Chapitre 26 : Regain d'espoir

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Je suis réveillée. Je n'ai aucun mal à ouvrir les yeux. Les rayons solaires agressifs sont bloqués par l'épais rideau de velours beige de ma chambre. Je me tourne sur moi-même et regarde la grande place vide froissée qui est sur l'autre côté du lit. Il est déjà parti. 

Tout est sombre, de même que mon moral. Plus je repense à cette nuit, plus j'en ai l'entrejambe qui me brûle, le ventre qui chauffe lorsque je me rappelle du poids de son corps sur le mien, de la proximité honteuse de nos nombrils. Une éternité de souffrance. J'ai le corps lourd, le cœur triste. Incapable de sortir affronter les regards des habitants du palais, je me redresse et m'adosse au chevet de mon lit, la nuque écrasée sur celui-ci.

   — Chérie ?

Marek se glisse dans ma chambre et vient s'asseoir sur le lit, en caressant affectueusement ma joue. Je rejette sèchement sa main, traumatisée pour l'instant et sûrement à jamais par tout contact physique.

   — Tu as eu ce que tu voulais non ? murmuré-je.

   — Tu as réussi, tu l'as fait pour nous, pour toi, tout est fini maintenant...

Je secoue négativement la tête et pleure silencieusement.

   — Arrête de pleurer, j'ai mal quand tu pleures Uméïra, me dit-il.

   — Je me sens sale Marek...je...je me sens mal. J'ai honte, parce que...j'ai couché avec...je ne sais même plus quoi dire...

   — Calme-toi Uméïra.

Il me prend contre son torse et m'entoure de ses bras robustes, en passant une main sur mon dos pour me rassurer, en vain.

   — Je suis désolé Uméïra, je n'aurais pas dû t'infliger ça.

Je continue de sangloter contre lui.

   — Je sais que tu as mal, mais c'est un mal pour un bien tu sais...

   — Tu ne sais rien Marek. Tout ce que tu veux, c'est un enfant.

   — N'est-ce pas ce qu'on veut tous les deux, ma chérie ? Ecoute-moi, ajoute-t-il en baissant les yeux sur moi. Je m'en veux d'avoir laissé ce moins que rien te toucher, mais je m'en serai davantage voulu si je m'étais contenté de laisser le peuple t'humilier sans rien faire. Et je t'y ai forcé, parce que toute seule, tu ne l'aurai jamais fait. Je suis fier de toi.

Je l'écoute religieusement, bercée par ses mots. Je me sens plus calme. Parce qu'il a avant tout pensé à moi, à mon bonheur, à ma dignité devant le peuple. Il a accepté de sacrifier le pouvoir qu'il avait sur mon corps, pour que je puisse porter un enfant. Je ne lui en veux plus comme la veille au soir. Mais je n'arrive pas non plus à lui être reconnaissante. Mon esprit n'a pas suffisamment de force pour faire en ce moment la part des choses. A ma demande, Marek sort, et je me lève pour aller m'abandonner dans le bain que je m'étais fait couler plus tôt. Je me sens si faible, et j'ai un vertige effrayant malgré le fait que je sois assise.

Je m'asperge d'eau afin de me ramener à la réalité, ce qui me fait un bien fou. Je me frotte furieusement avec l'éponge de nombreuses fois, mais le sentiment d'être répugnante et sale ne me quitte pas. Pour peu, je voudrais vider complètement mon corps de la semence introduite par cet homme. Je jette mon éponge avec hargne contre le mur de ma salle de bain. 

L'horrible sensation de ses mains encore sur mon corps. Son odeur sur mes mains, l'odeur de sa repoussante virilité. Même si je l'ai fait pour être mère, je regrette. Je pensais que ça irai mieux après, mais non, j'aurai préféré mourir parce c'est exactement dans le même état que je suis en ce moment : moralement et physiquement morte.

M'accorderez-Vous Cette Danse ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant