Chapitre 21 : Ma meilleure ennemie

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Somniférisée par le lait chaud que j'avais fait apportée pour maman, elle dormait encore cet après-midi. Mamie Rhoda aussi s'était retirée dans sa chambre pour se reposer, et Marek faisait de même. Restée la seule éveillée, je m'assied dans la pièce centrale du palais. Tout est relativement calme, et me laissait le temps de faire une rétrospection. Maintenant que le trône était de façon intérimaire aux mains de ma mère, il faudrait bientôt désigner le roi d'Heldor. Si jamais maman nous quitte elle-aussi, Marek prendra le pouvoir jusqu'à ce que Nehal, mon cousin, atteigne la majorité.

De toute façon, mariée ou pas, le trône ne m'aurait jamais été remis. Je soupire, fatiguée d'avoir encore à lutter pour l'émancipation de femmes qui jusque-là se complaisent dans leur rôle prédestiné d'accompagnatrices mal-aimées. Vivre en se résolvant à subir les humeurs d'un mari. Quel échec.

Brusquement, sur le palier d'accueil, une silhouette courant joyeusement me sort de mes pensées. C'est Nehal, qui avant même que je ne prenne réellement conscience de sa présence, se perd dans ma robe. Je ne l'avais pas vu à la cérémonie d'enterrement maintenant que j'y pense. Juste derrière lui, une femme sous escorte avance timidement et s'incline devant moi.

   — Je m'appelle Azyra votre Majesté. Je suis la servante de son Altesse Nehal. Il tenait absolument à vous voir avant de rentrer au royaume pour commencer ses cours de royauté.

Je hoche la tête et me courbe pour lui présenter mes respects. Puis je détache Nehal du sol et lui fait un gros câlin. Ce petit bout de chou de 10 ans est le plus mignon de tous les petits garçons. C'est le fils de mon défunt oncle Exir. Voir Nehal particulièrement aujourd'hui me rend triste, parce qu'il aurait pu être mon enfant, ou mon petit frère.

   — Umi, tu...m'étouffes ! suffoque-t-il contre ma poitrine.

   — Oups, désolée Nene, désolée.

Je l'avais serré tellement fort que j'ai failli l'étouffer. Quand l'amour se transforme en meurtre.

   — Tu veux qu'on se promène un peu tous les deux ? Tu as tellement grandi mon petit cœur ! lui proposé-je.

   — Oui, mais après tu vas me laisser tout seul pour aller faire tes trucs de reine, se plaint-il en affichant un air triste et boudeur.

   — On se verra souvent toi et moi, pendant tes cours de royauté, je viendrais quelque fois.

   — C'est vrai ?

   — Oui mon poussin.

   — Oh, c'est chouette !

Son visage s'illumine et il me tire par la main.

   — Alors allons-y tata Umi !

Notre balade est assez animée, parce qu'il me raconte toutes ses aventures dans son royaume. Ce petit garçon d'à peine 10 petites années déborde d'énergie, et c'est beau de voir à quel point son insouciance lui rend la vie facile. Parler de choses simples et sans prises de tête fait un bien fou, surtout en ce moment.

   — Uméïra ? Tu as une minute ?

Par-dessus mon épaule, je vois mon mari, avec un sourire qui me fait immédiatement fondre le cœur. J'avais tellement attendu ce moment où je pourrai enfin lui ouvrir mon cœur sur tout ce que je ressens que ma réponse sort sans la moindre réflexion :

   — Heu...Nene, ça te dit qu'on continue notre balade la prochaine fois que je viens te voir au palais ?

   — Oui tata Umi, je t'attends chez nous !

Il me fait un énorme câlin et je le couvre de bisou. Azyra vient le récupérer, fait la révérence à Marek et regagne le carrosse qui est censé les ramener à leur palais.

M'accorderez-Vous Cette Danse ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant