𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟖 : 𝑳𝒖𝒄𝒊𝒇𝒆𝒓

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« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps »

— Publius Syrus

Romy

Vieux-Quartier, Le Phénix
3 juin, 21h 27

Je me stationne dans le parking de la boîte de nuit et sort telle une furie de mon véhicule. Tout le long du trajet, j'ai cherché à comprendre pourquoi il m'avait fait une chose pareille. Mais rien. Aucune raison valable ne m'est venue à l'esprit. Et là encore, alors que je continue à me creuser les méninges, c'est le néant total. Tout ce que je vois possible, c'est qu'il n'a pas osé me dire ce que j'ai bien pu faire de mal.

La musique devient de plus en plus forte à mesure que j'approche du bâtiment et se mêle aux pulsations débridées de mon cœur. On sent le sol trembler légèrement sous la puissance du refrain quand je pousse la porte qui me sépare de l'intérieur et qui me plonge dans une ambiance de fête.

Des faisceaux de lumières de toutes les couleurs illuminent l'endroit et tachètent ma robe par dizaines, me renvoyant l'image d'une nuée de petites étoiles scintillantes dans un ciel rongé par les ténèbres avant que je ne me ressaisisse.

Ce n'est pas l'heure d'admirer la beauté du lieu. Il faut que je trouve Jules. Voilà le plus important. C'est la raison même de ma venue ici.

Je commence à longer le mur en quête du sublime couloir que j'avais emprunté la dernière fois, me devant de retourner dans ce coin V.I.P. des plus étranges. C'est là qu'il était quand nous étions venus au Phénix pour qu'il me présente son ami. Peut-être le sera-t-il ce soir également. Ou du moins, je l'espère...

J'évite sans trop de difficulté tout contact avec les inconnus qui dansent comme des déchainés sur la piste de danse, mais n'aperçois que trop tard la flaque d'alcool qui jonche mon chemin. Je ne parviens pas à m'écarter à temps et marche dans celle-ci en grimaçant avant de rapidement la traverser. J'essuie comme je peux mes semelles sur le sol de la boîte de nuit avant de finalement me résoudre à abandonner.

Elles resteront collantes peu importe le nombre de fois que je les frotterai sur ce plancher. Pour que ça parte vraiment, il va me falloir de l'eau et du savon.

C'est agacée en plus d'être en colère que je trouve enfin le couloir recherché et m'y engouffre. Je parcours rapidement les mètres qui me séparent du fond de celui-ci et tente de tourner la poignée. Seulement, la porte ne s'ouvre pas et je me heurte contre elle. Je recule en titubant légèrement, les sourcils froncés, et réessaie la poignée. Sans succès. Elle est verrouillée.

Je me souviens alors que Cameron avait utilisé une clé pour ouvrir la serrure et ce constat ne fait qu'aliment ma fureur. Parce que je n'ai pas de clé, moi. Rien ne me permet de franchir cette fichue porte.

Je m'approche pour retenter avec plus de vigueur la poignée et la secoue dans tous les sens avant de lâcher un petit cri de rage devant me défaite et de donner un coup de pied dans la porte.

Je passe mes mains dans mes cheveux dans un geste de désespoir et m'adosse contre le mur d'en face. Je sors mon portable de mon sac à main et appel Jules, le son des tonalités qui défilent sans qu'aucune réponse ne me parviennent ne faisant qu'aggraver mon humeur. Je raccroche lorsque son répondeur prend la relève et rappel.

Le même schéma se répète encore et encore jusqu'à ce que la porte du coin V.I.P. s'ouvre finalement devant moi. Je fonce sans attendre sur l'ouverture qui vient de se créer et bouscule au passage l'homme qui voulait sortir. Je l'entends me héler et m'insulter, mais je n'y prête pas attention. Tout ce que je veux à cet instant, c'est retrouver mon copain pour qu'il me fournisse les réponses que j'attends de lui.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant