𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟒𝟐 : 𝑴𝒆̂𝒎𝒆 𝒔𝒊𝒙 𝒑𝒊𝒆𝒅𝒔 𝒔𝒐𝒖𝒔 𝒕𝒆𝒓𝒓𝒆

💨💨💨 Distribution d'oxygène 💨💨💨

« C'est l'amour la seul force qui peut stopper un homme dans sa chute, la seule qui soit assez puissante pour nier les lois de la gravité »

— Paul Auster

— Romy —

Quelque part dans les bois de Woodland River
10 août, 16h47

La cheville foulée, je suis assise au milieu de la forêt, le visage ruisselant de larmes intarissables et complètement perdue. Le pistolet tremble entre mes doigts, mais je ne parviens pas à le lâcher pour autant. J'ai peur que Xander surgisse de derrière un buisson et s'occupe de moi.

« Je vais te tuer »

Sa sinistre promesse ne cesse de tourner en boucle dans mon crâne. Elle me rend paranoïaque. À chaque bruit que j'entends, à chaque mouvement que je perçois, je pense que c'est lui. Et à chaque fois, tout mon corps se raidi douloureusement.

Mes doigts appuient une nouvelle fois sur le bouton d'appel du contact de Cole et je porte l'appareil à mon oreille. Les sonneries s'enfilent comme une mélodie funèbre et je mords ma lèvre inférieure en patientant.

— Pitié, Cole... Réponds..., suppliais-je dans un murmure.

Seulement, je tombe sur sa boite vocale. Pour la trentième fois. Et pour la trentième fois, je m'accroche à ces quelques mots qu'il prononce à l'intérieur comme s'ils étaient ma bouée de sauvetage.

« Vous êtes bien sur la putain de boîte vocale de Lucifer. Ne laissez pas de message, je ne l'écouterai jamais. Rappelez-moi plus tard, je vous répondrai peut-être. »

Le bip résonne avec force dans mes tympans et je m'humidifie les lèvres en baissant les yeux sur ma cheville foulée. Nerveusement, je commence à arracher le peu de gazon qu'il reste autour de moi et qui était jusqu'alors encore épargné.

— C-C'est moi. Romy. Tu n'ouvriras probablement jamais ce vocal, comme tu l'as dit dans ton message, mais j'ai besoin de te parler et de faire comme si tu m'écoutais. J-Je... J'ai peur, Cole, avouais-je d'une voix tremblante après une petite pause.

Je renifle en essuyant ma joue du dos de ma main.

— Tu ne réponds pas à mes messages et je suis perdue au milieu de nulle part... Est-ce que tu es toujours en vie, au moins ? J'espère que j'ai pas tiré sur ce taré pour rien ! Tu serais vraiment un connard de me faire ça.

J'esquisse un léger sourire à mes propres paroles avant que la réalité de la situation ne me revienne en pleine figure. Ma prise se resserre un peu plus sur mon téléphone comme si c'était lui que j'agrippais et je déglutis.

— Sincèrement, je... j'espère que tu es toujours en vie, Cole. Rappelle-moi dès que tu peux, s'il te plaît.

Puis, je raccroche. La respiration légèrement tremblante, j'essaie de rappeler Cameron. Pendant que les sonneries s'enchainent, je dépose mon portable et mets sur au-parleur pour défaire les lacets de ma chaussure et libérer ma cheville qui gonfle.

« Beauté ? »

Je me fige.

« Beauté ? Allô ? »

Les larmes se remettent à couler tellement je suis soulagée de pouvoir enfin parler à quelqu'un et un sanglot m'échappe involontairement. Je n'avais plus espoir d'avoir une réponse un jour.