𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟎 : 𝑵𝒖𝒊𝒕 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆

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« Les dangers invisibles nous causent moins d'effroi que les dangers imaginaires »

— William Shakespeare

Romy

Quelque part au Canada, Maison de Cole
5 juin, 2h14

Seule.

Je suis toute seule depuis des heures, allongée sur ces coussins, les mains jointent sur mon ventre à fixer le plafond. Mon estomac me hurle sa faim, mais je n'ai rien à lui donner. Tout ce que j'ai à ma disposition, c'est ce canapé et une lampe en morceaux. Rien de bien nourrissant.

Je me tourne sur le côté en soupirant et rive mon regard sur la télévision éteinte qui me fait face. Je clos les paupières en tentant de faire le vide dans mon esprit, sauf que c'est impossible. Je ne cesse de m'inquiéter. Je le fais pour Pandora qui est seule à mon appartement. Je le fais pour mes amies qui tentent peut-être de me joindre en ce moment. Je le fais pour Jules qui voulait finalement me reparler après tous ces jours de silence. Je le fais pour le boulot auquel je devais aller aujourd'hui et que je viens sans doute de perdre.

Je le fais pour toutes ces choses sans même ne me donner cette peine pour moi-même. À vrai dire, je ne me soucis que peu de mon sort. Tout ce qui m'importe s'il m'arrive malheur, c'est ma chérie. Je n'en ai que faire de ma propre vie. Elle ne mérite pas d'être vécue.

Je replace une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille en soupirant, incapable de dormir. Je me tortille sur le canapé avec l'espoir de trouver une position agréable et propice au sommeil, sauf que j'ai bien dû toutes les essayer depuis le temps. Et puis, il y a aussi le fait que je meure de froid. Sans couverture et avec une simple robe pour seul habit, on est bien loin de tout mon attirail habituel pour dormir. Je me demande même si cette maison est isolée.

Je plaque une paume contre ma bouche lorsqu'un bâillement m'échappe et me réinstalle une millionième fois sur ce putain canapé. Un mal de cou commence lentement à se former et je me doute qu'il sera insoutenable demain. Seulement, je n'ai rien d'autre sur quoi m'appuyer que mes bras. Ce divan n'est même pas foutu d'avoir des coussins autre que ceux qui nous servent d'assise.

Je soupire bruyamment avant de prendre une profonde inspiration et de me raisonner. Ce n'est pas en m'énervant que mon stress va disparaitre. Uniquement quelques moyens parviennent à m'apaiser et ils ne me sont malheureusement pas accessibles pour l'instant.

Il n'y a plus que le sommeil qui pourrait régler mon problème. Mais faut-il d'abord que je calme suffisamment mon esprit pour tenter ne serait-ce que d'y parvenir. Et c'est sans oublier le fait que, depuis que j'ai Pandora, je n'ai pas passée une seule nuit sans elle... C'est un cercle vicieux.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir dans un grincement et aussitôt, tout mon corps se fige. Je déglutis lorsqu'elle se referme et mes paupières closes se crispent au son des pas sur le parquet. Je fais comme si je dormais profondément et me force à me détendre pour rendre mon petit cirque réaliste. Mes jambes et mes bras deviennent molles, alors que j'intègre mon rôle.

J'ai l'impression de revenir 10 ans en arrière. Lui qui entre dans ma chambre, moi qui simule un sommeil paisible. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'est plus Edmond qui est une menace. C'est ce fichu Lucifer et ses amis. Et avec eux, contrairement à lui, je ne peux prévoir ce qu'ils me feront.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant