𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟒𝟑 : 𝑺'𝒆𝒏𝒗𝒐𝒍𝒆𝒓

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« Si tu pleures de joie, ne sèche pas tes larmes : tu les voles à la douleur »

— Paul-Jean Toulet

Romy

Woodland River, Maison de Cole
23 août, 11h07

Je n'ai pas envie de me lever. Ça doit bien faire deux heures déjà que je repousse ce moment pour la seule et unique raison qu'aujourd'hui, je fête mes 22 ans.

Youhou...

En grimaçant, je me tourne sur le ventre et enfonce ma tête dans l'oreiller. Je hais ce jour. À vrai dire, je le redoute presqu'autant que celui de la mort de mon père. Et même si j'ai affirmé à Cole que je ne voulais rien, je l'entends faire du brouhaha dans la cuisine depuis que je suis réveillée.

Au son du bris de vaisselle, je me redresse sur mes coudes en fronçant des sourcils. Je l'entends sermonner Pandora tout bas pour éviter de me réveiller et je ne peux m'empêcher de me lever pour m'assurer que tout va bien.

Sortant de la chambre, je m'engage dans le couloir et le plancher grince légèrement sous mon poids. Le silence se fait aussitôt dans la cuisine avant que je n'entende les griffes de Pandora sur le plancher se diriger dans ma direction.

Cole ? Est-ce que tout va bien ?

Je souris et me penche brièvement pour donner un baiser sur le crâne de ma chérie avant de poursuivre ma route. Cependant, je m'arrête net lorsque je remarque la table de la cuisine. Mes yeux s'écarquillent.

Hum... J-Je... Bonne fête !

Mon attention reste fixée sur la plateforme où une pile de cadeaux et un énorme bouquet de fleurs sont entassés. Au centre, une assiette pleine de crêpes noyées sous le sirop d'érable trône avec deux bougies au chiffre deux plantées au milieu. Une tasse de chocolat chaud encore fumant se tient d'un côté et il a mis un verre de lait de l'autre.

Ma bouche s'ouvre sans qu'aucun son ne parvienne à en sortir. Dans ma poitrine, mon cœur fond comme de la guimauve.

Je... Je ne sais pas quoi dire.

T-T'aime ?

M'humidifiant les lèvres, je tourne finalement la tête vers lui, encore torse nu, en parvenant seulement à souffler :

Je croyais avoir dit que je ne voulais rien ?

Il déglutit.

Ne te retourne pas.

Fronçant des sourcils, je fais aussitôt abstraction de sa consigne. Seulement, je crois faire un arrêt cardiaque quand je vois la montagne de boîtes à souliers me faire face.

Mais qu'est-ce que... Cole ? C'est quoi tout ça ?

Il rit nerveusement. Et au moment où je lui jette un regard par-dessus mon épaule, je le surprends à gratter sa nuque d'un air gêné.

J-Je... tes souliers sont tachés de sang à cause de moi et j'ai vu que tu as tenté à plusieurs reprises de le faire partir sans que ça fonctionne, donc... j'ai voulu t'en acheter d'autres, mais...

Mais... ? Mais quoi ? Y'a genre une centaine de boîtes, Cole.

Il rougit, se racle la gorge.

Seulement 76, pour être précis. J-Je ne savais pas si tu voulais changer de couleur ou de modèle, alors... je t'ai pris un peu de tout.

Mes yeux déjà écarquillés manquent de sortir de leur orbite.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant