𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟓 : 𝑺𝒐𝒖𝒑𝒆𝒓 𝒅𝒆 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆

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(TW : Ce chapitre contient des passages de crise d'angoisse.)



« Un enfant blessé dans son intégrité ne cesse pas d'aimer ses parents, il cesse de s'aimer lui-même »

— Jesper Juul

Romy

Quartier Apollon, Maison de Natasha
30 mai, 17h 56

Nous nous stationnons devant la demeure de ma mère, une boule tordant douloureusement mon estomac. On y est. Le moment est venu pour moi de remettre les pieds dans cet enfer.

Jules ouvre sa portière et commence déjà à s'avancer en direction de l'entrer, alors que je n'ai toujours pas bougé de mon siège. Je fixe la grande maison qui me fait face en appréhendant l'instant où je devrais y pénétrer, ne connaissant que trop bien ce que j'y trouverai.

De l'angoisse. De la souffrance. Des larmes. De la peur.

La liste de qualificatifs désobligeants que je pourrais administrer à ce domicile de malheur est interminable. Seulement, je pourrais en nommer autant que je le voudrais que cela ne changerait rien au fait que je doive malgré tout y entrer. Et ce, de façon régulière.

C'est donc à contre-cœur que je défais ma ceinture et ouvre la portière, m'extirpant finalement du véhicule de mon petit ami. Je m'avance presqu'à reculons dans sa direction, alors qu'il se trouve déjà sur le seuil, en pleine salutation avec mon beau-père.

Je déglutis difficilement à la vue de son profil, une montée de stress s'emparant brusquement de mes veines et tordant mes tripes. Je ne voulais pas le revoir, même si j'y suis forcée. Tout ce que je désire, c'est qu'il puisse s'effacer de ma mémoire.

De sa personne même à chaque chose qu'il m'avait faites subir, des traumatismes qu'il avait insufflés en moi à la peur qui me rongeait de l'intérieur à chaque fois qu'un homme osait s'approcher d'un peu trop près. Je veux que tout disparaisse. Absolument tout.

Et le même sentiment se déchaîne dans mon être lorsque j'aperçus ma génitrice, mes ongles s'enfonçant alors violemment dans mes paumes. Je m'arrête soudainement et recule instinctivement d'un pas, prise de frayeur. Je me ressaisis néanmoins rapidement pour éviter qu'elle ne le remarque, sachant pertinemment que cela ne lui ferait que trop plaisir de me savoir dans cet état à sa simple vue.

Je prends donc sur moi et mets péniblement un pied devant l'autre en regardant Jules et ma mère s'étreindrent, un pincement de haine s'emparant de mon cœur. Elle l'a toujours adoré. Pour elle, il est le mec parfait. Celui dont toutes les filles rêvent. Elle le met constamment sur un piédestal et ça m'énerve. Mais ce qui me frustre le plus, c'est qu'elle le fait passer avant moi. Sa propre fille. C'est évident qu'elles sont ses préférences...

Je gravis lentement les marches qui me mènent jusqu'à eux, tentant tant bien que mal de cacher ma mine renfrognée par une expression nonchalante et détendue. Tout ce que je ne suis pas, en fait. Leur échange me parvient, alors que j'observe leur large sourire mutuel, l'air réjoui de notre hôtesse ne passant pas inaperçu.

Je retiens une grimace en remarquant le regard de mon copain vagabonder ouvertement sur les courbes voluptueuses de ma mère, celles-ci étant à peine masquées sous la robe légère qu'elle porte. On dirait qu'elle s'habille volontaire de façon à ce qu'elle soit pratiquement nue. Je parierai presque qu'elle tente à chaque souper de famille supplémentaire de montrer plus de peau que la fois précédente.

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