Attention ! Ce chapitre contient une scène concernant le viol. Âme sensible, s'abstenir.
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Trente jours sont passés depuis la mort de Mars. Et pas un seul d'entre eux, Marek n'a daigné venir me voir.
Mon mari ?
J'ai honte de le dire parce que je ne pense pas qu'il me considère encore comme sa femme. La dilection qu'il disait éprouver pour moi avait sûrement déjà atteint ses limites. Je l'agaçais, en tant que reine stérile et maudite. Je ne lui en voulais pas, mais j'étais triste que notre histoire d'amour se soit aussi vite essoufflée.
C'est donc avec la boule au ventre et surtout à contrecœur que ce matin encore, je descends prendre le petit déjeuner avec ma belle-famille.
Une description brève de l'ambiance : Sur ma route, les serviteurs se retirent parce qu'ils ont fermement reçu l'ordre de ne plus m'adresser la parole sous peine de mort. Même mes servantes se contentent de petits signes de soutien pour s'éviter la colère d'Ellen. J'ignore le bien-fondé de toutes ces interdictions, à part me faire toucher le fond d'un gouffre que j'ai déjà atteint.Quand j'arrive au niveau de la grande fenêtre qui donne largement vue sur le jardin de pommier du palais, je m'arrête un instant pour contempler le paysage, parce que je ne suis plus autorisée à sortir, sous prétexte que je suis une honte pour Athéna. L'air frais me manque. Mon cheval Mate, et mes instruments de tir à l'arc me manquent.
L'absence de contact humain me fait perdre les pédales au fur et à mesure, et je n'ai même plus la notion du temps.J'expire profondément, puis me remets à marcher avec nonchalance. Les cliquetis que font les anneaux de la frange de ma robe avec le sol me font penser que je traine les squelettes de mes proches disparus. Toujours hantée par la fétide odeur de la mort qui plane autour de moi, je fais mon entrée dans la salle à manger, entrée aussi remarquée qu'un grain de granite dans le désert. Je m'assois tranquillement, saluant sans attendre de réponse tous ceux qui sont autour de la table. Mais pour l'instant, il n'y a qu'Ellen, Marek ayant sûrement décidé une fois de plus de se soulager du poids de ma présence.
— Tu aurais pu nous faire don de ton absence aujourd'hui Uméïra, elle est préférable à ta présence, rugit Ellen.
Elle rit doucement, se satisfaisant de l'echo de sa voix dans la grande salle. Blessée, j'accuse une énième fois le coup en me contentant de tourner et retourner ma cuillère dans mon assiette, vide. Ce n'est pas la peine de réveiller le dragon en signifiant que c'est elle qui m'oblige à me présenter à ce sordide repas "familial". À ma plus grande surprise, Marek pénètre dans la salle à manger à pas vifs, et colle sur la joue de sa mère un bisou léger, avant de s'asseoir sans même m'adresser un regard.
— Tiens-toi prête Uméïra, on doit aller à une représentation festive aujourd'hui, dit-il pendant qu'une servante s'évertue à lui présenter son repas.
— Enfin, tu me parles.
C'est l'une des seules paroles qu'il m'a adressées en un mois. Sauf que je lui réponds sans réfléchir, et le temps de me rendre compte de ma boulette, ils ont tous les deux les yeux écarquillés levés vers moi, avant de se jeter un bref regard.
— Je suis désolée de...
— Garde le silence. Et contente toi de t'apprêter et d'être moins dégoûtante, me tance-t-il méchamment.
Mes yeux devenus une fois de plus humides, je sors de table et regagne en silence mes quartiers sans terminer mon repas, comme j'en ai souvent l'habitude ces derniers temps. J'use de mes dernières ressources mentales pour enfiler une tenue convenable. L'air inquiète mais murée dans le silence, Heldra cache mes nombreux cernes avec de la poudre d'éclat. Je cherche son regard, mais elle fuit le mien, et s'eclipse rapidement, comme si j'avais une maladie qui pourrait contaminer quiconque m'adresse le moindre signe d'attention.
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M'accorderez-Vous Cette Danse ?
RomanceUnis par le mariage. Divisés par le trône. Dans cette chasse à la couronne, tous les coups seront permis. ******* Uméïra, vingt-deux ans et princesse du royaume d'Heldor, assiste malgré elle à la cérémonie de mar...