Chapitre 22 : La belle-fille idéale

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Heldra achève de parfaire mon corsage, qui manque de me faire rendre mon petit déjeuner. Je dois sûrement ressembler à un gigot d'agneau, tellement je me sens à l'étroit. Même respirer est devenu un sport.

   — Voilà votre Majesté, c'est bon.

Deva, qui est venu à Athéna pour voir une partie de sa famille, est de passage au château. Elle est arrêtée près de ma coiffeuse, attendant les fesses en feu, que je m'y installe pour qu'elle commence à me peindre le visage. C'est beau de voir à quel point elle aime son travail.

Mise en beauté par les filles, je me hâte de descendre les escaliers pour aller me placer à côté de Marek et d'Ellen, déjà prêts pour accueillir le couple royal d'Utopia. Me couvrant d'un regard fiévreux, Marek se baisse jusqu'à mon oreille et y souffle :

   — Tu es d'une beauté royale Uméïra, tu es ravissante.

Ellen glousse, sûrement agacé de nos amourettes. Je l'ignore et garde les yeux rivés sur l'entrée principale du palais d'où peuvent à tout moment surgir nos étrangers.

   — Ça ne justifie pas son retard, couine Ellen.

Ne souhaitant pas faire d'esclandre inutile, je détourne le regard et essaie de me montrer polie et présentable. Et juste à ce moment-là, j'entends la voix de poussin qu'on égorge, aigüe et cassante de Maya, qui apparaît au bras de son époux. Elle n'a vraiment pas changé, toujours ce même visage de sorcière.

   — Que la paix soit avec vous, famille de sang royal d'Athéna. Tout Utopia me charge de vous faire une révérence, déclare Anthony.

Il se courbe devant nous et on fait de même en guise de salutation. Maya fait une révérence des plus gracieuses et appuyées, puis Marek lui fait un baise main et offre une chaleureuse accolade à Anthony comme le veut la coutume.

Mon regard croise celui de Marek. Une flamme étrange y danse. Une flamme que je n'avais jamais vue auparavant. Son visage un peu durci plutôt à l'air épanoui. Constatant mon expression inquisitrice, il me sourit et me fais signe de les suivre dans le patio. J'obéi, persuadée qu'il y a quelque chose de changé chez mon mari.

Après toutes les salutations d'usage, nous nous installons tous autour de la grande table pour déjeuner. Comme d'habitude, Ellen se fout littéralement de ma présence mais chouchoute les invités, pour qui les petits plats dans les grand sont mis.

   — Je suis tellement contente de vous voir ici, il y a vraiment longtemps, depuis votre mariage !

   — Oui Ellen, il était temps. Vous gardez toujours votre jeunesse dis donc !

Ellen fit un sourire flatté, pendant qu'on rit tous de la remarque d'Anthony, qui est pourtant vraie. Elle a beau être souvent désagréable, elle conserve les traits d'une femme de trente ans.

   — Donnez-moi votre secret maman, je voudrais être comme vous, s'esclaffe Maya.

Elle termine ses propos en me lançant une œillade dissimulée, afin de ne rien gâcher au semblant de fraternité qu'on a bien voulu montrer à nos familles jusque-là. Elle m'horripile, mais je ne réagis pas à son geste enfantin. Je suis mature, moi.

   — Chaque femme a un secret, tu trouveras le tien quand tu auras mon âge.

Pour sûrement te ressembler, ma chère Ellen. Maya ferait une belle-fille idéale pour le genre de sorcière qu'est Ellen. J'avale ma nourriture sans tenir compte de leur discussion ennuyeuse, occupée à les critiquer intérieurement. Vivement la fin de ce repas.

   — En fait Ellen, si nous sommes là aujourd'hui, c'est non seulement pour vous saluer, mais aussi parce que nous avons une bonne nouvelle à vous annoncer.

M'accorderez-Vous Cette Danse ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant