𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟐𝟐 : 𝑫𝒊𝒔𝒕𝒂𝒏𝒄𝒆

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« Le bonheur est une cible mouvante qui s'éloigne lorsque l'on s'en approche »

— Anonyme

Romy

Le Phénix, Penthouse
15 juin, 8h13

Je suis réveillée par de grosses crampes au ventre et je gémis doucement en me tordant entre les draps. Un poids sur moi m'arrête cependant net dans mes mouvements et mon cœur s'accélère avant que je ne me rappelle qu'il s'agisse seulement de Cole.

Je baisse les yeux sur lui et un petit sourire attendrit étire mes lèvres à la vue de son visage ensommeillé. Les traits détendus, les lèvres légèrement entrouvertes, je crois que je n'ai jamais vu son expression aussi paisible. Et à vrai dire, ça me fait bizarre de le voir autrement qu'avec un air renfrogné.

Il enserre toujours ma taille de ses bras tatoués, alors que sa tête repose encore sur mon ventre et que ses jambes se mêlent aux miennes. Mon regard se retrouve malgré moi attiré sur son dos musculeux et je profite de son sommeil pour en détailler le tatouage. Un énorme dessin d'ange déchu, il couvre presqu'entièrement sa peau. Les ailes repliées sur lui-même et une capuche rabattue sur le visage, un trio de crânes sanglants trône au bout de ses plumes.

Je suis doucement le contour de l'encre du bout des doigts et il frissonne à mon toucher. Je souris à sa réaction et remarque alors qu'une sorte de tunique habille le maudit avant de sursauter légèrement en comprenant enfin de quoi il s'agit.

Il s'est fait tatouer le personnage pour qui tout le monde le prend...

Seulement, après la nuit dernière, après qu'il m'ait demandé si fragilement s'il pouvait dormir sur mon ventre et qu'il m'ait réclamé une histoire, il m'est difficile de le considérer encore comme le monstre qu'ils voient tous en lui. Lentement, Cole et Lucifer se dissocient dans mon esprit. Et lentement, je découvre que ce mystérieux prince des ténèbres possède peut-être bien un cœur derrière son mur de pierres...

Une nouvelle crampe me fait grimacer et je me tortille de douleur sous lui. Un léger gémissement franchit la barrière de mes lèvres et je tente discrètement de m'échapper de l'étreinte du cadavre ensommeillé qui repose sur moi quand ses bras se resserrent soudainement autour de ma taille et qu'un grognement mécontent lui échappe.

Arrête de bouger, j'essaie de dormir.

Je fais fis de son ordre et pose une main sur son épaule pour le repousser doucement. Mon geste ne fait cependant que renforcer son étau et je soupire en abandonnant.

Cole, j'ai mal au ventre, me plaignis-je. Je dois me lever.

Il fronce les sourcils en se redressant et m'examine de son regard embrumé par le sommeil.

Tu as mal au ventre ? Comment ça ? Qu'est-ce que tu as ?

Mes lèvres s'entrouvrent pour lui répondre, mais je ne parviens pas à formuler le moindre mot. Parce qu'alors que mes yeux croisent les siens, je repense à tout ce qui s'est passé la nuit dernière et mes joues prennent une légère teinte rosée.

Est-ce qu'il se souvient seulement de quelque chose ? Et si oui, est-ce qu'il assume ses confidences ? Ses demandes ?

Je parie qu'il ne se rappelle même pas avoir dit se soucier de moi...

Je détourne le regard la première lorsqu'une nouvelle crampe me saisit et soupire en passant brièvement mes mains sur mon visage torturé par la douleur.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant