais cet homme qui ne semble pas dépasser la trentaine ne m'inspire aucunement confiance.

- Bon maintenant au vu de ce que j'ai pu lire dans ton dossier, je dois passer au processus d'acceptation du touché. Et tu es sensée déjà l'accepter au niveau des bras et du bas des jambes. Et bien allons voir ça.

L'homme, Danil s'approche de moi lentement comme si il avait peur de me brusquer mais son regard lui me laisse plutôt penser qu'il s'amuse de voir la terreur grandir dans mon regard à chaque pas qu'il fait dans ma direction. Je tente de me débattre bien que je sache cela inutile. Tellement inutile que je ne peux émettre aucune protestation lorsque sa main se pose sans délicatesse sur ma cheville gauche. Me causant une soudaine immobilité. Il entreprend ensuite de déplacer lentement sa main sur l'intérieure de ma jambe puis de la faire glisser de bas-en-haut puis de haut-en-bas, d'au-dessus de mon genou à mon pied.

Il répète le même geste une dizaine de fois sans lâcher du regard mes yeux dans lesquels s'expriment toute ma terreur. Avant de faire de même avec le côté droit de mon corps. S'apercevant que je surmonte malgré ma peur manifeste son touché il entreprend de monter de plus en plus haut sa main sur ma cuisse. Mais ne pouvant plus lutter contre moi même alors qu'il va encore plus loin que ce que je n'ai l'habitude de supporter, mon inconscient finit par reprendre le dessus et sans le vouloir je m'agite a m'en faire mal. C'est seulement après bien une minute à me regarder perdre le contrôle qu'il retire sa main. Me laissant ainsi enfin reprendre mon souffle saccadé par mon agitation.

- Maintenant que j'ai pu établir où tu perds le contrôle, on va pouvoir s'amuser. Enfin plus moi que toi mais ne t'en fais pas si tu reste sage ça finira par devenir autant agréable pour toi que ça va l'être pour moi. M'explique-t-il un sourire qui n'annonce rien qui vaille prenant place petit à petit sur son visage.

Un sourire qui va me replonger dans mes plus horribles cauchemars.

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Comme je l'ai dit sur insta je ne peut pas vous affirmer que suis vraiment de retour mais après plus d'un mois d'absence je vous partage ce chapitre et il n'en restera plus que 3 avant que les choses sérieuses ne commencent.

N'hésitez pas à me venir sur mon insta (_cap_caps_) et à me faire part de vos avis sur ce chapitre, les précédents ou l'histoire en général. Aussi si vous vous posez des questions sur le comportement de tel ou tel personnage, que par exemple vous n'avez pas compris pourquoi il a fait une chose je me ferai un plaisir de vous l'expliquer sans vous spolier, juste pour vous permettre de bien comprendre l'histoire.

A la prochaine, prenez soin de vous 😘.

Alzarsi | T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant