𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟒 : 𝑺𝒖𝒓𝒑𝒓𝒊𝒔𝒆

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« Ceux qui n'aiment pas ont rarement de grands plaisirs; ceux qui aiment ont souvent de grandes peines »

— Jean-Benjamin de Laborde

Romy

Vieux-Quartier, Le Phénix
12 juin, 2h03

Je le fixe, incrédule. J'ai bien compris ? Il veut m'offrir une surprise ? Alors qu'il vient tout juste d'assassiner quelqu'un sous mes yeux ?

Il fait un pas dans ma direction et je recule aussitôt en le dévisageant avec de grands yeux. Il se stoppe net dans son élan en voyant ma réaction et sa mâchoire se crispe.

Je te conseille vivement de cesser tes enfantillages et de rentrer à l'intérieur avant que je ne me fâche.

Mes sourcils se haussent d'étonnement à l'entente de sa voix menaçante et ça suffit pour faire enfler la colère dans mes veines.

Sinon quoi ? Tu vas tuer quelqu'un d'autre ? Et ça, jusqu'à ce que je me décide à t'obéir ? sifflais-je avec animosité.

Un sourire mauvais s'empare de ses lèvres et il hausse les épaules.

Pourquoi pas ? Est-ce que ça marcherait ?

Je conserve le silence, mon regard emplit de dégoût braqué sur lui.

Il serait prêt à tuer des gens seulement pour que je fasse ce qu'il dit ?

Voyant que je ne dis toujours rien, il lève lentement son arme et la pointe sur un point derrière moi. Je déglutis en le voyant faire et scrute minutieusement son expression, en quête d'un quelconque remord, d'une quelconque hésitation, sans ne jamais en apercevoir la moindre trace.

Mes mains se serrent en poings, alors que ma mâchoire se contracte. Je n'y crois pas. Je ne peux pas croire que tuer une personne lui soit si indifférent. Personne ne peut être aussi calme ou même aussi désinvolte après un tel crime. Ça relève de la monstruosité.

L'appréhension au ventre, je clos brièvement les paupières avant de me tourner à demi pour voir qu'elle est la nouvelle cible de son arme. Seulement, quand j'aperçois la silhouette chancelante d'un homme à moitié soûl non loin de nous, je sens la panique fleurir en moi.

Je me retourne aussitôt vers Cole, les yeux écarquillés et le cœur battant la chamade dans ma poitrine. Je tends une main tremblante en sa direction et entrouvre la bouche pour tenter de le dissuader de tuer cet innocent quand il me coupe la parole, un rictus aux lèvres.

Serait-on en train de changer d'avis, par hasard ?

Arrête, soufflais-je d'une voix chevrotante.

Il ne m'écoute pas.

Tu vois, il me suffit d'une légère pression et... pouf. Il n'est plus qu'un lointain souvenir.

Baisse ton arme, Cole.

Il rit, je frissonne.

Tu as enfin peur de moi ? Tant mieux. Tu resteras à ta place, tranche-t-il d'un ton glacial.

Mes traits se froncent à ses mots, pendant qu'un sentiment d'irritation s'empare de moi. Je baisse ma main pour qu'elle retombe mollement le long de mon corps et le dévisage.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant