𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟕 : 𝑼𝒓𝒈𝒆𝒏𝒄𝒆

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« Le suicide n'est qu'une sortie de secours »

— André Birabeau

Kimberly

Woodland River, Rue Principale
13 juin, 3h45

Je roule comme une furie sur la route, les pensées confuses et désordonnées. Tout ce qui revient incessamment, c'est la voix paniquée de Cole quand il m'a annoncé ce que Romy avait fait.

Elle a tenté de se suicider, putain.

Mon pied se fait un peu plus lourd sur l'accélérateur et je dépasse rapidement une voiture trop lente à mon goût qui se trouvait devant moi. Mes doigts tapotent nerveusement le volant, tandis que j'essaie de garder mon calme. Car si moi je ne l'ai plus, ça va devenir la folie.

Je n'ai pas encore vu dans quel état est Cole, mais si je me fie à notre courte discussion téléphonique, je dirais qu'il se contrôle à peine. Il suffit de quelqu'un qui respire un peu trop fort et le pauvre type vient de signer son arrêt de mort.

Tandis qu'en ce qui concerne Cameron, eh bien... je ne l'ai jamais vu aussi inquiet. Et automatiquement, c'est moi que ça inquiète. Car s'il a eu de l'affection pour Romy à la seconde où il l'a vu, on ne peut nier qu'il s'est beaucoup attaché à elle au fil des semaines. Peut-être même un peu trop, un peu trop vite.

Mais c'est Cameron, après tout. Il aime vite et fort sans prendre garde à protéger son petit cœur. Alors je le fais à sa place. Sauf que cette fois-ci, je crois que j'ai échoué. Non, qu'est-ce que je dis... J'ai foiré en beauté. Mes tentatives pour le protéger ont été aussi solides qu'un barrage en papier. Je n'avais aucune chance dès le départ. Mais comment lui en vouloir ?

Elle lui ressemble tellement...

Je coule un regard de biais à mon copain et remarque son genou remuer de haut en bas nerveusement. Ma main vient automatiquement se poser sur sa cuisse pour calmer son agitation et je sens presqu'aussitôt son corps se détendre. Il vient mettre sa main sur la mienne et entrelace nos doigts.

Seulement, lorsque j'arrive en trombe dans le stationnement de l'hôpital, c'est à peine si je le temps d'immobiliser le véhicule qu'il s'arrache à mon emprise et bondi en dehors. Il court à toute vitesse en direction de l'entrée avant d'y disparaitre, englouti par les portes coulissantes des urgences. J'éteins le contact en prenant une grande inspiration et appuie mon front contre le volant.

Quoi qu'il arrive, je dois être forte. Pour nous trois.

Ils ne me laissent pas le choix, ces imbéciles.

Je sors de ma voiture avec la boule au ventre, angoissée par ce que je retrouverai à l'intérieure de ce bâtiment. Je me mets néanmoins en marche vers l'édifice et pénètre dans son antre. Une odeur agressante de désinfectant me prend immédiatement au nez et je grimace.

Je m'approche de la réception et m'apprête à demander à la secrétaire où se trouve Romy quand je repère mes deux idiots. Je me dirige sans attendre vers eux, bien que légèrement appréhensive. Car si j'ai vu à quoi ressemble Cameron, ce n'est pas le cas de Cole.

Je marche à grands pas dans leur direction et n'attends pas d'être à leurs côtés avant de m'informer sur l'état de notre très chère captive.

Alors ? Quelles sont les nouvelles ?

Ils se tournent brusquement vers moi au son de ma voix, mais aucun ne me répond. Je m'arrête net en les dévisageant.

Elle...

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