𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟏 : 𝑫𝒆𝒕𝒕𝒆𝒔

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« C'est de la confiance que naît la trahison »

— Proverbe arabe

Romy

Woodland River, Maison de Cole
6 juin, 00h22

La nuit est tombée depuis longtemps déjà et mes paupières peinent à demeurer ouverte. Pourtant, j'ai peur de baisser ma garde et de m'endormir. Même s'il n'y a plus personne dans la maison, je ne peux empêcher cette boule dans mon ventre de persister. Il m'est arrivée trop de chose pendant que je confiais mes songes à Morphée pour ne pas craindre le pire. J'ai appris de mes expériences passées. Je ne referai pas les mêmes erreurs.

C'est pour ça que j'essaie de me tenir éveillée le plus longtemps possible en mettant un peu d'ordre dans mes idées, et peut-être même d'échafauder un plan pour m'évader... Sauf que c'est loin d'être gagné. J'ai trop peu d'informations pour construire une stratégie solide. Tout ce que j'ai pour l'instant, c'est l'endroit où je suis. Au beau milieu d'une forêt. À Woodland River.

C'est ce que j'en ai déduit après de longues minutes à tervergiser. Car il n'y a pas beaucoup d'arbres dans le coin. Les prochaines forêts après Woodland River sont exceptionnellement à 3h de route, environ. Ça n'arrive presque jamais au Canada qu'il y ait un tel écart entre chaque. Mais à cause de l'urbanisation, on ne peut plus être surpris de rien. D'autant plus que je doute qu'ils aient fait tout ce chemin seulement pour m'empêcher de retourner chez moi ou m'éloigner des potentiels policiers qui peuvent me rechercher.

Et, à moins qu'il y ait davantage de raisons dont j'ignore l'existence, je suis prête à affirmer que nous sommes toujours dans cette fichue ville. Je ne vois pas d'autre option.

Sur le dos, je couvre mon visage de mes mains en soupirant. Je remercie une nouvelle fois intérieurement Kimberly d'être allée me chercher un oreiller, ne sachant pas comment mon pauvre cou endolori aurait pu supporter une nuit supplémentaire dans ces conditions. En plus, ce putain de divan est trop petit pour mes longues jambes. Je suis obligée de les décaler pour être plus confortable. C'est vraiment la merde.

Mon lit me manque. Et Pandora encore plus. J'ai tellement hâte de la retrouver... Si je la retrouve. Parce que je ne sais même pas si je vais ressortir vivante de ce kidnapping. Ils disent ne pas me vouloir de mal, mais est-ce que je peux vraiment leur faire confiance ?

Je gémis de lassitude en laissant glisser mes paumes sur mes joues, épuisée. Je peux toujours fermer les yeux une petite seconde ? Ça ne peut pas me faire de tort, après tout ? Et puis, il n'y a personne dans la maison...

Je n'hésite qu'un instant avant de me coucher sur le côté et remonte la couverture jusqu'à mon menton. Je me roule en petite boule sur les coussins et ne peut réprimer un léger sourire rêveur à la simple idée de dormir.

Non. Je ne vais pas dormir. Je vais juste reposer mes yeux une petite seconde.

Je me calle donc confortablement dans mon lit de fortune et clos les paupières, tandis qu'un sentiment apaisant s'empare de moi.

Ok, seulement un petit moment, alors...

Je sens mon esprit s'envoler, lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je manque de lâcher un râle de désapprobation, mais me ravise pour finalement me contenter d'ignorer le nouveau venu. Ça doit être Cole. Il n'est pas revenu de la journée après sa dispute avec Kimberly.

J'entends ses pas traverser le salon bruyamment, tandis que je sens son regard intense peser sur moi et une puissante odeur de cigarette laisser sa trace derrière lui. Sauf que cela ne suffit pas pour me perturber. Je suis bien trop fatiguée pour que ça me fasse quoi que ce soit. Je suis littéralement à deux doigts de m'endormir.

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