𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟐𝟎 : 𝑪𝒉𝒖𝒄𝒉𝒐𝒕𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕𝒔 𝒆𝒕 𝒓𝒆𝒈𝒂𝒓𝒅𝒔

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« L'obéissance simule la subordination, exactement comme la crainte de la police simule l'honnêteté »

— George Bernard Shaw

Romy

Vieux-Quartier, Le Phénix
14 juin, 19h21

Tous les trois dans la cabine de l'ascenseur, nous descendons jusqu'au rez-de-chaussée pour rejoindre mon fou furieux de kidnappeur. Je regarde la jambe de Kimberly s'agiter nerveusement depuis notre entrée, mais Cameron parvient à calmer légèrement ses inquiétudes en entrelaçant leurs doigts. 

Je ne peux empêcher mes sourcils de se froncer légèrement devant tant d'angoisse de sa part, aussi surprise qu'alarmée. Elle qui est habituellement si sereine... ça ne peut qu'être un mauvais présage. Et pourtant, à cette heure, il ne devrait pas y avoir grand-monde, non ?

C'est une boîte de nuit. La fête dans un endroit de ce genre ne commence généralement pas avant 23h. Nous avons encore du temps devant nous pour le calmer avant qu'il ne se défoule sur de pauvres innocents, pourquoi s'inquiète-t-elle de la sorte ?

À moins qu'il ne soit déjà trop tard? me souffle une petite voix.

Je secoue la tête pour repousser cette idée et prends une profonde inspiration. Je dois rester positive. Personne ne sera tuée ce soir, Kimberly interviendra et saura le gérer. Ou du moins, suffisamment pour éviter le bain de sang. Et si ce n'est pas suffisant, j'interviendrai. Il est hors de question que je vois un cadavre de plus. Les deux derniers m'ont largement suffi.

Les portes s'ouvrent et nous nous engouffrons dans le corridor. Le bruit de nos pas résonne dans le silence ambiant avant d'être coupé par la musique de fond qui joue dans le Phénix lorsque nous arrivons en son cœur.

Guidée par le couple à quelques enjambées devant moi, nous dépassons l'entrée principale pour nous faufiler dans un couloir que je reconnais facilement comme étant celui qui aboutit au coin V.I.P.. Son étroitesse ne peut que me rappeler à quel point je le hais, alors que son design si particulier continue de me charmer à chaque fois que je l'emprunte, aussi paradoxale cela puisse-t-il l'être.

Cameron jette de temps à autre un coup d'œil par-dessus son épaule pour voir si je les suis toujours et persiste à me sourire comme si tout allait bien. Sauf que nous savons tous les trois que ce n'est que mensonge, eux deux encore plus moi.

J'ignore ce que ce Xander a bien pu faire par le passé pour que son retour les mette dans un tel état, mais il m'est évident que leur histoire commune est sombre et sanglante. Car après tout, ce sont des criminels, n'est-ce pas ? Et ce Xander aussi par conséquent ? Donc il ne peut en être autrement. 

Kimberly ouvre rapidement le battant qui nous sépare du coin V.I.P. et pénètre à l'intérieur bruyamment. Nous la suivons sans un mot, mais je baisse hâtivement les yeux quand je constate que nous attirons les regards. Certaines personnes ont leur attention rivée sur le couple, sauf que la grande majorité me fixe, moi

Je sens mes joues rougir à ce constat déstabilisant et mordille ma lèvre dans un geste nerveux. Mes sourcils se froncent doucement, pendant que je regarde mes pieds se mouvoir, et je suis soudainement prise d'une grande gêne.

Pourquoi me dévisagent-ils tous de cette façon ?

Je remarque du coin de l'œil des hommes s'échanger des murmures en m'observant et je déglutis. J'accélère l'allure pour me rapprocher de Cameron et Kimberly, un geste qui n'échappe pas au grand brun. Il ralentit aussitôt le pas pour être à mon niveau et passe un bras autour de mes épaules pour me rapprocher de lui. Mon corps se crispe automatiquement à son contact, mais je ne tente pas de le repousser. Parce qu'ensuite, je le vois lancer des œillades sévères aux hommes qui me fixent et cela suffit pour qu'ils détournent rapidement les yeux. 

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant