Un an plus tard...
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Des cernes sous les yeux, c'est pratiquement en rampant que je me rends à mes quartiers. Je viens juste de finir un seul procès, mais je me sens vidée de toute mon énergie. En fait, je ne dors plus. Comment trouver le sommeil quand depuis un an de mariage jour pour jour, j'attends en vain de tomber enceinte ?
La première fois qui aurait pu me faire douter, c'était une simple maladie. Une petite malaria, avait dit l'ilknur. Ces nausées et vertiges n'étaient guères le signe tant attendu. Et depuis lors, plus rien. Même pas une malaria. Ce fardeau est deux fois plus lourd à porter parce que Marek n'a plus envie de m'adresser la parole et ma belle-mère, jadis si gentille, me déteste de plus en plus chaque jour. Je le ressens dans les gestes et les paroles méchantes qu'elle me lance dès qu'elle en a l'occasion. Je ne regarde plus personne dans les yeux, parce que j'ai l'impression que tout m'accuse. Ce n'est pourtant pas possible que je sois stérile...
C'est vrai que dans ma lignée, les reines n'ont pas fait plus de 2 enfants mais aucune d'elle n'était stérile, alors pourquoi moi ? Dieu seul sait à quel point Marek voulait des enfants, et ça me rend malade de ne pas pouvoir lui donner satisfaction actuellement.
Juste au moment où je m'extirpe de mes pensées je l'aperçois plus loin, se dirigeant vers ses appartements. Ça fait plus d'un mois qu'on ne s'est pas vu, et il ne cherche pas non plus à me voir. Cela dit, je le comprends. Sa souveraineté est en jeu. En effet, aujourd'hui, ça nous fera un an de mariage. Mais la fête qui est organisée ce jour-là est un prétexte pour fêter la venue du bébé royal. Bébé qui jusque-là, n'a pas daigné pointer son nez dans mes entrailles. Suis-je maudite ? Peut-être. Si jusque-là j'avais de l'espoir, je sens que ma force morale m'abandonne petit à petit. En ce moment, je n'ai plus qu'une seule idée en tête : demander à ma belle-mère de m'aider. Encore faut-il qu'elle accepte de me parler.
Je la rejoins dans la cuisine, où je la vois seule en train de surveiller le contenu d'une casserole.— Belle-maman ? Je peux vous parler ?
— Hum.
Elle ne lève même pas les yeux vers moi, nullement intéressée par ma présence. Je décide d'ignorer le mépris qu'elle me manifeste et me lance prudemment dans la conversation délicate que je m'apprête à avoir.
— J'espère ne pas vous déranger, dis-je faiblement. Je peux vous aider en quelque chose ?
— Si tu n'es pas capable de faire un enfant à ton mari, ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas.
Elle me le dit froidement, le regard toujours rivé sur la casserole. Blessée, je déglutis. Je ne sais plus comment remonter du trou de la honte dans lequel je me suis faite jeter. Mais il faut qu'elle m'aide. J'ai besoin d'elle.
— Belle-maman, connaissez-vous des feuilles qui, préparées en thé, améliorent la fécondité ? J'ai vraiment besoin de vous, vous êtes la seule à pouvoir m'aider, s'il vous plait.
Elle cesse toute activité et me regarde longuement. Mon ton est suppliant, et je suis à deux doigts de craquer devant elle.
— Je préfère encore trouver une autre reine féconde pour mon fils que de sauter ça-et-là pour aider une créature à se faire appeler femme. Non mais franchement, à quoi sers-tu Uméïra ? Une femme stérile le reste à jamais, et ne mérite même pas de se faire appeler femme. Et c'est exactement ton cas Uméïra.
— Mais ça ne fait qu'un an belle-maman, il n'est pas trop tard ! C'est juste...
— De combien de spermatozoïdes as-tu encore besoin pour former un fœtus ? Dis-moi, vous l'avez fait n'est-ce pas ? me demande-t-elle sans préavis.
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M'accorderez-Vous Cette Danse ?
RomanceUnis par le mariage. Divisés par le trône. Dans cette chasse à la couronne, tous les coups seront permis. ******* Uméïra, vingt-deux ans et princesse du royaume d'Heldor, assiste malgré elle à la cérémonie de mar...