Chapitre 10 : Déesse Grecque

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***Six mois plus tard...***

Assise à la fenêtre de ma chambre, j'observe le palais d'Athéna et ses alentours. Tout autour de la maison où je suis, il y a des arbres touffus, laissant traverser quelques rayons de soleil qui viennent effleurer mon visage, et un petit ruisseau non loin, dans lequel je plonge de temps en temps mes doigts de pieds. Le palais lui-même est d'une beauté à couper le souffle. Ce sera bientôt ma maison, mon palais aussi.

Enfermée dans ce cottage perdu dans la forêt depuis maintenant trois jours, j'attends, euphorique, la fin de cette semaine. Ce vendredi sera le plus beau des vendredis, surtout que je l'ai attendue depuis que j'ai su faire ma première révérence. Je me souviens encore de ce jour comme si c'était hier.

Maya, quand elle était encore ma meilleure amie, venait à Heldor, et on suivait toutes les deux les cours de l'académie royale. Elles savaient toutes faire leur révérence, sauf moi, qui arrivait à peine à tenir trois secondes les pieds croisés. Jusqu'au jour où, invitées toutes devant mon père pour le bal de présentation, je su faire non seulement ma première révérence, mais la plus appuyée et la meilleure de toute à cette cérémonie. Je m'étais sans relâche entrainée pour cela. Ce jour était magique, et jusque-là le meilleur de ma vie. Je pouvais voir la fierté dans les yeux de mon père quand il me regardait ce jour-là. Un sentiment que je n'oublierai jamais.

Et c'est ce même regard que je rêve de voir quand je vais monter les marches du palais d'Athéna pour rencontrer mon futur époux à son bras. C'est presque arrivé, ce vendredi, ce jour, le jour de mon mariage, le jour où je serai reine d'Athéna. C'est de plus en plus difficile de masquer la hâte qui bouillonne en moi. Les bruits de pas de ma servante m'extirpent de mes rêveries, et je la suis du regard marcher jusqu'à moi.

   — Votre Altesse ? La famille royale vient d'arriver. Vous pouvez voir le cortège si vous le désirez.

   — Oui, bien sûr. Un instant, j'arrive.

Devancée par Nikita, je me lève du bord de la fenêtre et la suit jusque sur le toit du cottage.

   — C'est impressionnant...soufflé-je en voyant l'époustouflant cortège organisé par Heldor.

Tout le long de la grande voie menant aux portes du palais royal, un grand monde venant d'Heldor, avec en tête le carrosse de mes parents, et suivi du mien. Ils sont escortés par le peuple d'Athéna, venus les accueillir pour la circonstance. De part et d'autres du chemin, des gardes en uniforme des grands jours sont organisés en deux rangs serrés et protège de leur mieux le cortège.

On les suit des yeux jusqu'à ce qu'ils entrent dans la cour du palais, où je les perds définitivement de vue.

   — Vous savez ce qui va se passer Nikita ?

   — D'après ce que ma mère m'a raconté, ils vont rencontrer la famille royale d'Athéna avant d'escorter en toute discrétion la fausse princesse ici.

   — Marek le sait ? Que la princesse du cortège n'est pas la vraie ?

   — Je n'en ai aucune idée votre altesse, mais je pense que oui.

D'après la coutume, je dois venir une semaine avant la cérémonie en toute discrétion et rester cachée dans ce provençal cottage jusqu'au jour du mariage. C'est un secret royal et la fausse princesse n'est qu'un leurre pour ne pas qu'il m'arrive quoi que ce soit si quelqu'un me veut du mal. Personne à part nos familles et nos serviteurs ne sait que je suis là depuis des lustres. Et c'est super cool parce que ça me permet de respirer, de m'habituer aux lieux, et de penser à ces quatre derniers mois où mamie et maman se sont chargées de ma formation de reine. Et maintenant, je suis parfaitement prête à endosser mes responsabilités.

Quelqu'un toque à la porte, et Nikita descend ouvrir. J'entends à la porte des causeries à n'en point finir, qui en disent long sur la personne qui vient d'arriver. Puis une fille entièrement voilée, vêtue de l'une de mes robes les plus belles vient s'incliner à mes pieds et retire son voile. C'est elle la fausse princesse.

   — Longue vie à vous votre altesse.

   — Bienvenue Heldra. Ça été le voyage ?

   — Oui. Tout est fin prêt pour la cérémonie et vos affaires sont arrivées.

Je m'assois à table, vêtue d'une robe légère en tulle, transparente et poreuse. Je grignote nerveusement les restes de mon petit déjeuner pour faire retomber le stress qui est en train de monter à l'approche du grand jour. On frappe encore à la porte. Ce doit sûrement être Deva, qui devait arriver d'une minute à l'autre.

La porte s'ouvre et laisse apparaître le visage d'Adrian qui blêmit littéralement à ma vue. Moi, je me fige, rouge pivoine les yeux écarquillés. J'ignorais qu'il était permis à des hommes de venir sinon je n'aurais pas mis une robe aussi dénudée !

   — Je...j'ai... dé...désolé Um...votre altesse...je...

Moi je ne peux même pas bafouiller tellement la gêne m'a cloué le bec. J'ai la moitié des cuisses dehors et un décolleté plus que plongeant. Heureusement, il dépose rapidement les multiples bagages sur le parquet de l'entrée et s'eclipse rapidement.

   — Je suis vraiment désolée votre altesse, je...

Nikita se confond interminablement en excuses, confuse de m'avoir exposée à ce point. Mais je ne lui en veux pas le moins du monde. Ce n'était pas de sa faute. La situation me dépasse tellement que je me mets à rire aux éclats. Le silence de mes servantes pendant ma crise de rire me confirme que je suis la seule à trouver cette situation amusante. La poisse et moi, c'est une réelle histoire d'amour.
Au moins ça m'apprendra à vouloir jouer à la déesse grecque à deux jours de mon mariage !

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M'accorderez-Vous Cette Danse ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant