𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟐𝟏 : 𝑷𝒂𝒓𝒐𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒍𝒄𝒐𝒐𝒍𝒊𝒔𝒆́𝒆𝒔

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« À un enfant, quel que soit son âge, on n'a jamais le droit de voler la fin d'une belle histoire »

— Maurice Schumann

Romy

Vieux-Quartier, Le Phénix
14 juin, 19h21

Légèrement en retrait, je suis Cole pendant que nous marchons dans le Phénix pour regagner le penthouse. Le bruit assourdissant de la musique résonne dans mes oreilles avec force et je grimace légèrement à tout ce boucan. Ce n'est que lorsque nous approchons de l'ascenseur que le volume diminue et j'accueille cette tranquillité nouvelle avec joie.

Nous arrivons au bout de quelques secondes devant la cage métallique et je viens m'appuyer mollement contre le mur en regardant mon kidnappeur tenter d'insérer maladroitement sa clé dans la serrure.

Et dire que je ne voulais pas voir un cadavre de plus, ce soir... On peut dire que c'est raté.

Un petit soupir las m'échappe et je frotte doucement mes tempes du bout des doigts avant de lui demander en voyant qu'il ne réussit toujours pas après trois reprises :

Est-ce que tu veux que je t'aide ?

Non, dit-il sèchement.

Je fronce des sourcils à son ton, perplexe.

Pourquoi me parle-t-il comme ça ? J'ai fait quelque chose de mal ?

Il essaie une nouvelle fois d'ouvrir l'ascenseur, mais c'est un nouvel échec. Il donne alors un coup de pied dans ses portes qui me fait sursauter et jure juste assez fort pour que je puisse l'entendre :

Putain, fait chier.

Il finit par se tourner vers moi en soupirant et, la mâchoire serrée, me tend sa clé. J'humidifie mes lèvres en constatant qu'il évite de me regarder avant de baisser les yeux sur le petit bout de métal qu'il me présente et fais un pas hésitant dans sa direction afin de m'en emparer doucement.

Il prend une énième gorgée de son whisky quand je le contourne pour aller déverrouiller l'ascenseur et la cabine s'ouvre au moment où je tourne la clé dans la serrure.

Il s'incruste aussitôt à l'intérieure en me bousculant et je lève les yeux au ciel en retenant un nouveau soupir. Il presse le bouton du penthouse lorsque j'entre à mon tour et je vais immédiatement m'adosser contre l'une des parois sans lui accorder un regard. Je viens appuyer l'arrière de mon crâne contre sa surface froide et je prends une profonde inspiration en fermant les paupières.

Vivement le moment où je pourrai enfin allez dormir.

J'en ai assez de cette journée de fou...

L'ascenseur arrive heureusement assez rapidement à l'étage désiré dans lequel Cole entre prestement. Je fronce des sourcils à sa précipitation avant de lui emboiter le pas, légèrement incertaine. Je n'ai mis les pieds ici qu'une seule fois et c'était le soir où j'ai appris que Jules me trompait...

Un petit pincement au cœur me saisit à ce souvenir et je soupir en baissant les yeux vers le plancher. Je ne devrais plus penser à lui, à sa personne et encore moins à son nom. Il ne mérite pas mon attention de la même façon qu'il ne mérite pas ma douleur.

Mais... j'aimerais tout de même avoir une dernière discussion avec lui. Je veux qu'il m'explique pourquoi il m'a fait une telle chose. Je pense que j'ai au moins droit à ça de sa part, non ? Et puis, ce n'est pas comme si je lui demandais la lune non plus. Tout ce que je veux, c'est une réponse à mes questions. Ensuite, je pourrais passer à autre chose et définitivement le rayer de ma vie. Autrement, que je le veuille ou non, je sais qu'il restera toujours dans un petit recoin de mon esprit à alimenter les questionnements qui ne cessent de me tarauder.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant