Chapitre 9 : Sous-entendus

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Le soleil termine sa course vers le firmament. Le temps est déjà bien avancé. C'est bientôt l'heure du départ de Marek. J'ai le cœur bouillonnant de joie, et de tristesse à la fois.

   — J'attends avec impatience votre arrivée ma reine, me dit Marek.

Il me fait un délicat baisemain, qui réveille en moi les délicieux souvenirs de l'après-midi. J'espère que mon père ne prête pas attention à mes joues parce qu'elles, en véritables traitres de pacotilles, n'hésitent pas à parler à ma place.

   — N'exagérons rien Marek, se moque mon père. Elle n'est pas encore reine.

   — Autant pour moi, votre majesté. De toute façon, ce n'est plus pour longtemps.

Ils se mettent tous les deux à rire, suivi de maman et moi. Puis il m'adresse un dernier regard et monte à bord du carrosse. La journée a été magnifique. C'est finalement l'un des plus beaux dimanches de ma vie.

   — Ma tulipe ?

Je me tourne et vois mamie, un gros sourire aux lèvres. Je la prends par le bras et on chemine ensemble vers ses appartements. Pendant que je marche avec elle, moi qui suis d'habitude un moulin à parole, n'articule le moindre mot. Chaque moment de la journée repasse en boucle dans ma tête, et je me surprends à sourire comme une cruche à chaque fois. Sa présence, ses baisers langoureux me manquent déjà...

   — Uméïra ! j'entends mamie Rhoda crier.

   — Mamie ?

   — Tu es tellement perdue dans tes pensées que tu ne m'écoutes même pas petite rêveuse.

   — Je suis désolée mamie. C'est le plus beau jour de ma vie, je n'arrive pas encore à y croire...Tu avais raison quand tu disais qu'il fallait simplement attendre.

   — Tu vois que ta mamie n'est pas si vieille que ça quand il s'agit d'amour. Avec un peu de chance, je compte même me trouver un charmant vieil homme pour me remarier !

   — C'est une super idée mamie ! La cerise sur le gâteau serait que tu en trouves à Athéna. Au moins, je ne serai pas si seule là-bas !

   — Tu as vraiment pris le caractère étrange de ta mamie toi ! me reproche-t-elle sur le ton de la plaisanterie. Franchement, tu me vois me remarier à mon âge ?

On se met toutes les deux à rire dans les couloirs, sous les yeux amusés des quelques gardes qui les longent.

    — Allons dans le jardin ma tulipe, ça fait du bien de prendre l'air.

Elle a raison. Le vent de l'extérieur fouette mon visage, le temps est frais, et ne fait qu'ajouter à la perfection de cette journée.

   — Tu sais Uméïra, il est de coutume que je t'accorde ma bénédiction avant ton mariage, et que je te conseille aussi.

   — Oui mémé.

Elle prend mon visage entre ses paumes et me fait un bisou sur le front. Je touche la pointe de ses pieds et elle pose la main sur ma tête.

   — Tu as toute ma bénédiction ma tulipe, dit-elle.

Je souris en me relevant, et vois son visage marqué par l'émotion. Ses yeux sont rougis, et je sens qu'elle est sur le point de couler des larmes.

   — Écoute-moi Uméïra, fait très attention à toi et à tout ce que tu feras à Athéna.

   — D'accord mamie. Y a-t-il quelque chose dont je dois me méfier en particulier ?

   — Non Uméïra. Sois juste prudente. Un jour tu comprendras, termina-t-elle sur un ton énigmatique.

   — Je croyais que nos deux royaumes étaient sortis alliés de la guerre du trône. En tout cas, c'est ce que j'ai appris à l'académie royale.

   — C'est le cas.

Elle détourne le regard et fixe un point inexistant, les sourcils froncés. Je sens qu'elle me cache quelque chose. Ou c'est un pressentiment. Mais si elle ne me dit pas, elle doit avoir une bonne raison de le faire. N'empêche, ma curiosité est piquée au vif.

   — D'accord mamie, tu peux compter sur moi.

Elle me sourit, et hoche la tête, rassurée.

Après l'avoir raccompagnée, je prends la direction de ma chambre. Même si les propos de mamie Rhoda raisonnent encore dans ma tête, mes idées convolent vers Marek.

Marek...

Ça me fait un bien fou de prononcer son nom.

Arrivée devant ma chambre, Adrian m'ouvre la porte comme d'habitude. Je lui offre mon sourire le plus chaleureux, mais son expression reste fermée. Il a l'air un peu pensif, troublé, gêné même. Ce n'est pas l'Adrian que j'ai l'habitude de voir.

   — Ça va Adrian ?

   — Oui votre Altesse.

   — Vous en êtes sûr ?

   — Oui, tout va bien. Tous mes vœux de bonheurs votre altesse, me dit-il d'une traite.

Il me sourit gentiment et simplement, attendant que j'entre dans la pièce.

   — Merci Adrian, c'est gentil.

Il referme la porte derrière moi. Mamie avait raison, il n'est vraiment pas mal Adrian. Mais dommage, je le vois et le verrai éternellement comme mon ami le plus fidèle. Il doit sûrement avoir le cafard aujourd'hui. Ça m'attriste un peu, mais je me dépêche d'oublier son comportement déroutant. Ainsi que sa présence près du lac. Rien ne doit gâcher cette journée.

Cette nuit, mes rêves seront plus que délicieux, je le sens...

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M'accorderez-Vous Cette Danse ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant